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"J’entends cette envie de politique"

Publie le lundi 12 février 2007 par Open-Publishing
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Le discours prononcé par Marie-George Buffet, en meeting à Bourges le 9 février.

Chers amis, chers camarades,

Toutes vos luttes, vos colères, tout ce que vous nous avez dit ce soir, je l’entends partout en France.

J’entends cette révolte de tous ces ouvriers et ouvrières qui sont licenciés par leurs actionnaires.

J’entends cette révolte de ces jeunes à qui l’on offre la précarité comme seul horizon.

J’entends cette colère des paysans.

J’entends ces revendications des intermittents.

Je vois parfois de la rage, souvent de la dignité, toujours cette soif de changement, cette soif d’une autre vie.

Je vois des hommes et des femmes, loin de l’écume de la campagne des télévisions, qui ne se soucient pas des petites phrases ou des coups tordus de la campagne. Je vois partout des personnes qui s’interrogent sur leur vie, leur avenir, et celui de toute notre société. J’entends ces interrogations et ces doutes qui appellent des réponses.

J’entends cette envie de politique.

Je vois des hommes et des femmes qui se rendent compte que nous sommes, aujourd’hui, à un tournant.

Va-t-on continuer ainsi cette course effrénée à l’argent et au profit, quitte à laisser une majorité d’entre nous sur le bord de la route ? Ou va-t-on chercher à ce qui chacun et chacune puisse vivre, et donc avoir un logement, un salaire, un travail, une bonne santé ?

Va-t-on continuer à piller la planète et à menacer l’avenir de nos enfants ? Ou-va-t-on enfin chercher à faire passer notre environnement avant les dividendes, notre climat avant les actionnaires ?

Va-t-on continuer à ne plus écouter les peuples, leurs désirs, leurs revendications, leurs expressions et à laisser une poignée d’hommes mener le monde ? Ou va-t-on enfin rendre le pouvoir aux hommes et aux femmes de nos quartiers, de notre pays, de notre planète ?

Ces questions sont dans les têtes de tous les Françaises et les Français. Comment en serait-il autrement, au vu de la gravité de la situation de notre pays ?

Et, nous le savons, ces interrogations sont souvent sans réponses ! Comment en serait-il autrement, au vu de la puissance du matraquage médiatique auquel nous sommes soumis.

« C’est pas possible », « il n’y a pas d’agent », « ça coûte trop cher », vous travaillez pas assez. Tout cela, toutes ces contrevérités, tous ces experts qui à longueur de journée nous expliquent qu’il est normal que vous restiez pauvres, même si eux et leurs amis sont riches, elles sont évidemment laissé des traces.

Mai au fond d’eux mêmes, les Françaises et les Français ne veulent pas d’une France inféodée aux Etats-Unis de George Bush. Ils ne veulent pas d’une France complètement écartelée entre une infime minorité de riches, et une infime majorité de salariés ou de chômeurs trop pauvres pour vivre normalement

Oui, au fond de lui-même, notre peuple, dans sa majorité, ne veut pas d’une République soumise à la loi du fric. Il ne veut pas que nos vies soient régies par les seules lois du marché. Il ne veut pas accepter les souffrances supplémentaires qu’on lui propose, parce qu’il faudrait, davantage encore, être compétitif !

Ce rejet du libéralisme, notre peuple nous l’a démontré tant de fois ces dernières années.

Nous avons pu le vérifier le 29 mai 2005.

Nous avons pu le vérifier contre le CPE.

Nous avons pu le vérifier, hier encore, lors de la grande manif des cheminots et de tous les fonctionnaires.

Et pourtant, malgré toutes ces souffrances, malgré ce rejet d’un monde qui ne serait bâti que pour accumuler toujours plus de profit, la droite reste forte, très forte. Elle aborde les prochaines échéances électorales avec confiance.

Elle a d’ailleurs deux poulains, dont les mots sont autant différents que leurs projets sont proches.

Pour Nicolas Sarkozy comme pour François Bayrou, la précarité est un bienfait. Ils reprennent tous deux, souvent avec rondeur, les propositions de leur marionnettiste en chef, Laurence Parisot, qui vous propose, comme elle le dit si bien, de « dépolitiser le SMIC » et d’instaurer « la séparabilité à l’amiable », dans les contrats. Elle avait déjà dit que l’amour était précaire, la vie était précaire, et donc que le travail devait l’être aussi !

