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Hommage à Abraham SERFATY

Publie le dimanche 21 novembre 2010 par Open-Publishing
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Abraham Serfaty, combattant pour l’indépendance du Maroc contre le colonialisme français
Abraham Serfaty, solidaire du peuple palestinien, militant antisioniste
Abraham Serfaty, militant pour l’indépendance du Sahara occidental contre l’occupation marocaine
Abraham Serfaty, solidaire des luttes ouvrières, des grèves du phosphate
Pour tout cela, Abrham Serfaty a été torturé, pourchassé, emprisonné. Abraham Serfaty que certains ont qualifié de "Mandela marocain".
Juste parmi les justes, non, nous ne t’oublierons pas.
Ayons aussi une pensée pour Christine Daure son épouse combattante infatigable à ses côtés et aux côtés de ceux de Tazmamart.

Communiqué du NPA. Abraham Serfaty, la mort d’un militant.

jeudi 18 novembre 2010
Un ami vient de mourir à Marrakech. Le NPA tient à rendre hommage au militant marocain, marxiste juif et antisioniste que fut Abraham Serfaty. 17 ans de prison dans les geôles d’Hassan II à Kénitra, 8 ans de banissement pour avoir défendu la cause du peuple sahraoui, Abraham Serfaty fut un militant internationaliste courageux et exemplaire.

Fondateur du groupe marxiste Ila Al Amam (« En avant »), il avait entretenu des rapports fraternels avec les organisations révolutionnaires durant son exil en France avant de retourner au Maroc en 2OOO.

Le 18 novembre 2010.

Abraham Serfaty, opposant au régime marocain

LEMONDE | 19.11.10 |

Il est mort chez lui, jeudi 18 novembre, près de sa maison de Marrakech, au Maroc, comme il le désirait. "J’aspire - savez-vous ce qu’est "aspirer" ? C’est, certains jours, ne pouvoir plus respirer tant l’attente est prenante - à finir mes jours chez moi, dans mon pays, à honorer la tombe de mes parents morts dans la douleur, celle de ma soeur victime des tortionnaires, celle de mes soeurs et mes frères morts sous la torture", écrivait dans Le Monde, le 12 septembre 1997, Abraham Serfaty.

L’un des opposants les plus célèbres au régime d’Hassan II, décédé à l’âge de 84 ans, devait être inhumé vendredi, au cimetière juif de Casablanca, près de ses parents et de sa soeur, au terme d’une vie marquée par les épreuves : quinze mois au Derb Moulay Cherif, centre de torture à Casablanca, dix-sept ans de prison à Kenitra, et huit années de bannissement en France. Son retour au Maroc, le 30 septembre 1999, avait été l’un des premiers gestes forts de Mohammed VI, deux mois après son accession au trône. Sa femme, Christine Daure-Serfaty, militante engagée dans la cause des "disparus" du Maroc, et qui contribua à révéler l’existence du bagne de Tazmamart, en avait fait un récit poignant, décrivant l’embarquement, tenu secret, à Orly, puis le vol : "Nous sommes assis côte à côte, face à la cloison de la cabine de pilotage, dans le ciel qui noircit, dans l’irréalité du moment, la main dans la main, silencieux. En dessous, les nuages, l’Espagne, le détroit, Tanger..." (Le Monde du 12 novembre 1999).

Né le 16 janvier 1926 à Casablanca, puis diplômé de l’Ecole des mines de Paris, Abraham Serfaty aurait pu mener une carrière confortable de cadre supérieur, n’eussent été ses convictions. Adhérent du Parti communiste, il s’engage dans la lutte anticoloniale, ce qui lui vaut, sous protectorat français, d’être emprisonné en 1950 puis placé en résidence surveillée. Devenu après l’indépendance l’un des promoteurs de la politique minière du Maroc (il sera notamment directeur de la recherche et du développement de l’Office chérifien des phosphates), il se solidarise avec des ouvriers en grève et est renvoyé.

Clandestinité

En 1970, alors enseignant à l’école d’ingénieurs de Mohammedia, Abraham Serfaty quitte le PCF pour participer à la création d’une organisation marxiste clandestine Ilal Amam ("En Avant"). Deux ans plus tard, une enseignante française, Christine Daure, le cache. Arrêté en 1972, en même temps que le poète Abdellatif Laâbi avec lequel il animait la revue Souffles, sauvagement torturé, puis relâché, Abraham Serfaty, entre en clandestinité avant d’être de nouveau interpellé en 1974. Cette année-là, sa soeur, Evelyne, qui ne s’est jamais remise d’avoir été torturée pour savoir où se trouvait son frère, meurt.

Le 15 février 1977, la cour d’appel de Casablanca condamne l’ingénieur des mines, jugé avec 139 autres personnes, à la détention perpétuelle pour "complot visant à renverser la monarchie" et "atteinte à la sûreté d’Etat". En réalité, le pouvoir marocain ne lui pardonne pas ses prises de position en faveur de l’autodétermination au Sahara occidental et ses sympathies pour le Polisario. Il porte durant quinze mois d’affilée des menottes (ce qui lui laissera des séquelles pour écrire) et un bandeau sur les yeux. Transféré à la prison de Kenitra, sous le matricule 19559, il y restera, en tout, dix-sept ans. En 1986, après l’intervention de Danielle Mitterrand, il obtient de pouvoir épouser en prison Christine Daure, interdite de séjour au Maroc depuis 1976.

Le 13 septembre 1991, il est extrait de sa cellule, et expulsé à son tour : les autorités marocaines lui ont inventé une nationalité "brésilienne" ! Neuf ans plus tard, le "militant arabe-juif " comme il se définissait, était accueilli avec les honneurs, une maison, sa retraite, et même un titre de conseiller "en recherche pétrolière". Et, par-dessus tout, un passeport marocain.

Pour autant, Abraham Serfaty, qui avait à plusieurs reprises salué la personnalité et l’action du roi, faisait toujours preuve d’esprit critique. En 2001, il dénonçait des "impasses" dans les réformes, prônait une "monarchie parlementaire où le roi restera le ciment de la nation", et incitait le Maroc à reconnaître ses "fautes du passé" sur le Sahara occidental.

Isabelle Mandraud0000

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