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Importante mission militaire européenne

Publie le mardi 29 janvier 2008 par Open-Publishing

Importante mission militaire européenne
Belga

Mis en ligne le 28/01/2008

L’Union européenne a approuvé lundi l’envoi immédiat de soldats au Tchad et en Centrafrique afin d’assurer la sécurité de plus de 400.000 personnes, réfugiés soudanais du Darfour ou déplacés tchadiens et centrafricains, et contribuer à ramener la paix dans cette région.

"La décision de lancer l’opération au Tchad et en République centrafricaine a été adoptée", souligne une déclaration des ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l’UE réunis à Bruxelles. L’opération baptisée Eufor Tchad-RCA consiste à envoyer près de 3.700 soldats, dont plus d’une moitié viennent de France et le reste de 13 autres pays européens, dans l’est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.

L’insécurité dans ces régions frontalières du Darfour est aggravée par les heurts entre groupes rebelles et soldats des gouvernements de N’Djamena et de Bangui. "Conformément à la résolution 1778 du conseil de sécurité des Nations unies" de septembre 2007, l’Union confie à la nouvelle Eufor la tâche de "protéger le personnel de l’ONU", autrement dit la mission de police des Nations unies et ses 300 policiers instructeurs, ainsi que "les civils exposés au danger" et le "personnel humanitaire". Elle devra "faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire" en "aidant à sécuriser" la région, dit le texte.

L’Eufor devra ainsi veiller à la sécurité de 241.000 réfugiés soudanais du Darfour dans l’est du Tchad et de 3.000 autres dans le nord-est de la Centrafrique, ainsi que des 179.000 Tchadiens et 20.000 Centrafricains déplacés, à l’intérieur de leurs pays respectifs, par les violences. Le général irlandais Patrick Nash, qui dirigera l’opération depuis un quartier général en banlieue de Paris, devait donner mardi à Bruxelles des précisions sur l’opération.

Le général français Jean-Philippe Ganascia, qui commandera sur place, à Abéché (est du Tchad), aura sous ses ordres dès cette semaine les premiers éléments de l’Eufor, notamment un détachement d’une quinzaine d’Autrichiens qui partiront mercredi, suivis d’une cinquantaine d’Irlandais début février. L’Eufor devrait être au complet en juin. Depuis que la politique européenne en matière de défense est devenue vraiment opérationnelle en 2001, il s’agit de la plus importante mission militaire de l’UE hors du continent européen, et sans assistance de l’Otan.

L’opération Althea lancée par l’UE fin 2004 en Bosnie disposait d’effectifs plus nombreux —7.000—, et bénéficiait, outre d’un terrain plus facile, des facilités accordées par l’Otan. L’Eufor Tchad-RCA, qui aurait dû initialement démarrer en novembre, a eu du mal à se constituer et à se doter des moyens logistiques nécessaires (transport aérien, antennes hospitalières). Les trois principales nations contributrices -la France (2.100 soldats), l’Irlande et la Pologne (400 chacune)- fourniront le noyau des trois bataillons qui seront déployés dans cette zone de plusieurs centaines de milliers de km carrés. La Suède fournira 200 hommes, affectés à la garde du QG d’Abéché.

Dix autres pays ont promis aussi des contributions, parfois à confirmer : Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie et Slovénie. En revanche, l’Allemagne, qui avait largement participé l’été dernier à la précédente Eufor en République démocratique du Congo, n’envoie que quatre officiers à l’état-major parisien et le Royaume Uni, deux.

Les armées européennes ploient sous le nombre d’interventions en cours en Irak, au Liban, en Afghanistan, dans les Balkans (Bosnie, Kosovo) et en Afrique (Côte d’Ivoire, Darfour). Les difficultés à mobiliser pour le Tchad pourraient tenir aussi à la crainte que Paris, déjà lié au gouvernement tchadien par un accord militaire et qui maintient depuis plus de 20 ans des militaires sur place, ne contrôle l’opération Eufor. Une crainte relayée par des députés au Parlement européen et des ONG.