Et Nicolas Sarkozy enrobe, louvoie, vulgarise, mais il reprend toute la substantifique moelle du projet du MEDEF, notamment en proposant la fin du CDI, la fin du contrat à durée indéterminée.

Nicolas Sarkozy, comme François Bayrou, proposent aux salariés de travailler plus, de multiplier les heures supplémentaires, tout ça pour ne pas augmenter les salaires ! Nicolas Sarkozy a même dit lundi qu’il ne voulait pas augmenter le SMIC pour ne pas gêner les salariés qui sont juste au-dessus ! Et personne ne lui a dit que l’on pourrait aussi augmenter ces salaires, avec le SMIC...

Nicolas Sarkozy, comme François Bayrou, proposent de baisser les charges sociales, et donc le niveau de vos retraites et de votre couverture de soin. Et qui paiera les soins ? Vous, évidemment, qui devraient payer une franchise annuelle de dépenses de santé ! Son montant était lundi à 5 ou 10€, mais il était à 100€ il y a quelques semaines. Il s’agit surtout de vous apprendre à ne pas tomber malades...

Ils font le pari d’une société où chacune et chacun ne vivrait que pour un seul objectif, s’enrichir, s’enrichir encore, s’enrichir toujours. Et pour s’enrichir, il faut commencer par s’endetter ! « Les Français ne sont pas assez endettés », vous a dit Nicolas Sarkozy. Et si vous ne voulez pas emprunter de l’argent, faites le par générosité pour les banques, elles sont si pauvres...

Et donc, ces deux-là ont dans l’idée de soumettre la France à la mondialisation capitaliste. François Bayrou résume ainsi son programme, qu’il cache soigneusement, à faire de la France un pays « pro-entreprise », ce qui, dans son langage, signifie pro-MEDEF. Nicolas Sarkozy propose de supprimer un professeur sur deux, une infirmière sur deux, un policier sur deux. Et pourquoi ? Juste pour donner encore plus d’argent à ceux qui en ont déjà trop ! Et devant les violences et les rivalités que font surgir ces politiques, Nicolas Sarkozy rajoute une dimension autoritaire, répressive, tout inspirée de son seul modèle, celui des Etats-Unis de George Bush !

Ainsi, la droite avance ses pions. Bardée d’experts en défense de l’ordre établi, d’experts du renoncement à changer le monde, elle sème le doute parmi nos concitoyens et nos concitoyennes : est-il vraiment possible de faire une autre politique ? N’est-on pas obligé, quoi que l’on dise, de se replier sur soi et sa famille, tout en espérant être épargné par les violences, les souffrances, le mal-être qui se propage partout dans la société ?

Notre société est à la croisée des chemins. Mais beaucoup de nos concitoyens ne voient malheureusement pas d’autre route que celle que veulent nous faire prendre la droite et les médias.

Celles et ceux qui ne veulent pas de ce monde qu’ils cherchent à nous imposer ne voient pas, à gauche, de véritable projet qui serait à la hauteur de celui de la droite.

Oui, devant l’urgence sociale et l’importance des défis qui sont posés à l’humanité, la gauche, toute la gauche, a parfois perdu ce qui faisait sa raison d’être : imprégner notre quotidien de ces valeurs d’égalité et de partages, de solidarités et de liberté. Alors, pour vraiment battre la droite, il faudra bien que la gauche s’élève et incarne cet autre chemin.

Il faudra bien que la gauche débatte, sereinement, sur les moyens qui sont nécessaires pour répondre à l’urgence sociale. Et il faudra bien qu’elle s’accorde pour arrêter cette fuite en avant dans la loi du fric et le pillage de la planète. Il faudra bien qu’elle reconnaisse que lorsque la vie de millions d’hommes et de femmes ne tient plus qu’à un fil, ce n’est pas la solution individuelle, du type « assouplir la carte scolaire », ce n’est pas la protestation stérile, qui nous permettra d’avancer. Il faudra bien inventer autre chose !

C’est cette ambition retrouvée qui réveillera le peuple de gauche. C’est cette ambition collective que je veux voir porter par toute la gauche.

