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Italie : nous ne pouvons pas obeir (N. Vendola)
Publie le mercredi 10 août 2005 par Open-Publishing2 commentaires

de Isabelle Saint-Saens
Voici une traduction (bricolée maison) du texte de Nichi Vendola, président de la région Pouilles, appelant à la fermeture des CPT italiens et à la désobéissance
Nous ne pouvons pas obéir
par Nichi Vendola, président (Rifondazione Comunista) de la Région Pouilles voir plus bas le texte original "Non possiamo obbedire", paru dans Il Manifesto du 30 juin 2005
Nous ne pouvons pas obéir, quand l’obéissance revient à accepter la brutalité et l’inhumanité de textes infâmes écrits avec l’encre de l’urgence et du mauvais réalisme politique. Nous ne pouvons pas obéir, quand on nous demande de construire, à la périphérie de nos villes, derrière le coin de nos distractions, des bunkers blêmes pour une humanité entassée, des lieux sans règles pour des personnes assimilées à des rebuts à recycler, qui ne sont même plus des personnes mais simplement, haineusement, des "clandestins".
Les CPT (1) sont les trous noirs de notre culture juridique et civile,
qui engloutissent des visages et des fragments de vies dans la spirale
d’une peine jamais prononcée. Ils ne servent pas à dissoudre les noeuds
épineux de la clandestinité, mais à exorciser le fantasme de la
clandestinité : en étouffant en nous la possibilité de nous interroger
sur le comment et le pourquoi de la "production sociale" du phénomène
que nous avons construit sous le nom de clandestinité.
Ces lieux ceints de barbelés et hermétiquement clos ne sont pas des
aires de stationnement ou de parking, et surtout pas des lieux
"d’accueil", comme le voudraient ces glissements sémantiques qui
fonctionnent comme une mafia des mots. Ils organisent la séquestration
"temporaire" des corps du délit, ces hommes et ces femmes qui n’ont
enfreint aucune loi pénale mais qui, en tant que "clandestins", sont
stigmatisés, pourchassés, privés de toute liberté.
Bien sûr, ils ne sont pas tout à fait blancs et ils sont plutôt
pauvres. Ils devraient pourtant eux aussi profiter de ces droits que
nous proclamons à grand bruit, fût-ce le bruit des bombardiers. La
liberté d’un indigent, d’un mendiant, d’un fou ou d’un clandestin ne
vaut pas moins que la liberté des amis de Pisanu (2). Mais pour eux les
droits sont dénaturés, les défenseurs des garanties disparaissent et
les héritiers, pourtant si nombreux, de Beccaria (3) se taisent : ne
sentent-ils pas qu’elle est insupportable cette blessure sur la peau
fragile de nos principes ? Que pensent-ils de ce flou juridique, qui
cantonne dans des limbes, vides de subjectivité et de citoyenneté, une
part du monde, et qui opère sa disparition "temporaire", tâche évidente
et banale pour la procédure grise d’une tranquille bureaucratie du
"surveiller et punir" ?
Nous ne pouvons pas obéir, si c’est accepter la "détention
administrative" comme remède ordinaire à l’excédent extra-communautaire
ou à l’hystérie intra-communautaire. Si on nous dit, sur un ton
vaguement biblique, que nous remettons en question l’Europe de
Schengen, nous répondons que Schengen n’est pas les Tables de la Loi,
que Pisanu n’est pas Moïse, et que nous remettons effectivement tout en
question : parce que la politique d’immigration ne relève ni de l’ordre
public ni du seul coût social, mais qu’elle est le miroir qui nous est
tendu. C’est l’Europe Forteresse elle-même que nous voudrions changer,
casser, distordre, non pas animés d’un vague sentiment humanitaire,
pour sauver un peuple de naufragés qui accostent sur nos côtes bénies,
mais pour sauver l’Europe. Le vieux continent a cru s’unifier avec des
politiques sécuritaires, mais, privé une âme forte et reconnaissable,
il a buté sur le vote populaire et a risqué l’infarctus. Nous voulons
aider l’Europe à retrouver sa mission et la dense pluralité de ses
racines. C’est pour cela que nous voulons fermer les CPT.
Nous ne pouvons pas obéir : la dignité, la liberté et l’intégrité
physique et mentale des personnes sont inviolables. Nous les avons
violées de tant de façons : en les volant chez eux, en les exploitant
chez nous ; entre leur maison et la nôtre s’étale une mer qui est aussi
un immense cimetière à ciel ouvert d’étrangers qui ont fui leur terre.
Nous avons sali la Méditerranée et réduit l’Europe aux dimensions d’une
caserne.
(1) Les CPT (Centri di permanenza temporanea e di accoglianza) sont,
selon la terminologie officielle, des centres destinés à un "accueil
temporaire".
