Accueil > Il ne s’agit pas de folie !

de Thomassaint
Ce pourrait n’être qu’un fait divers. Une enseignante spécialisée s’est suicidée. Hasard, auquel je ne crois nullement, c’est juste après avoir appris, comme 3000 de ses collègues, que les « RASED » et les postes afférents, étaient purement et simplement supprimés. Sans que ces personnels n’aient été prévenus, ni leurs syndicats. Un simple paragraphe dans le projet de budget 2009. Elle s’est pendue, dans la salle de l’école où elle exerçait.
Au-delà du fait, au-delà du mépris que montre un Darcos misérable, au-delà des conséquences quant à la prise en charges des enfants en difficulté (3000 postes à 50 enfants, faites le compte !), cela me semble métonymique de la situation actuelle, et de l’évolution du capitalisme en "crise".
Celui-ci montre son visage monstrueux : les êtres humains ne sont que des chiffres, voire des "variables d’ ajustement", et peu importe aux gangsters en costards cravates qui mènent la danse macabre que des gens meurent des conséquences de leur avidité cupide et morbide.
Car ces morts, ces désespoirs, cette désespérance générale, ils les veulent.
De la droite puante et mafieuse à la gauche décolorée, on entend le même refrain : le capitalisme traverse une crise de folie, le marché échappe à tout contrôle, et blablabla… On entend parler de capitalisme financiarisé, comme s’il n’avait jamais été autre chose !
Or, ce qui arrive aujourd’hui, qu’aucun des zélés serviteurs de ce capital qui s’autoproclament économistes, spécialistes, n’avait apparemment pas prévu, cette fameuse crise bancaire, n’est pas, à mon humble avis de non-spécialiste non-économiste, une crise de folie.
Qu’on veuille nous le faire croire, certes ! Qu’un Sarkozy zébulonesque (un peu moins ces temps-ci, avez-vous remarqué ?) parle de réguler, alors qu’il prônait la déréglementation il y peu encore n’es pas étonnant. Avec un peu de retard, il embouque la passe derrière les néoscons américains. Mais que les principaux dirigeants socialistes fassent de même est plus grave. On savait qu’ils avaient toute honte bue quitté depuis longtemps le terrain de la lutte des classes et de la défense des salariés. Ils se dévoilent un peu plus chaque jour comme d’aimables collaborationnistes de l’idéologie du capital. Je l’écris sans plaisir, hélas ! Mais c’est la réalité : il n’est que de regarder et écouter Guigou, Valls, Delanoë et consœurs et confrères (sans mauvais jeu de mots) pour s’en rendre compte. Eux aussi parlent de « réguler » le capitalisme, pas de le renverser (ou de la dépasser, comme dit le PC, dans un langage que je ne comprends pas très bien).
Car la crise, indéniable, n’est pas une crise de « folie », surgie on ne sait comment, par génération spontanée, ou des fameuses « subprimes », comme si celles-ci n’étaient pas, elles aussi, un mode de fonctionnement inhérent au capitalisme.
Non, cette crise, les capitalistes l’ont voulue et provoquée. Ils auraient pu le faire plus tôt, ou plus tard. Rien n’obligeait à ce que ce soit maintenant, sauf pour les raisons que je vais essayer de développer.
Ces raisons sont de deux ordres : endogène, et exogène.
Endogène, c’est-à-dire propre au fonctionnement interne et structurel du capitalisme. Celui-ci a pour principe de base l’accumulation (de biens, de richesse, de monnaie). Or, il est nécessaire que cette accumulation soit remise en circulation, faute pour ces richesses de se dévaluer. En même temps, la monnaie n’a plus sa correspondance matérielle, réelle. Elle est devenue une marchandise, sans autre support qu’elle-même. Il devient alors nécessaire de faire en sorte que cette monnaie (excédentaire, pourrait-on dire) reprenne de la valeur, soit en correspondant à nouveau à une valeur d’usage (des biens matériels), ce qui serait alors la création d’industries, d’emplois, etc…, soit en disparaissant tout simplement. C’est bien évidemment cette solution qui est la plus rapide et la plus efficace, du point de vue de ces gens-là. Or, le capitalisme de l’Empire (j’appelle l’Empire les USA et leurs satellites), face à la montée du capitalisme chinois, hindou, russe… était en obligation, pour conserver sa suprématie, de faire en sorte que le système s’effondre afin de mieux redémarrer ensuite. On le voit dort bien : les milliardaires étatsuniens achètent, en ce moment. On ne les entend pas, eux ! Ils contrôlent.
Exogène, ce sont les raisons politiques et les risques de pertes de l’hégémonie US sur la planète. Ces raisons exogènes, sont à la fois d’ordre intérieur aux USA (les élections) et extérieur (la montée en puissance de la Chine, les besoins énergétiques, les pays d’Amérique du sud se libérant du joug US et évoluant vers le socialisme à leur manière).
En provoquant la crise avant l’élection présidentielle, les néoscons et les tenants des théories de Friedman, de l’école de Chicago, du groupe de Bilderberg, obligent le prochain président à s’aligner sur leurs positions. Que l’un ou l’autre soit élu est désormais sans risque pour eux. L’union sacrée est en marche, et cela fonctionne, quand on écoute les pseudo-débats entre Mc Cain et Obama.