C’est cette ambition que nous avons tenté d’organiser ces derniers mois, avec le triste résultat que nous connaissons tous et toutes. Permettez-moi de revenir un instant sur ce problème. Je crois sincèrement que l’écueil principal sur lequel nous sommes tombés est le fort rétrécissement de l’arc des forces qui, à gauche, avait permis de faire tomber la constitution européenne. Nous n’avons pas réussi à rallier à notre projet tous ces socialistes qui désirent sincèrement, aujourd’hui, une franche rupture avec ces politiques libérales. Nous ne sommes pas parvenus à rassembler tous ces hommes et ces femmes qui se battent chaque jour pour une vie meilleure et qui n’ont vu dans notre rassemblement qu’une petite union de forces antilibérales.

C’est pourtant toute la gauche que nous voulons imprégner de l’idée qu’il est nécessaire de rompre, en urgence, avec ces politiques libérales !

Et c’est cette ambition que je veux porter, ici, aujourd’hui : face à l’urgence sociale, face à tous les discours de renoncement, il n’y a pas d’autre voie pour la gauche que de relever à nouveau le flambeau du progrès social !

Oui, je suis convaincue que la gauche peut gagner ses élections. Mais elle ne gagnera pas sans faire gagner aux Françaises et aux Français le changement qu’ils attendent dans leurs vies.

Elle ne gagnera donc pas sans accepter le débat sur les idées et les moyens qui sont nécessaires pour changer de politique. Elle ne gagnera pas sans retrouver le souffle et le courage de Jaurès, de Blum, de Guy Môquet.

La gauche gagnera en étant ambitieuse. Elle gagnera en étant crédible.

Elle gagnera en ayant le courage de répondre enfin à toutes les attentes populaires !

C’est toute cette ambition que je veux servir, avec vous, lors de cette campagne, simplement parce que cet autre chemin, il existe !

Il existe et nous allons le faire connaître.

Ainsi, face Nicolas Sarkozy, face à François Bayrou, je veux dire que ce n’est pas la droite qui défend les entreprises. Ce n’est pas la droite qui défend le travail. Eux défendent le capital ! Défendre les entreprises, c’est empêcher de les laisser piller par des actionnaires sans foi ni loi. Défendre les entreprises, c’est leur donner les moyens de se développer et d’avoir accès aux crédits. Défendre le travail, c’est le respecter et donc ne plus laisser traiter les salariés comme des kleenex.

Parce que les salariés sont les premiers défenseurs de leurs entreprises, parce que c’est votre travail qui fait la richesse des entreprises, je propose de vous donner de nouveaux droits dans la gestion des entreprises et dans la définition de leur stratégie. Et je propose de donner aussi ces droits aux salariés des entreprises sous-traitantes des grandes multinationales qui en sont toujours les premières victimes !

Ce ne peut plus être aux marchés financiers et aux fonds de pension de financer les projets des entreprises : ils ont démontré leur caractère nuisible. Je propose donc un pôle financier public qui, sous le contrôle des salariés et des élus, autour de la Caisse des dépôts, des Caisses d’épargne et de la Poste, permettra d’allouer au mieux les fantastiques richesses de notre pays vers des investissements socialement utiles et respectueux de l’environnement !

Nicolas Sarkozy nous dit que l’on devrait travailler plus. Mais parle-t-il aux plus de 4 millions de salariés à temps partiel, à 80% des femmes, à qui l’on interdit de travailler plus, et à qui il ne propose rien pour qu’elles en finissent avec les salaires partiels ! Parle-t-il à ces quatre millions et demi de chômeurs à qui ses amis interdisent aussi de travailler, parce qu’ils ont fermé leurs usines, parce qu’ils les ont licenciés, parce qu’ils préfèrent augmenter leurs profits plutôt que de créer des emplois ?

C’est pour ces neuf millions de Françaises et de Français, mais aussi pour tous les autres, que je vous propose d’abroger le CNE. Je vous propose de mettre en place un plan pluriannuel de résorption de l’emploi précaire, des CDD et de l’interim, dans le public comme le privé. Je vous propose d’aller vers une sécurité d’emploi ou de formation qui garantisse à chacun un revenu et une véritable activité : je veux que chacun et chacune dispose tout au long de son parcours professionnel d’un revenu garanti, de l’accès à la formation, du temps de vivre et du choix de son évolution de carrière. C’est bien l’éradication du chômage qu’il faut viser !

