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George Bush propose aux Américains "une société de propriété"

Publie le jeudi 2 septembre 2004 par Open-Publishing

de Patrick Jarreau

Le président des Etats-Unis devait exposer, jeudi 2 septembre, lors de son premier discours officiel de candidat, les grands axes de son projet pour un second mandat. La veille, les orateurs, dont son colistier Richard Cheney, ont vivement attaqué son adversaire démocrate John Kerry.

George Bush devait présenter à la convention du Parti républicain, jeudi 2 septembre, à New York, son programme pour un second mandat, résumé par la formule : "une société de propriété".

Il y a quatre ans, quand il avait été désigné candidat, il avait réuni ses projets autour du thème du "conservatisme compatissant". Maîtres de la Maison Blanche et majoritaires au Congrès, les républicains n’ont pourtant réalisé qu’une partie de ce programme.

Baisses d’impôts. Ce que M. Bush et son équipe n’appellent jamais autrement que "tax relief", réduction de la charge fiscale, figurait en tête de son programme de 2000. Le budget fédéral, porté par une économie en forte croissance, était alors en excédent. Le président a tenu ses promesses, en faisant voter par le Congrès, au printemps 2001, des allègements de taxes atteignant un total évalué à 1 350 milliards de dollars, sur dix ans, avec des remboursements dès l’année fiscale en cours. Les taux de l’impôt sur le revenu ont été abaissés, les démocrates obtenant que les tranches inférieures en bénéficient un peu plus que ne le prévoyait la proposition initiale de M. Bush. Vingt-huit députés et douze sénateurs démocrates ont voté pour ces mesures.

En mai 2003, alors que l’économie sortait d’une récession et que le budget fédéral devait faire face aux dépenses supplémentaires entraînées par les attentats du 11 septembre 2001 et par les guerres d’Afghanistan et d’Irak, M. Bush, enhardi pas la victoire républicaine aux élections intermédiaires de novembre 2002, a proposé une nouvelle série de baisses. Il a convaincu le Congrès de voter un total de 330 milliards de dollars, sur onze ans, soit la moitié de ce qu’il demandait. Cette fois, seuls les républicains ont approuvé ces mesures, dont la plus controversée a été la réduction, pour les ménages, des impôts sur les dividendes et sur les gains en capital.

La combinaison de la mauvaise conjoncture économique, des dépenses supplémentaires et des baisses d’impôts a creusé le déficit, estimé à 422 milliards de dollars pour l’année fiscale qui s’achèvera le 30 septembre, soit 4 % du produit national brut (PNB). Les allègements fiscaux sont considérés comme responsables de 20 % de ce déficit. Ils ont réduit d’un point de PNB, à 17 % aujourd’hui, la pression de la fiscalité fédérale. Dans le même temps, les dépenses fédérales ont crû de près de 25 %, selon la Heritage Foundation, un institut conservateur de Washington.

Assurance-maladie. M. Bush a obtenu du Congrès, au forceps, le vote d’une réforme du Medicare, l’assurance-maladie des personnes âgées ou handicapées, créé en 1965. La loi a institué une prise en charge des dépenses de médicaments, alors que seuls les actes et l’hospitalisation étaient couverts auparavant. La réforme comprend aussi des aides à l’ouverture de comptes d’assurance privés. Les démocrates lui reprochent de ne pas aller assez loin et d’avantager l’industrie pharmaceutique ; les conservateurs fiscaux sont mécontents de cette augmentation de la dépense publique. En revanche, faute de trouver une formule acceptable par les compagnies d’assurance, le gouvernement Bush a renoncé à renforcer les droits des malades dans le cadre des Health Maintenance Organizations (HMO), ces plans de couverture-maladie privés dans lesquels les soins sont strictement encadrés par les gestionnaires. Par ailleurs, le nombre des Américains qui n’ont aucune assurance-maladie a augmenté. Il atteint 45 millions.

Retraites. M. Bush a renoncé à réformer la Social Security, le système de retraite par répartition, créé dans les années 1930 et qui représente 80 % des revenus de 60 % des retraités. Aux Etats-Unis, comme en France ou en Allemagne, le financement de la retraite principale des générations de l’après-guerre, à partir de 2015, n’est pas assuré. L’extension du Medicare aggrave le problème. En 2000, M. Bush avait proposé de verser aux particuliers le montant de la taxe sur les salaires, qui finance la Social Security, pour qu’ils le placent sur des comptes d’épargne-retraite. L’éclatement de la "bulle" boursière et le retournement de la conjoncture l’ont fait renoncer à bouleverser ainsi le système. Il devait, toutefois, reprendre cette formule dans son programme pour un second mandat.

Enseignement. La réforme de l’enseignement public, qui scolarise 90 % des enfants dans le primaire et le secondaire, était l’un des principaux points du programme de M. Bush en 2000. Avec l’aide du sénateur démocrate Edward Kennedy, il a obtenu le vote d’une loi, promulguée en décembre 2001, qui soumet l’ensemble des établissements publics à des contrôles de niveau annuels et augmente les aides fédérales pour les écoles et les lycées des zones défavorisées. Les démocrates ont accusé les républicains de ne pas financer la réforme, mais les dépenses fédérales pour l’éducation ont augmenté de 60 % entre 2001 et 2004.

Sécurité. Parmi les réformes décidées après les attentats de 2001, le Congrès a voté la loi Patriot, ensemble de dispositions controversées qui élargissent, jusqu’à 2005, les pouvoirs de la police fédérale. M. Bush a fini par accepter, en 2002, la création du ministère de la sécurité du territoire, réunissant 22 services et plus de 200 000 fonctionnaires. Il a augmenté les crédits de la défense, qui s’élèvent, cette année, à près de 450 milliards, sur un budget fédéral de 2 300 milliards de dollars.

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