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Hôpital public : masssacre à la tronçonneuse, l’exemple de Creil

Publie le mardi 27 mars 2007 par Open-Publishing

Hôpital public : massacre à la tronçonneuse, l’exemple de Creil

Depuis plusieurs années le service public hospitalier est dans le collimateur d’une politique ultra-libérale qui a pour objectif de transformer toutes les activités de santé qui seraient rentables en marchandises. Le service public dans ce contexte est conduit à des restrictions de financement alors que les populations qui en ont plus besoin sont les plus précaires, ce sont celles qui ont le moins de moyens financiers mais aussi sociaux, psychologiques, pour faire face à la maladie. En fait il s’agit pour les propriétaires du capital de transférer tout l’argent possible du peuple vers leurs dividendes à travers la casse des services publics avec l’appui du pouvoir politique et la mise en place d’un système privé de santé à fort rendement capitalistique.

C’est le capitalisme financier qui est à l’oeuvre pour tirer profit de la maladie et de la souffrance des gens !

Il suffit de lire le site de la Générale de Santé ou des articles relatifs à la rentabilité des sociétés privées de santé pour comprendre que ce secteur est l’objet de la convoitise des appétits de la finance nationale et internationale (La Générale de santé est la propriété à 60% d’un groupe italien). On connaît les vieilles stratégies des possédants : mettre en difficulté le secteur public en le plaçant sous la pression de critères financiers, utiliser les déficits pour exiger des personnels et des patients de faire sacrifices, justifier idéologiquement les restrictions par des pseudo-arguments de gestion. (Vous savez ceux qui sont avancés par ces technocrates à la solde des capitalistes qui sont capables de vous expliquer qu’il est mieux pour vous d’accepter une réduction d’emplois ou, dans notre cas, une dégradation des conditions de soins, sous peine de mettre la clef sous la porte. La politique soit disant du moins pire qui en fait conduit à terme au pire.

Sous prétexte de contrôler et de rationnaliser les dépenses de santé des mesures comme la tarification à l’acte conduisent à ne plus considérer les soins à porter au patient comme des dépenses indispensables à son rétablissement mais comme des coûts qu’il faudrait absolument réduire. Comme dans les entreprises ce sont des critères de rentabilité financière qui prévalent et qui conduisent à ce que progressivement les soins les plus rentables soient confiés aux établissements privés et les moins rentables aux établissements publics. Non seulement les hôpitaux publics n’ont pas les financements suffisants pour remplir correctement leurs missions mais en plus on demande à leur personnel et aux élus d’accepter de gérer l’hôpital dans le cadre d’un système qui devient de plus en plus comptable et marchand. Ainsi lors du dernier Conseil d’administration de l’hôpital de Creil, parmi les mesures préconisées par le directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation, il y a les réductions concernant ce qu’on nomme les "dépenses hôtelières" : autrement dit on préconise des réductions de dépenses sur la qualité des repas, voire du matériel de confort des patients !

Dans le même temps, cette politique décide de financer des établissements privés comme la future clinique de Gouvieux sous gestion de la Générale de santé. Ce sont donc des fonds publics qui en partie iront alimenter la croissance des dividendes des actionnaires de cette société. L’Agence régionale de l’hospitalisation justifie ces financements par sa volonté que l’offre de soins dans les établissements privés de Picardie puisse se maintenir face à la concurrence de l’offre privée de l’Ile de France. Ainsi non seulement des fonds publics financent des activités du secteur privé alors que les établissements publics se voient réduire leurs dépenses , mais un organisme à vocation publique comme l’ARH se transforme en agence de promotion des établissements privés dans la concurrence qu’ils se mènent entre eux au détriment des populations mais pour le bénéfice de leurs actionnaires.

On ne peut que se féliciter qu’au sein même du conseil d’administration de l’hôpital de Creil, des voix se sont fait entendre contre cette politique inadmissible en s’opposant au Contrat d’objectifs et de moyens : bravo aux élues PCF de Montataire et de la région de Picardie ainsi qu’à de la représentante CGT du personnel ! Trois femmes courageuses qui ont défendu l’intérêt des patients et des personnels face au représentant de l’Agence régionale de l’hospitalisation qui s’était spécialement déplacé en raison de la mobilisation de la population qui a créé son comité de défense de l’hôpital.