C’est pour respecter le travail, enfin, que nous devrons le rémunérer à hauteur de son utilité sociale, pas en fonction de ce qu’en dit le marché.

C’est vrai pour les salariés dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser et à qui la droite, après avoir baissé la rémunération des heures supplémentaires, propose maintenant de les augmenter. Devant leurs mensonges sur ce travail qu’ils ne respectent pas, il faudra bien rétablir la vérité et porter le SMIC à 1500€. il faudra bien augmenter les traitements des fonctionnaires et tenir un « Grenelle des salaires » pour que le grand patronat lâche enfin ces augmentations qu’il ne s’accorde qu’à lui même.

Il faudra bien augmenter les retraites, pour tous les retraités, salariés ou paysans, qui ont travaillé toute leur vie et dont les pensions sont tellement faibles !

Et à tous ceux et celles qui vivent aujourd’hui des minima sociaux et que l’on montre du doigt, aux personnes touchées par le handicap dont l’allocation ne permet aucune autonomie, je m’engage à ce que ce terme de minima soit gommé du vocabulaire. Je veux qu’ils puissent tout simplement avoir les moyens indispensables pour vivre dignement. Un mot, enfin, sur la rémunération du travail paysan. Les paysans ont voté la semaine dernière. Et leur vote a exprimé le sentiment, souvent résigné, qu’il n’y aurait pas d’alternative à la politique agricole menée en France et en Europe.

J’aimerais dire ici le contraire. Parce que la France et l’Europe ont besoin d’une agriculture assurant notre souveraineté alimentaire, parce que nous avons besoin, pour cela, d’une agriculture familiale, nombreuse, partout sur le territoire, je m’engage à me battre pour garantir des prix rémunérateurs de leur travail, des prix qui permettent enfin aux paysans de bien vivre sur leur exploitation, notamment par la réforme de la politique agricole commune et la réduction des marges de la grande distribution !

Si la gauche ne porte pas ce niveau d’ambition pour tous les hommes et les femmes qui travaillent ou aimeraient travailler, elle ne pourra pas gagner une vie meilleure. Être un gouvernement de gauche, c’est s’engager à tout cela !

Toute cette précarité que la droite veut nous imposer, elle concerne aussi la santé, le logement, tout ce qui est absolument vital à la vie de chacun et chacune d’entre-nous.

Devant les économies faites sur la santé, devant les fermetures d’hôpitaux de proximité et la crise de l’hôpital public, je veux opposer le principe d’une Sécurité sociale universelle à 100%, avec au coeur l’hôpital public.

Et devant les remises en cause du droit à la retraite, je veux rappeler que la retraite est un droit, pas un privilège. Et je veux donc dire que la retraite à 60 ans, et 55 pour les travaux pénibles, ce doit être possible pour tous et toutes.

Et pour cela, je veux faire financer les revenus financiers, parce que l’argent existe pour la sécurité sociale !

Pour le logement, il faudra bien plafonner le coût du logement à 20% des revenus du foyer. Et il faudra construire 600 000 logements sociaux sur cinq ans afin de créer un grand service public de l’habitat, qui offre à chacun et chacune un lieu de vie agréable.

Si la gauche ne porte pas ce niveau d’ambition pour tous les hommes et les femmes, elle ne pourra pas gagner une vie meilleure. Être un gouvernement de gauche, c’est s’engager à tout cela ! D’autres combats sont à mener, le combat pour le savoir et la culture partagés afin que chacun et chacune décide de sa vie !

Les profs, hier encore, se sont mobilisés pour l’école de la réussite de tous et toutes. Nicolas Sarkozy, lui, nous a encore exposé, vendredi dernier, sa vision d’une école du passé, où la réussite ne serait réservée qu’à une infime minorité d’élus, où la masse des élèves n’aurait d’autre avenir que d’être employable !

Au nom de ces enfants qui attendent tant de l’école car la société leur refuse tout, je porterai le budget de l’Education nationale à 7% du PIB et ferai de la lutte contre les inégalités scolaires, pour assurer à chacun non pas une égalité des chances mais la chance d’une école de la réussite pour tous.

Aujourd’hui, c’est la qualité du travail des chercheurs qu’ils remettent en cause. Plutôt que de tuer la recherche publique, le gouvernement mettra en oeuvre leurs propositions, celles des Etats généraux de la recherche !