(2) Giuseppe Pisanu est le ministre de l’intérieur du gouvernement
Berlusconi
(3) Cesare Beccaria, juriste et philosophe auteur d’un célèbre "Traité
des délits et des peines" (1764), qui condamne l’arbitraire de la
détention, la torture, le pouvoir discrétionnaire des juges
Non possiamo obbedire di Nichii Vendola
da Il Manifesto del 30 giugno 2005
http://www.meltingpot.org/articolo5629.html
Non possiamo obbedire quando l’obbedienza che ci viene richiesta
significa acquiescenza nei confronti della brutalità o della disumanità
di piccoli codici scritti con l’inchiostro dell’emergenzialismo e del
cattivo realismo della politica. Non possiamo obbedire quando ci
chiedono di costruire accanto alle nostre città, dietro l’angolo delle
nostre distrazioni, lividi bunker per un’umanità all’ammasso, asili
sregolati per persone che somigliano a vuoti a perdere, che non sono
neanche persone ma semplicemente, maleficamente « clandestini ». I centri
di permanenza temporanea sono buchi neri che trafiggono la nostra
cultura giuridica e civile e che risucchiano volti e frammenti di vite
nella spirale di una pena mai irrogata. Non servono a sciogliere i nodi
spinosi della clandestinità, servono ad esorcizzare il fantasma della
clandestinità : inibendo a tutti noi la possibilità di interrogarci sul
come e sul perché della « produzione sociale » del fenomeno articolato
che chiamiamo clandestinità. Questi luoghi cinti dal filo spinato e
comunque chiusi ermeticamente non sono un’area di sosta o di
parcheggio, soprattutto non sono « accoglienza » come si dice talvolta
con quegli slittamenti semantici che sembrano una vera mafia delle
parole. Sono la rozza carcerazione « a tempo » con cui si sequestrano
corpi del reato : ovvero uomini e donne che non hanno infranto alcuna
norma penale ma che nella loro condizione di « clandestini » vengono
stigmatizzati, ricercati, privati della libertà personale.
Certo, non sono bianchissimi e sono piuttosto poveri. Eppure anche loro
dovrebbero fruire del riverbero universale di quei diritti che
proclamiamo con tanto rumore, persino col rumore dei bombardieri. La
libertà di un indigente o di un accattone o di un matto o di un
clandestino non vale meno della libertà degli amici di Pisanu. Ma in
questo caso i diritti si storcono, i garantisti si squagliano, e
tacciono i tantissimi nipotini di Beccaria : non sentono
l’insopportabilità di questa lesione alla pelle delicata dei nostri
principi ? E cosa pensano di una fluidità giuridica che colloca una
porzione di mondo in una sorta di limbo, in un vuoto pneumatico di
soggettività e di cittadinanza, che ne assume la « temporanea »
sparizione come ovvia e banale, dentro la procedura grigia di una
tranquilla burocrazia del « sorvegliare e punire » ?
Non possiamo obbedire se ci propongono di accettare l’idea della
« detenzione amministrativa » come un ordinario rimedio all’eccedenza
extracomunitaria o alla isteria intra-comunitaria. E se ci dicono, con
tono vagamente biblico, che qui si mette in discussione l’Europa di
Schengen, gli rispondiamo che Schengen non è la Tavola della Legge, che
Pisanu non è Mosè, e che qui si rimette in discussione proprio tutto :
perché la politica dell’immigrazione non è un capitolo dell’ordine
pubblico e neppure della sola spesa sociale, ma è lo specchio sulla cui
superficie possiamo vedere noi stessi. E’ proprio l’Europa-fortezza che
vorremmo mutare, spaccare, convertire : non per un vago sentimento
umanitario, non solo per salvare un popolo di naufraghi che si
arrampica alla nostra costa dorata, ma per salvare proprio l’Europa. Il
vecchio continente ha creduto di unificarsi con le politiche
securitarie : ma senza un’anima forte e riconoscibile è inciampato nel
voto popolare e ha rischiato l’infarto. Noi vogliamo aiutare l’Europa a
ritrovare la propria missione e la pluralità densa delle proprie
radici. Per questo vogliamo chiudere i Cpt.
Noi non possiamo obbedire : le persone sono inviolabili nella loro
dignità, libertà e integrità psico-fisica. Noi le abbiamo violate in
tanti modi : depredandole a casa loro, sfruttandole a casa nostra, e tra
la loro e la nostra casa si allunga un mare che è anche un grande
cimitero all’aperto di stranieri in esodo dalla loro terra. Abbiamo
sporcato il Mediterraneo e rimpicciolito l’Europa alla misura di una
caserma.
Messages
1. L’été prochain dans les camps de vacances..., 10 août 2005, 23:57
Les camps ne sont pas des accidents de l’histoire, ils sont omniprésents. Les américains dénoncent les goulags des communistes et oublient les camps qu’ils ont construit pour les "non américains" ou "non humains". Nous aussi faisons de même et gardons en mémoire la cruauté des nazis pendant que nous oublions les personnes - sans restriction d’âge, de sexe, d’état, de situation, généralement en situation régulière, parfois même de nationalité française (1) - qui croupissent des camps d’accueil, de rétention, d’explusion...
Et peu de gens comprennent quel est le véritable point commun entre ces camps : personne ne les voit.
(1) : véridique. Selon L’Humanité, un mineur s’est fait confisquer sa carte d’identité française par la police avant d’êtra accusé d’être en situation irrégulière. Cette affaire fait suite à la demande régulière, mais rejetée, de sa mère d’intégrer le territoire français.
2. Le silence terrifiant du TCE..., 12 août 2005, 18:45
Au delà de grands principes de départ, et dans ses recoins applicatifs les plus sordides, la tentative de Traité Constitutionnel Européen comportait un silence terrifiant : celui de la position des populations immigrées, légalement ou illégalement...
Une occasion unique existait de traitement humain de ces populations, d’offre de citoyeneté généralisée aux immigrés en Europe, de légalisation des situations et d’obligations claires, controlées et obligatoires pour les états d’offrir des traitements humains aux populations réfugiées en Europe.
Cette offre n’a pas été faite,
Une nouvelle Europe , avec une constitution réellement démocratique pourrait faire cette politique humaine...
le TCE ne permettait pas celà, ayant été écrit par les gens en charge des affaires, les mêmes affaires conduisant à ces recoins blêmes et injurieux pour l’humanité.