Les élus qui accompagnent cette politique néfaste devront rendre des comptes un jour ou l’autre

Ceux qui ne s’opposent pas à cette politique prennent le très grave risque d’accompagner la mise en place d’une médecine à deux vitesses, où les populations les plus précarisées, mais aussi toutes celles qui ne peuvent engager des frais de santé élevés voire très élevés n’ont le droit qu’à des prestations sanitaires minimum, forfaitisées, avec le risque d’une dégradation générale de la santé des populations.

Il faut le redire avec force : l’hôpital doit être un espace de solidarité et d’humanité où l’on offre ce qu’il y a de mieux à ceux qui souffrent, aux malades, et non un plateau technique où l’on viendrait pour se faire réparer comme une machine et cela au moindre coût. C’est une illusion que de croire que la médecine puisse se faire au moindre coût. J’aurai même plutôt tendance à penser que la santé n’a pas de prix et qu’une société moderne se doit de mobiliser tous ses moyens pour soigner les gens.

Si les technologies évoluent et apportent des solutions nouvelles pour lutter contre la maladie, la meilleure des technologies est sociale, elle passe par une société plus juste, plus fraternelle, où chacun puisse avoir un emploi et une formation, vivre dignement, et où la prévention soit l’avant garde de la bataille contre la maladie, ce que le capitalisme est incapable d’apporter à la grande masse des êtres humains de cette planète puisqu’il fonde son développement sur l’exploitation des hommes, des femmes et des enfants. Autrement dit la société doit "payer le prix de son développement en investissant dans la santé" par une répartition et une valorisation des richesses créées qui deviennent de plus en plus collectives sous les formes les plus démocratiques qu’il soit. En payant ce prix à sa juste valeur, c’est toute la société qui en tirera bénéfice et non comme c’est le cas actuellement les propriétaires du capital dont l’intérêt est de libéraliser le secteur de la santé pour réaliser des profits maximum à un taux de rentabilité le plus élevé possible.

Il faut résister, continuer la lutte !

Il n’est pas acceptable que cette politique se traduise par une restriction des dépenses qui seraient nécessaires à l’ouverture de lits et à la création de postes de personnels de toute catégorie, à leurs formations.
Faute de lits et de création d’emplois dans les services, il n’est pas acceptable que cela se traduise par des conditions d’accueil des patients qui sont dégradées et parfois indignes malgré le grand dévouement du personnel qui doit faire face à des situations de plus en plus difficiles.
Il n’est pas acceptable que les missions de l’hôpital public qui doit apporter des soins de qualité à tous sans discrimination subissent la pression d’une politique qui conduit à une gestion de plus en plus comptable de l’hôpital au détriment de la dimension humaine des réponses à donner.
C’est ce que refusent plus de 2000 habitants de notre agglomération creilloise qui ont signé un texte de pétition à l’initiative d’élus, de syndicalistes, de responsables politiques qui se retrouvent dans le comité de défense de l’hôpital.

L’argent doit servir à la création d’emplois, à la formation des personnels, aux investissements

C’est une évidence : l’argent doit être orienté vers l’hôpital public pour financer des emplois, ouvrir des lits, offrir à tous les services de bonnes conditions de travail, investir dans les technologies et matériels nécessaires, offrir un accueil digne, confortable, solidaire, humain, aux patients.
Il faut donc réorienter l’argent, du capital vers les besoins des populations. Je ne développerai pas ici les mesures proposées par Marie-George Buffet qui correspondent à cette exigence, chacun peut en prendre connaissance par ailleurs. L’essentiel est de ne pas perdre de vue que la résistance ne pourra être efficace que si elle se donne un débouché politique qui mette en cause le capitalisme et construise avec les intéressés un type de développement fondé sur l’être humain, sa santé, son éducation, son bonheur.