Enfin, pour cette société de la connaissance partagée, comment ne pas évoquer, ici à Bourges, le nécessaire soutien au développement de la culture ?

Le Medef et la droite veulent décimer les artistes et réserver la culture à quelques-uns. Pour les autres, ils réservent du pain et des jeux télévisés !

Aux 20 000 intermittents en lutte depuis 3 ans, dont certains ont dû abandonner leur métier ou qui sont toujours menacés, je veux dire, d’abord, que je les rétablirai dans leurs droits en faisant voter la proposition de loi qu’ils ont élaborée. Ce n’est pas au MEDEF de faire la politique culturelle de la France !

Je veux une autre ambition pour la puissance publique que de se soumettre aux diktats de la standardisation et du marché. Je propose donc qu’elle investisse 1% non pas du budget, mais du PIB, dans les arts et la culture, en faveur de la création, de la diffusion et de l’action culturelle. Je veux qu’elle investisse dans l’éducation populaire afin de faciliter l’accès aux oeuvres, pour tous les hommes et les femmes de ce pays, qu’ils résident au centre de Paris, dans une banlieue de grande ville ou d’un village du Cher !

Enfin, pour cette société de la connaissance et de la culture partagée, je veux m’engager à refonder un véritable pôle public de l’audiovisuel, en garantissant son financement et celui des médias associatifs et donc son indépendance à l’égard des logiques marchandes à l’oeuvre aujourd’hui. Je demande donc de supprimer la publicité sur les chaînes publiques et dans les émissions pour enfants et de favoriser, en France et sur la planète, la diversité culturelle, l’échange, le partage et l’appropriation des oeuvres de l’esprit. Et bien évidemment, je veillerai à maintenir la culture comme une exception aux règles du tout-marchand de l’OMC.

Etre de gauche, c’est cela ! Permettre à chaque individu de se construire.

Mettre en oeuvre ces réformes, c’est cela être un gouvernement de gauche.

Être de gauche, avoir l’ambition de faire de la France un pays d’égalité !

Cette égalité, je la veux entre les hommes et les femmes ; le féminisme doit être au coeur d’une politique de gauche.

Je m’engage à ce que la loi contre toutes les violences faites aux femmes soit présentée à l’Assemblée nationale dès le mois d’octobre. Je ferai respecter le droit à l’IVG ici, en France, et je me battrai dans les instances européennes pour que ce droit soit respecté dans les 27 pays qui la composent. Et j’adresse tous mes encouragements aux femmes du Portugal, pour leur référendum du 11 février.

Au lieu de faire encore de nouvelles lois sans les appliquer, il faudra prendre des mesures contraignantes contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité entre les femmes et les hommes au travail. Un corps d’inspecteurs de lutte contre les discriminations sera créé afin de faire appliquer les lois. Des moyens seront débloqués pour faire rentrer dans la vie les droits des personnes touchées par le handicap.

Au nom de l’amour et du droit à la parentalité, contre les moralistes qui ne changent jamais, la proposition de loi que j’ai déposée contre l’homophobie sera défendue par le gouvernement.

Être de gauche, c’est avoir l’ambition de faire de la France un pays de libertés !

Au nom des parents d’élèves que j’ai rencontrés, du réseau Education sans frontières, je m’engage à régulariser les hommes et les femmes qui aujourd’hui n’ont pas de papiers.

Au nom de celles et ceux qui s’engagent, j’agirai pour augmenter et sécuriser les moyens à la disposition des associations. Je propose que l’on reprenne le combat pour préserver le sport de la loi de l’argent. Je propose que l’on réinvente avec elles un grand ministère du temps libre.

J’ai conscience de déranger en disant cela, mais oui, on a besoin de réduire le temps du travail, pour avoir le temps de vivre ! On a besoin de permettre à chacun et chacune de s’épanouir aussi hors du travail !

Cela concerne le sport. Cela concerne les loisirs et le droit aux vacances.

Enfin, comment ne pas parler de la jeunesse pour laquelle Nicolas Sarkozy a eu tant d’égards ! Il l’assimilait à la racaille, il y a quelques années. Aujourd’hui, il dédie sa dernière loi aux mineurs, pour les mettre plus facilement en prison.

