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Il approche ! Son Heure est venue ! Le Vote est là !

Publie le dimanche 24 mai 2009 par Open-Publishing

Et vous ? Qu’allez-vous voter le 7 Juin prochain ? Telle est la question qui, si elle n’occupe déjà pas la place centrale des conversations citoyennes, sera bientôt au centre des attentions de tous. C’est compréhensible, la démocratie est tellement attirante que n’importe laquelle de ses formes fait saliver le monde entier (prenez l’Irak par exemple, comme ils doivent être heureux maintenant qu’ils l’ont, cette fichue démocratie. Et on ne parlera pas de l’Afghanistan, qui va enfin pouvoir réélire un intégriste en toute tranquillité. Sans la démocratie, nous n’aurions jamais eu la joie de connaitre Karzaï).

Où est le piège ? Où se dissimule la fourberie et la méchanceté qui me caractérisent dés que j’en viens à aborder ce genre de sujet ? Moi qui crache sur notre héritage judéo-chrétien, sur notre Histoire qu’écrasent les merveilles orientales ou pré-colombiennes, sur notre système qui n’est qu’une avant-garde de 1984, que fiel vais-je encore répandre sur notre magnifique fonctionnement égalitaire (y’en a qui y croient, ne les choquons pas) ?

Il n’y a pas de piège. J’ai décidé de laisser voir chacun ce qu’il veut dans ces mots. Je n’ai pas envie de combattre, je vais me contenter de lancer un appel, totalement contre-productif et anti-citoyen, ce genre de choses qui m’aide à dormir la nuit et à avoir la conscience tranquille. Qui plus est je vais contredire TF1, et rien que ça, ça remonte l’égo d’une bonne dizaine de crans sur l’échelle de Gengis Khan.

LE 7 JUIN, NE VOTEZ PAS !

Arrive la fameuse réaction logique de l’humain (citoyen en français) qui n’a pas envie de se laisser convaincre et va chercher tous les moyens possibles pour se plier à ce que lui dit sa boite à images : pourquoi donc cher monsieur dont le propos vous assimile furieusement à ces méchants anarcho-autonomes de Tarnac qui mangent des bébés et veulent la Lorraine (d’où le fait qu’ils n’auront pas Tarnac et la Lorraine) ?

Parce qu’il est temps de cesser de cautionner un système, une élite, une caste, une noblesse, qui nous fait payer le prix, à nous, individus qu’elle est sensée représenter, de ses erreurs et de son appétit vorace pour tout ce qui nourrit la chair et l’âme de l’Homme cupide. Devant une telle absence de vertu, nul doute que Maximilien Robespierre se serait fendu d’un bel arrêt cardiaque.

Pourquoi faudrait-il voter ? Qu’entends-je ? Que le vote est un devoir ? Que le parti a besoin de vous ? Qu’on a bien de la chance de vivre en démocratie ? Que des gens se sont battus pour que nous, misérables vermiceaux geignards, puissions exprimer nos opinions sur un bout de papier même pas format A4 ?

Le vote est un devoir. Pire aberration démagogique, ça me semble particulièrement compliqué. Le vote n’est pas un devoir. C’est un droit, une liberté. Un droit à l’expression, dont chacun peut user en fonction de ce qu’il a à dire, ou pas. Enfin, ça c’est la théorie. Parce que dans la pratique moderne, voter consiste à cautionner un individu, ou un groupe d’individus, tous issus du même milieu social, tous coupés de la réalité et des conséquences des décisions qu’ils vont être amenés à prendre, individus qui vous “représenteront” mais que vous ne pourrez pas révoquer si par malheur ils remplissaient mal leur tâche ou ne se tenaient pas à leur parole. On se rapproche dangereusement d’un vieux concept usité par les Roys afin que d’asseoir leur pouvoir. Après la monarchie de droit divin, voici venir la dictature de droit citoyen. Alors non, voter n’est pas un devoir. Ne pas voter est peut-être même la seule liberté d’expression qu’il nous reste, puisque le vote blanc n’a aucun poids. Et si nombreux sont les non-votants, cela provoquera un choc. Détourné, interprété, critiqué, mais un choc tout de même, qui vaudra mieux qu’un silence général de troupeau écoutant le berger.

Le parti a besoin de vous. Aujourd’hui, notre démocratie consiste à forcer les gens à se reconnaitre dans une étiquette, un logo, un sigle. Les programmes, les idées, tout est vide de sens et bourré de démagogie sensée séduire certaines classes sociales, professions. La politique rejoint le travail et se mèle habilement au marché pour qu’on ne puisse lui réclamer de s’attaquer à ce dernier. On voudrait nous faire croire que les idéalistes eux-mêmes répondent au besoin d’un système financier qui régit une partie du monde. Que tout le monde doit composer avec. Même l’extrème-gauche est dans ces travers. Elle ne propose plus, elle s’oppose bêtement et sans réfléchir, perdant toute crédibilité à chaque fois qu’on lui demande d’approfondir son raisonnement. Un parti n’est pas une association d’idées, de pensées, de propositions. C’est un troupeau, une force tranquille et bête, qui se nourrit des conflits et des problèmes. Car à l’image des syndicats, sans problèmes à “résoudre”, un parti meurt.

On a bien de la chance de vivre en démocratie. Allez dire ça aux Afghans et aux Irakiens dont on a ravagé le pays au nom de cette fameuse démocratie. Allez leur demander s’ils sont heureux de se retrouver avec les pires intégristes religieux de la planète à leur tête ? La situation catastrophique de l’Irak ne tenait pas au régime de Saddam Hussein, mais au blocus imposé par les puissances occidentales. Nous avons créé cette crise, ce point de non-retour, pour ensuite brandir notre système idéologique comme réponse à tout. Et de toute manière, un raisonnement par la comparaison est par essence ridicule. Pourquoi comparer quand notre cerveau peut inventer, concevoir ? Pourquoi vouloir juste vivre “mieux” que les autres ? Pourquoi ne pas tendre à vivre bien ? Que les autres fassent ce qu’ils veulent, on ne règle pas les problèmes des autres à leur place. Au pire, nous pourrons toujours leur donner nos idées et leur laisser le choix d’en faire ce qu’ils veulent.

Des gens se sont battus pour ce droit. Ah bon ? Je croyais que c’était un devoir. Faudrait savoir à la fin. Et quand bien même des gens se sont battus, c’est leur problème. Et j’ai comme un doute sur le fait qu’ils se soient battus pour que nous nous laissions paisiblement mener à l’abbatoir en signant notre condamnation à mort. Les bouffeurs de curés, les coupeurs de têtes de Roys, les mangeurs de bourgeois étaient pour la plupart tellement épris de liberté qu’ils étaient prêts à lui sacrifier des litres de sang pour y goûter quelques instants. Notre vote n’est pas une liberté, c’est une chaine avec lequel on nous attache pour nous obliger à assumer un choix facile et ridicule.

Pour ces raisons, je ne voterai pas. Je garderai mon droit à dire “je n’étais pas d’accord”. Je me regarderai dans une glace, parce que j’aurai refusé de céder à la facilité et j’aurai préféré me retrouver dans le camp de ceux qu’on insulte et qu’on honnie pour leur rébellion. Parce qu’aucun de ces hommes et de ces femmes ne me représente, parce que personne ne véhicule les idées que je défends, et parce que de toute manière la pluralité des idées n’est plus à l’ordre du jour, on préfère la pensée unique.