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Homo publicitus

Publie le mardi 12 avril 2005 par Open-Publishing

Offensive n°6

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Edito : Défendre le pouvoir d’achat. C’est désormais le mot d’ordre des syndicats et des pubs Leclerc !
Pouvoir acheter. Pouvoir consommer. La société capitaliste transforme même les utopies et les revendications des travailleurs et enterre des décennies de luttes sociales pour les transformer en compromis. La vision étriquée, corporatiste et populiste des syndicats semble atteindre son paroxysme.
L’absence de projet de société aussi... Peut-on imaginer construire une alternative au capitalisme en réclamant du pouvoir d’achat ? Cette revendication n’a rien à voir avec les luttes historiques pour de meilleurs salaires. Le glissement sémantique est aussi idéologique. Réclamer un meilleur salaire s’inscrit dans une lutte de classe. Vouloir un meilleur pouvoir d’achat témoigne de la résignation face au dogme capitaliste. Réclamer un meilleur salaire, c’est lutter au coeur de l’entreprise, de l’état. Instaurer un rapport de force avec son patron. Mener une bataille dans le temps. Le salaire, ce n’est pas seulement ce qu’on touche à la fin du mois. C’est aussi la protection sociale, l’assurance chômage, la retraite... des acquis tous menacés.
Aujourd’hui, la précarité ne touche pas seulement les privés d’emplois. Être précaire, ce n’est pas seulement avoir un bas salaire ou pas de salaire. C’est vivre aussi dans une insécurité sociale qui fragilise en permanence nos conditions d’existence laissées pour les laisser entre les mains d’un patron bienveillant...
Face à l’offensive libérale, réclamer du pouvoir d’achat doit bien faire rire le baron Seillière. Cela montre à quel point les luttes sociales ont intégré l’idéologie capitaliste. Défendre le pouvoir d’achat ne représente rien d’autre que le culte de l’immédiateté, la fièvre de l’achat. Consommer maintenant, tout de suite... Une drogue qui fait oublier des lendemains qui déchanteraient.
Alors que notre planète se meurt de notre système de vie, notre seule revendication serait d’acheter plus ? Non, ce que nous voulons c’est une vie meilleure, et cela ne passe pas par la consommation. bien au contraire !


Sommaire :

En bref ici 4-5

Analyses

L¹idéologie sportive 6-7
Pas d¹Accor pour être exploité-e-s 8-9
Lutter contre la précarité 10

dossier "Homo publicitus"

La pub sans histoire 12-13
L¹industrie de promotion de l¹industrie 14-15
Les sciences humaines, un allié précieux 16-17
La réalité unique, une nouvelle idéologie 18-20
De la pub entre les pubs 21
Consommation aliénation 22-23
L¹hypnose publicitaire ou la perte du regard 24-25
Le logo ou la marchandise transformée en personne 26-27
La contestation marchandisée 28-29

Horizons

Une étincelle dans la nuit irakienne 30-31
Vive la rév-eau-lution 32
En bref ailleurs 33
Entretien : Histoire désordonnée du MIL 34-36

Contre-culture

Souvenirs-souvenirs 37-39
Livres 40-41
Musique 42
Arts vivants-ciné 43


Rappel débat Jeudi au CICP :

Débat de la librairie Quilombo :Le cauchemar de Don Quichotte

Sur l’impuissance de la jeunesse aujourd’hui, En présence de Mathieu
Amiech et Julien Mattern*

Jeudi 14 avril à 19h45
au Cicp
21ter, rue Voltaire 75011 Paris (m° Nation ou Rue des Boulets)

Comment s’opposer au capitalisme, lorsqu’on s’accommode, jusqu’à la
fascination, du genre d’existence qu’il procure et de ce qu’il a fait
accomplir aux hommes ? La disparition, sous les coups de boutoir de
l’industrie, des formes autonomes de production et d’échange ne semble
poser aucun problème aux intellectuels " critiques " et aux jeunes qui les
écoutent. Ils se féliciteraient presque de la dépendance quasi-totale de
chacun vis-à-vis de l’appareil de production moderne. Ils ne voient pas le
danger d’une évolution qui fragilise notre vie quotidienne, en nous
mettant à la merci des fluctuations de l’économie et de processus
sociotechniques sur lesquels nous n’avons aucune prise.

Ils ne voient pas que cette évolution nous accule à la croissance
perpétuelle de la production. La gauche persiste encore à promouvoir
l’extension des " bienfaits de notre mode de vie " à l’ensemble de la
planète. Sans voir que l’Economie apporte à de nouvelles contrées la
participation forcée au désastre social et écologique. Dans l’immédiat, la
question des conditions de vie ressurgit avec insistance, terrifiante et
insoluble. Il ne s’agit pas d’assimiler tous ceux qui disent oeuvrer pour
une " mondialisation plus humaine " aux partisans les plus fanatiques de
l’ultralibéralisme. Mais il est crucial de souligner qu’il n’y a pas grand
sens à plaquer une idéologie de fraternité universelle sur ce que nous
sommes en train de faire du monde. La société non capitaliste, que tant de
militants appellent de leurs voeux, pourrait bien ne pas être une société
de confort et d’irresponsabilité généralisée - c’est-à-dire l’improbable
extension à tous de la situation des privilégiés de notre société inique.

Ce débat est organisé en collaboration avec Offensive Libertaire et
Sociale Paris