Accueil > Goodyear Amiens renonce au 4 x 8 et licencie
de LUC PEILLON
L’affaire est pliée. Rendue publique par les dirigeants de l’entreprise Goodyear d’Amiens (Somme), la lettre de la CGT dénonçant l’accord sur les 4 x 8 est arrivée hier matin sur le bureau du directeur. Signée par les deux délégués syndicaux CGT de l’usine de pneumatiques, elle rend caduc le texte paraphé par les deux syndicats minoritaires CFTC et CGC. Un droit d’opposition valable depuis la loi Fillon de 2004, qui autorise le ou les syndicats majoritaires à s’opposer à un accord, dans un délai d’une semaine, si celui-ci a été signé par des organisations minoritaires.
Menace. Fini donc le projet de 4x8, et place au plan social dont menaçait la direction depuis plusieurs mois. Près de 400 emplois devraient ainsi disparaître à la rentrée, conséquence d’une réduction de 38 % de la production et de la remise au placard d’un investissement de 52 millions d’euros. Pire, ajoute la direction, ce refus « pourrait compromettre, à moyen terme, l’activité pneumatiques tourisme sur Amiens Nord et ses 1 000 emplois ». Et d’accuser : « La CGT n’écoute ni ne respecte ceux qui majoritairement s’étaient […] démocratiquement prononcés le 27 juin en faveur de l’application de cette nouvelle organisation du travail. » Un second référendum sur les 4 x 8 avait été remporté par la direction à 72 % (après un premier échec à l’automne 2007), « mais grâce aux voix des gens non concernés par le projet de réorganisation », précisent la CFDT et la CGT.
Après des mois de conflits, de débrayage et de chantage à l’emploi, « les salariés sont maintenant tendus et fatigués, il faut que la direction cesse son harcèlement envers les ouvriers », estime Mickaël Wamen, l’un des deux délégués CGT, à l’origine de la procédure d’opposition. Lui considère n’avoir suivi que « la volonté des salariés postés, seuls touchés par le projet de 4 x 8 ». Et peut-être aussi la pression de sa fédération nationale CGT chimie.
« Contraire ». Car dans l’usine Dunlop d’en face, appartenant au même groupe, les deux délégués CGT qui avaient signé le même accord en mars ont été, depuis, démandatés par Paris. « Cet accord, chez Dunlop comme chez Goodyear, est contraire à la convention collective du caoutchouc », justifiait hier Carlos Moreira, de la fédération CGT chimie, qui étudie la possibilité de dénoncer celui de Dunlop en justice. Et de préciser que même avec les 4 x 8, « des centaines d’emplois auraient été détruits, puisque l’on supprime une équipe de travail ».La CGT appelait hier à la reprise du dialogue, demandant « à tous les acteurs de se mettre autour de la table ». Pas sûr, après s’être arc-boutée sur son projet, que la direction accepte.
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