Ces raisons exogènes sont aussi d’ordre externe et mondiales. Il s’agit pour les USA de reconquérir des positions idéologiques et financières après que le recours aux guerres locales (Afghanistan, Irak…) se soir montré insuffisant pour cela.
Le moyen employé relève essentiellement de ce que Naomi Klein décrit dans son ouvrage « la stratégie du choc (un capitalisme du désastre) ». Il s’agit, à travers une catastrophe, naturelle ou humaine, monétaire en l’occurrence, de provoquer un choc tel sur les populations que celles-ci soient prêtes à accepter, propagande aidant, toute solution, y compris allant à l’encontre total des intérêts de cette population. Dans le cas, par exemple, de l’ouragan ayant détruit la Nouvelle-Orléans, l’évacuation des habitants, nécessaire au moment de la tempête, n’est pas suivie d’un retour, faute de crédits d’aide suffisant. Mais cela va permettre de transformer cette ville en ville pour riches à l’image de Miami ou autre !
L’attentat du 11 septembre a eu pour conséquence la mise en place de lois extrêmement liberticides, et, sans forcément adhérer aux thèses du complot, force est de reconnaître que le pouvoir en sort plus proche du fascisme que jamais.
Dans le cas de la crise financière actuelle, le choc a été décidé afin d’avoir un effet mondial. Non seulement l’effondrement va mettre nombre de pays à genoux financièrement, mais il va permettre, espèrent les capitalistes yankee, d’affirmer leur hégémonie quasi-totale sur la planète.
En ce qui concerne la France, l’alignement de sa politique présidentielle sur celle des néocons américains est évidente depuis l’élection dernière. On peut en voir les effets politiques dès maintenant, avant que d’en voir les effets sociaux.
Le premier de ces effets politiques est le recours à la vieille ficelle pétainiste – je pèse mes mots – de « l’union nationale ». Fi(ll)on a trouvé sans hésiter les accents du maréchal en 1940, peut-être un peu trop tôt d’un point de vue politique dans la crise, mais le fait est là : Ce n’est pas le moment de revendiquer, c’est celui de se serrer les coudes. Ne seront dupes de ce type de discours que ceux qui n’ont qu’un pois chiche dans le crâne, au milieu de la purée qui leur sert de cerveau (mais ils ont été 53% !).
Le second effet est triple :
Un : Il permet de dévoiler le niveau auquel les socialistes se situent dans la collaboration de classe. C’est-à-dire au plus haut de l’étiage. Le sas est plein, et on peut désormais voir à quel point ceux qui avaient soit disant trahi (les Besson, Strauss-Kahn et autres marionnettes) n’étaient en réalité que l’avant-garde du grand ralliement aux thèses du capital.
Deux : les socialistes ralliés (même si quelques-uns poussent de petits couinements qu’ils voudraient faire passer pour des barrissements), sont avalés, dissous, recentrés, finis. Et la gauche communiste, quel que soit son parti, marginalisée faute d’avoir su à temps refuser les alliances trompeuses.
Trois : l’effet de choc évoqué plus haut a toutes les chances de se montrer efficace. Sous la grêle, on courbe l’échine, chacun ouvre son parapluie, même troué. La division syndicale ne fera qu’accentuer la difficulté à mobiliser les salariés, ce d’autant que les dirigeants de la CFDT, aligné sur le PS, sont en pleine collaboration de classe. Il suffit d’écouter Chérèque, invité sur tous les plateaux Télé, comme si la CGT n’existait plus !
Pendant ce temps, la cheftaine du patronat squatte elle aussi les émissions télé, et nous fait le coup, avec son complice Sarkozy, du bon patron face au patron voyou ! Si les parachutes dorés sont un scandale, ce ne sont pas eux les causes de la crise, pas plus, comme j’ai tenté de le dire, que celle-ci n’est venue de nulle part, comme un coup de folie systémique !
On peut être convaincu que ce n’est pas la bonne réponse, mais il y aura encore des suicides ! Et des guerres, et des famines, et des morts du sida ! Ces cadavres là sont voulus. Il serait grand temps de commencer à se débarrasser des tueurs !
Messages
1. Il ne s’agit pas de folie !, 8 octobre 2008, 15:15, par judex
inspirons nous de l"exemple Chomsky au USA. Collectons de l’argent pour, disposant d’un budget ,etre plus offensif,soit se faire entendre outre dans la rue ,chez des médias (radios)auprés desquels nous pourrions disposer d’un credit d’heures d’antenne,et véhiculer nos messages ce qui changerait des messes quotidiennes.
finalement est ce que Rouillan n’avait il pas raison face au constat de dépolitisation des masses
2. Il ne s’agit pas de folie !, 9 octobre 2008, 18:39, par kounet
Rouillan a été choqué par la dépolitisation, je le suis autant que lui .
Parler politique aujourd’hui n’est pas tendance du tout et surtout, c’est prise de tête !
Les partis dits de gauche mais qui ne le sont évidemment pas, sont une honte pour les gens d’en bas...
Chérèque est une honte aussi et la CGT est assez muette .
On est mal barrés, d’autant que Fillon va nous la jouer Pétainiste, en nous demandant l’union sacrée pour aider nos grands bandits .
Au fait, avez-vous entendu parler de liquider les paradis fiscaux ? d’imposer une taxe sur toutes les tractations boursières ?
Remarquez, il faudrait plutôt dissoudre la bourse et les boursicoteurs avec !