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Gauche Européenne : Vittorio Agnoletto soutient Bellaciao... Merci Vittorio
Publie le dimanche 24 septembre 2006 par Open-Publishing"Vers la Gauche Européenne. Maintenant ou jamais plus"
de Vittorio Agnoletto traduit de l’italien par karl&rosa
Avec plusieurs d’entre vous nous nous sommes rencontrés tout au long de ces années dans le bénévolat, dans le travail associatif, dans l’action sociale et politique fondée, outre que sur la passion, sur la compétence aussi.
Le sens de ma candidature et des modalités de mon travail au Parlement Européen a été depuis le début la tentative de tenir ensemble ces multiples racines, en essayant de développer un travail pouvant fournir des instruments utiles à ceux qui sont actifs dans le social et en même temps de bâtir une perspective politique collective participée et partageable.
C’est pourquoi depuis les élections européennes j’ai considéré comme un parcours intéressant celui de la "Gauche Européenne", un parcours cohérent avec mon histoire et mon engagement.
Je voudrais donc partager avec vous quelques réflexions sur les initiatives prévues prochainement.
Les 23 et 24 septembre à Rome aura lieu le lancement officiel de la Gauche Européenne.
Un projet annoncé depuis longtemps, dès 2004, quand, à l’occasion des élections européennes, Refondation modifia aussi son symbole en insérant l’inscription Gauche Européenne. Mais, après ces élections-là, le projet sembla finir aux oubliettes, dépoussiéré pour être relancé, annonce après annonce, dans quelques occasions publiques, mais quasiment refoulé au congrès que Refondation tint à Venise en mars 2005.
Par la suite, le projet fut repris dans l’hiver 2005-2006 et annoncé à nouveau pendant la récente campagne électorale dans laquelle Refondation a décidé, par un acte marqué d’un fort courage politique, d’ouvrir ses listes à de nombreux indépendants et d’en élire une douzaine au Parlement.
Maintenant nous sommes au moment de la vérité : ou on fait avancer ce projet vite et avec une forte conviction ou il vaut mieux le considérer définitivement enterré.
Quelle identité ? Pour quel projet politique ?
La réflexion initiale est très simple. Dans ces années le mouvement alter mondialiste a montré l’existence en Europe, et spécialement en Italie, d’un vaste secteur de population intéressée à construire des parcours communs autour de quelques objectifs fortement innovateurs par rapport à la culture du vingtième siècle : la défense des biens communs, la cohérence entre les moyens et les fins, la non violence, un rapport Nord/Sud bâti sur la souveraineté alimentaire et sur une critique de la quantité et de la qualité des consommations et du concept même de développement, le bilan participatif, le rapport entre global et local, la critique des institutions économiques et financières internationales, spécialement l’OMC, la Banque Mondiale et le FMI.
Ce mouvement, en refusant les synthèses préconstituées, a indiqué différentes modalités de travail : les décisions par consensus, l’égale dignité entre différentes subjectivités sociales et entre de multiples points d’observation, la critique à la forme parti verticale, centraliste, machiste et entendue comme un univers comprenant tout.
A l’idéologie comme ciment identitaire est contraposée le partage d’un programme commun où puissent converger des histoires, des cultures et des traditions différentes parce que conscientes chacune de sa non exclusivité.
La contraposition du binôme réformes/révolution est remplacée par l’idée d’une radicalité culturelle, et pas seulement sociale, découlant de la conscience que la situation que vit la planète est dramatique et que le temps à notre disposition pour essayer de la modifier est limité.
L’antilibéralisme, dans sa version comprenant des propositions l’alter mondialisme, devient le point de rencontre de traditions différentes : il y a ceux qui arrivent du communisme hétérodoxe, du christianisme social, de l’écologisme, de la simple pratique quotidienne dans une des nombreuses réalités associatives qui ont bâti le mouvement des mouvements.
Dès le début Refondation, unique force politique italienne, a partagé le parcours du mouvement, en a reconnu l’autonomie et a renoncé en même temps à la tentative de se poser comme synthèse comprenant tout. Ou au moins c’est ce qu’elle a déclaré et, parmi mille contradictions, essayé de pratiquer dans certaines parties significatives du territoire national.
L’écart, même électoral, qui sépare les voix recueillies par le PRC de l’ampleur et de la force du mouvement alter mondialiste est un fort indicateur de l’impraticabilité de la croissance progressive du PRC sur lui-même. Et le groupe dirigeant de Refondation en semblerait assez conscient.
La réalisation de la Gauche Européenne implique la construction d’une subjectivité politique à laquelle participent avec égale dignité Refondation et tous les sujets collectifs locaux et/ou nationaux intéressés partageant un programme et une déclaration de principes.
Réfléchir sur Gauche Européenne veut dire réfléchir aussi sur le rôle des partis, sur ce que veut dire aujourd’hui le mot politique lui-même, surtout pour ceux qui doivent se confronter tous les jours, en tant que militants « compétents », à une réalité sociale de plus en plus complexe, fragmentée et en transformation. Cela veut dire découvrir la possibilité de donner une voix, dans un espace politique, à cette intelligence collective qui s’est manifestée à Gênes en juillet 2001 et qui nous a accompagnés, avec des hauts et des bas, pendant ces années.
L’adjectif « européenne » n’est pas pléonastique mais il indique une conscience que, à l’époque de la globalisation libérale et de la crise des Etats nationaux, la dimension européenne est aujourd’hui condition nécessaire de tout projet ambitionnant un monde multipolaire, pour la construction duquel le rôle de l’Europe est essentiel.
Les risques
Parmi tant de pièges, inhérents à un parcours aussi nouveau et complexe que celui-ci, les principaux dangers me semblent au nombre deux.
Le premier est interne à Refondation : que ce parcours soit vécu comme un choix décidé au sommet, imposé, destiné à dévaluer et vider la vie et les responsabilités démocratiquement identifiées dans le parti. Le doute que le projet soit géré dans une clef modérée, pour caractériser davantage la phase gouvernementale marquant au demeurant la vie du parti et en même temps la crainte que tout se réduise à la cooptation d’une classe politique en attente de se recycler et d’occuper de nouvelles places.
Le deuxième concerne, au contraire, le rapport entre Refondation et les réalités externes intéressées à participer au projet. Ou bien la rencontre a lieu dans les territoires locaux autour d’objectifs partagés, ou le rappel entre les classes politiques et la solidarité à cause du militantisme du passé sera destiné à prendre le dessus et il sera alors très difficile de penser entraîner de nouvelles ressources venant du monde associatif et du militantisme social.
La conscience des risques et des difficultés du parcours peut effrayer et pousser certains à se retirer ou, au contraire, peut être une stimulation pour éviter des pièges et des fautes qui pourraient autrement être fatals. Il ne reste qu’à essayer... mais en faisant attention à ne pas interrompre, entre-temps, le travail social quotidien fondé sur la rencontre concrète avec les espoirs et les droits des personnes. En fait, la Gauche Européenne n’aura un sens que si elle arrive, avant tout, à rompre la séparation entre la politique institutionnelle, de plus en plus transformée en profession, et les dynamiques sociales et la quotidienneté de chacun de nous.