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Goodyear : Des héros près de chez nous ?

Publie le mercredi 9 juillet 2008 par Open-Publishing
8 commentaires

de François Ruffin

On avale un Orangina, ce midi, au "barbecue de soutien" des Goodyear.

Les ouvriers occupent l’entrée de l’usine. A la bombe jaune fluo, ils ont inscrit "Dupuis = Bâtard" sur la chaussée, contre le délégué CFTC - qui, de son côté, dans un communiqué, "condamne les méthodes staliniennes de la CGT (menaces, jets de canette, insultes...)" Des pneus sont lancés dans un brasier, et une fumée noire s’élève jusqu’au ciel. La musique fait "boum boum boum" dans les hauts-parleurs.

On ne donne pas dans la dialectique ici.

Et pourtant, en un sens, ces hommes sont des héros. A l’automne dernier, on s’en souvient, 75 % de ces travailleurs ont refusé les 4X8 - qui les feraient alterner matin, après-midi, nuit, week-end, sans stabilité dans les horaires, dans les repos. Le patron a cogné ferme, devant cette ruade : 500 suppressions de postes, zéro investissement ici, mais tout en Pologne, et la menace d’une fermeture à terme.

Pourtant, eux luttent encore : "97 % de grévistes" annoncés ce 30 mai, seuls les intérimaires, quelques cadres, et "Dupuis" franchissent le portail. La direction les a assignés au tribunal, dès aujourd’hui 16 h, pour "entrave au droit du travail" et "troubles l’ordre public". Les procès se répètent contre les meneurs de SUD et de la CGT. Ça doit tanguer dans leurs têtes, dans leurs familles parfois, même si, grandes gueules et gros bras, jamais ils ne découvrent leurs faiblesses : "On va les dégager".

L’air de rien, dans leur coin de la Zone industrielle d’Amiens-Nord, eux défient la marche du monde. D’un monde uni de Wall Street à Matignon, et qui leur intime l’ordre de travailler plus pour vivre moins, pour "améliorer la productivité", pour "rattraper la Pologne", et - but final - pour augmenter le "bénéfice net par action". Que des travailleurs anonymes s’opposent, seuls, à toutes ces forces rassemblées, oui, quelque part, leur action nous semble héroïque. Et légitime. Surtout quand les dividendes tombent dans la poche des actionnaires : "Goodyear monte en Bourse après un trimestre très suprieur aux attentes", titrent les dépêches Reuters en provenance des Etats-Unis...

http://www.fakirpresse.info/frontof...

Messages

  • Comment ne pas être solidaire comment ne pas être touché moralement comment ne pas être révolté par ce qui se passe la bàs.
    Mais quand je pense aux occasions ratées par exemple les mouvements des banlieus des étudiants qu’on aurait pu rejoindre dans une grande protestation générale populaire...
    Ok c’est pas de la dialectique ce qui se passe labàs, mais on peut faire des liens n’est ce pas ? Je suis d’accord la liberté malheureusement s’arrache, elle ne se mendie pas.
    La lutte on ne peut pas ne pas en passer par là, alors oui il faut se battre la victoire est au bout de la lutte mais chaque fois nous avons laissé filer le train il a fallu courir de plus en plus vite pour prendre le suivant en marche et jusqu’à en perdre haleine...

  • Ils ne sont pas nombreux les héros qui disent merde a sarko !momo11

  • ÊTRE AVEC EUX : C’EST FAIRE CONNAITRE CETTE BELLE LUTTE QUI DÉGAGE, OUVRE LE CHEMIN A D’AUTRES LUTTES, CONTRE CEUX QUI VEULENT NOUS RAMENER A L’AGE DE PIERRE DU SOCIAL.
    UN BEL EXEMPLE A MULTIPLIER ET QUI VIENT CONTREBALANCER CES EXEMPLES MONTRES A LA TELEVISION OU ON MONTRE QU’IL N’Y RIEN A FAIRE CONTRE LE CAPITAL.
    CAMARADE DE GOOD-YEAR VOTRE LUTTE OUVRE DES ESPOIRS NOUVEAUX CONTRE CE CAPITALISME DESTRUCTEUR ;
    BABEUF 42

    • travailler plus pour vivre moins

      Voilà ce que nous promettent les patrons ! Les ouvriers de Goodyear ont la légitimité avec eux.

      Voilà que ce genre de patrons se développe à vitesse grand V et pour nous tous, il n’y a pas 36 solutions : adhérer à un syndicat ouvrier qui défende le mieux possible les intérêts des salariés ! Plus nous serons nombreux, et mieux nous réussirons ! L’union fait la force !

  • Ils sont tout simplement merveilleux ceux qui ne courbent pas l’échine devant ces patrons voyous qui délocalisent en Pologne.Il y a des luttes un peu partout mais pas en méme temps jusqu’au jours où...
    Courage les gars !

  • Voila un conflit qui a une autre gueule que les autres ou on voit les ouvriers pleurnicher parce qu’ils sont licenciés et qui ne demandent qu’une chose :

    DU - FRIC !!!! et se barrer.

    Quand je vois les ouvriers sidérurgistes de MITAL GANDRANGE abattus ou pris de sanglots devant les caméras de télé ???? ....et que pensent les enfants voyant leur père pleurer ou baisser les bras ? çà me fait mal.
    Il ferait mieux de dire que Lakshmi MITAL ou SARKOZY n’ont pas intéret a remettre les pied a GANDRANGE ou ils seront pendus par les pieds. Je sais , ce n’est pas très politique , mais la politique c’est aussi se mettre en colère quand c’est justifié. Et ceux qui veulent éteindre cette colère commettent une très grave erreur ( qui se retournera contre eux, je pense aux dirigeants du PCF. Le jour ou la colère éxplosera , que pourront ils faire ? Si ils veulent faire bien sûr. Peut etre que des ouvriers en colère leur diront " t’étais toi ou quand on était dans la merdre ? Tu étais en réunion place du Colonel FABIEN."

    Ah autre chose aussi : VIRER la CFDT qui a torpillé le combat et la résistance
    et qui va encore tout signer avec les pouvoirs. N’est ce pas le belâtre responsable de la CFDT MITAL filmé et interviewé a la sortie de l’Elysée ?
    Ces gens là ? la honte et déshonneur du syndicalisme et du mouvement ouvrier français.

  • "condamne les méthodes staliniennes de la CGT"
    parce que signer un accord minoritaire c’est top moderne

  • Ce qui est lamentable c’est que les confédérations syndicales, les fédérations des pneumatiques ou le l’automobile n’aident pas les camarades de GOODYEAR. Celà me fait penser à toutes ces luttes comme Carhaix, l’éducation nationale, la SNCF et je le parie comme cela sera fait pour la poste ou les syndicats se plaignent et se plaignent et se plaignent du gouvernement et des patrons mais ne font rien pour le combattre. Ah si j’oubliais des communiqués de plainte, des pétitions et des repas avec Sarkosy et des négociations pourries comme celles sur la représentativité syndicale et la diminution du temps de travail.