J’ai rencontré l’une après l’autre les organisations de jeunesse. Avec ce débat je construis dès maintenant une loi d’orientation pour les droits des jeunes. Je m’engage à reconnaître à la jeunesse de nouveaux droits et à les garantir, dès un collectif budgétaire en juillet, en instaurant notamment les allocations nécessaires à leur autonomie.

C’est un tel projet que nous sommes en droit d’attendre de la gauche. C’est cette ambition que je veux voir dans un gouvernement de gauche. Tout ce projet, il n’est pas fait de rêves ou d’illusions.

Il est bâti sur du solide.

Il est bâti sur du crédible.

Il repose sur ces moyens que nous avons identifiés et que la gauche au pouvoir devra utiliser, à moins d’échouer, encore une fois.

Ces moyens, ce sont bien sûr les moyens financiers.

Même Madame Parisot, celle qui se plaint pour tous ces patrons sans le sou, a dû concéder récemment que « jamais le monde n’a été aussi riche ».

Et, pour une fois, devant vous, je veux lui donner raison ! Mais cet argent, on ne se rend pas bien compte de ce que cela représente.

En 2006, les entreprises du CAC 40 ont fait 100 milliards d’€ de profit. Le budget de l’Etat, c’est 260 milliards d’€.

En 2005, les entreprises ont bénéficié de 567 milliards d’euros de ressources nouvelles. Sur cette sommes gigantesque, 400 milliards d’euros sont partis se sont volatilisés sur les marchés financiers. 30% à peine ont été investis dans la production ou la recherche. C’est cet immense gâchis que crée le capitalisme financier. C’est à cet immense gâchis que nous devons mettre fin, si l’on veut vraiment changer la vie.

Aussi, il ne faut pas tergiverser, la gauche doit avoir le courage politique d’aller chercher l’argent là où il est. C’est toute la fonction du grand pôle financier public que je m’engage à créer.

Mais c’est aussi tout le sens de la grande réforme fiscale que la gauche dit s’engager à mettre en oeuvre.

Jean-Claude Sandrier vous le dira mieux que moi : l’impôt sur le revenu ne pèse plus rien, 17% des recettes de l’Etat ! L’impôt sur les sociétés, que le Président de la République veut encore baisser, ne représente plus que 15% des recettes de l’Etat. C’est vous, vous avec la TVA qui assurez la moitié de ses recettes.

Aussi, pour l’école et la justice, pour la police et la recherche, pour la justice fiscale, il faudra bien réformer l’impôt.

Il faudra revenir sur les cadeaux de la droite et notamment supprimer le bouclier fiscal.

Ce sont de nouvelles tranches qu’il faudra créer, pour que les plus riches, contribuent davantage à l’effort de la Nation. Et tous les revenus financiers devront être imposés au même titre que les revenus du travail.

Je m’engage à tripler l’impôt sur la fortune pour ceux, les pauvres, dont le patrimoine excède 1,2 million d’euros.

Et pour aller chercher tous ces profits qui ne font que nourrir les marchés financiers, je m’engage, par la réforme de l’impôt sur les sociétés, à durement pénaliser les entreprises qui n’investissent pas dans la recherche, les salaires et la formation.

Ces moyens, c’est aussi, enfin, changer le pouvoir, partager le pouvoir !

Pour réussir, la gauche devra s’en prendre à la toute puissance des riches, de ceux qui décident pour vous !

C’est pour cela que je me bats pour une 6ème République qui assure à tous les citoyens et citoyennes des droits fondamentaux garantis par des services publics, une République fondée sur le droit effectif, pour le peuple, de participer aux choix de la Nation.

Elle décidera la proportionnelle et la parité à toutes les élections, les deux se conjuguent !

Et vingt-six après que cette promesse ait été faite, le droit de vote et d’éligibilité sera enfin reconnu aux résidents étrangers ! Ces moyens, enfin, c’est évidemment la transformation de l’Europe ! Il faut réformer l’Europe parce que le 29 mai 2005, les Françaises et les Français nous ont donné un mandat pour en finir avec ce dogme de la concurrence libre et non faussée, de la mise en concurrence des peuples, et donc pour abroger la directive Bolkestein.

Il faut réformer l’Europe parce que pour le droit à l’énergie, pour des transports plus écologiques, il faudra bien développer les services publics et revenir sur toutes les privatisations ! Il faudra réformer l’Europe parce que nous avons besoin de nouveaux services publics, pour l’eau, la petite enfance, le logement ou le médicament !

Rien que pour cela, il faudra bien se battre pour créer une Europe sociale, démocratique, CULTURELLE ( ?) écologique. Tout le monde s’accorde à dénoncer la politique monétaire de la Banque centrale européenne, et personne n’agit. Aussi je propose de relancer la bataille pour que cette Banque centrale soit enfin sous les contrôle des peuples, pour que sa politique du crédit favorise bien l’emploi, les salaires, et une nouvelle croissance socialement utile et respectueuse de l’environnement !

Le rôle de l’Europe, l’avenir de l’Europe c’est d’être en pointe de tous les combats pour un monde plus juste ! C’est donc de s’engager pour un véritable co-développement avec les pays du Sud. C’est de s’engager pour la paix entre les Nations, et donc d’agir, par exemple, pour le respect des droits du peuple palestinien à vivre dans un Etat libre et indépendant, dans les frontières de 1967, aux côtés de l’Etat d’Israël ! C’est d’être en pointe des combats pour une croissance sociale et écologique.

Ces combats devraient être de la gauche, au sein des institutions européennes. Ils seront les miens. Ils seront ma priorité, parce que je suis convaincue qu’en se battant au sein des institutions européennes, on pourra changer beaucoup de choses !

Toutes ces propositions, les unes avec les autres, pierre après pierre, elles peuvent être la France de demain.

Ces propositions, toutes ensemble, elles peuvent faire une France qui se réconcilierait avec ses valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité, ces valeurs depuis trop longtemps écrasées. Elles sont le ciment d’un monde de justice de d’humanité.

Et c’est bien parce que ces propositions existent que je suis ici ce soir, avec vous.

Et c’est bien parce que le changement est à portée de vote que je veux me battre pour imposer ces idées dans le débat et les faire gagner ! Nous en avons le pouvoir !

A ces millions d’hommes et de femmes qui, dans les quartiers populaires veulent dénoncer ce chômage, cette pauvreté, ces discriminations quotidiennes, nous pouvons venir débattre et expliquer que oui, concrètement, la vie peut changer.

Avec ces millions d’autres qui subissent la précarité au travail, ces cadences infernales, pour toujours ces mêmes salaires de misère, nous pouvons venir débattre et expliquer que oui, concrètement, la vie peut changer.

Avec ces millions d’hommes et de femmes qui, dans leurs villages laissés à l’abandon par l’Etat, l’Europe et ces entreprises qui délocalisent les unes après les autres, nous pouvons venir débattre et expliquer que oui, concrètement, la vie peut changer.

A tous et toutes, nous pouvons dire qu’ils peuvent faire le choix d’une gauche enfin populaire, une gauche porteuse des colères et des aspirations du monde du travail, une gauche qui au pouvoir ne renonce pas mais s’appuie sur l’intervention populaire !

C’est cette ambition que je veux porter !

Je veux dire à toutes celles et ceux qui le 29 mai 2005 se sont rassemblés pour le Non à leur Europe libérale que le respect de leur vote exige une gauche à 100% résolue à vraiment bouger l’Europe.

Je veux dire à tous ces hommes et ces femmes proches des socialistes, des écologistes ou des communistes, je veux leur dire que la gauche ne battra la droite durablement qu’en répondant aux immenses attentes populaires. La gauche ne gagnera qu’en portant l’ambition du changement en grand que je vous propose, de cette rupture avec les politiques libérales que nous sommes de plus en plus nombreux à exiger.

Ce sont ces idées qui pourront révolutionner la gauche. Ce sont ces idées qui, par leur soutien populaire, pourront enfin rendre nos vies meilleures !

C’est ce combat que je vous propose.

C’est ce combat que je veux mener.

C’est ce combat qui nous fera gagner !

Messages

  • Cela faisait pas mal de temps que je n’avait pas vue des gens d’horizon diverse être si radieux en sortant du meeting vendredi soir. Comme si enfin il pouvait de nouveau y croire. Merci aux organisateurs et au différents intervenants qui ont raconter leurs vécus jour après jour. Vendredi prochain c’est Francis WURTS qui sera à VIERZON 19h salle Madeleine SOLOGNE pour ceux qui serai intéresser, un banquet suivra.