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Jacques Broda : Appel à la Jeunesse de France
Publie le mercredi 18 avril 2007 par Open-Publishing1 commentaire
de Jacques Broda professeur de sociologie à l’université d’Aix-Marseille
Dans quelques jours, nous allons être confrontés à des choix politiques décisifs pour notre avenir, notre pays, notre société.
Je voudrais t’alerter sur l’importance du vote, sur ce qu’il engage de notre responsabilité commune, sur le poids de chacun. Il peut peser lourd dans la balance, il peut peser lourd dans le choix entre Civilisation ou Barbarie.
Jacques Broda : Appel à la Jeunesse de France
Si je te tutoie, ce n’est pas par familiarité, ou par populisme. C’est pour que tu prennes conscience de la réalité, de la catastrophe possible, de la destruction programmée de tous les acquis sociaux, démocratiques.
Tu le sais, ou tu l’as oublié, rien de ce qui nous entoure n’a été obtenu sans lutte, tenace, opiniâtre, organisée. Tu le sais, ou tu l’as oublié, tes grands-parents, voire tes arrière grands-parents ont défendu des idéaux, ont lutté, ont résisté. Ils se sont organisés, ils ont pensé pour toi un monde de justice et de paix. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Dans un pays, une Europe, un Monde où les inégalités et les discriminations vont croissantes, et où le racisme fait des ravages gigantesques ; ce n’est pas ce qu’ils voulaient, ce qu’ils espéraient. A ton tour que laisseras-tu comme héritage à tes enfants, tes petits-enfants ?
Tu le sais, le vis dans ta chair, le capitalisme est en train de tout détruire, les hommes, la nature, les cultures, les identités, l’espoir. Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas pensable de laisser opérer les bâtisseurs de ruines, sans riposte, sans violence, sans espérance.
Beaucoup résistent, s’organisent, proposent, construisent, élaborent un programme, ils donnent une autre image de la politique, ils font le futur, l’avenir, autour de propositions constructives, réalistes, radicales.
L’avenir, il ne pourra être construit qu’avec toi, pas seulement ton inscription, ton vote, mais ton choix, ton implication à défendre les valeurs de justice et de fraternité, sans lesquelles aucune vie n’est possible.
Les sirènes de la mort te découragent, te serinent ‘tous pourris’, ça ne sert à rien, on ne peut rien faire, rien changer, c’est comme ‘ça’ et pas autrement, tandis que d’autres programment l’extermination de ton peuple, de ta classe, de tes valeurs.
C’est un mensonge souvent relayé par les médias. Pourtant tu connais, tu entends, tu désires entendre un autre discours, une autre parole, une parole vraie. Elle existe, elle se situe dans la gauche dite ‘anti-libérale’.
Ici je ne fais pas de la propagande, pour ‘choper’ ta voix, ton vote. La question n’est pas là, la question n’est plus là. Ce n’est pas une question d’idées mais de dignité. Les valeurs de solidarité, de fraternité, de partage, de justice de paix, doivent être réalisées dans la politique. Des voix se lèvent, des peuples se lèvent, de jeunes résistent, ici contre le CPE, là-bas au Brésil, au Venezuela, en Bolivie.
Tu me diras : c’est loin ! Toi tu veux changer la cité de suite, le travail aujourd’hui, le logement en urgence et tu as raison. Mais, c’est impossible, impensable sans le détour de frapper fort les féodalités financières, mais surtout c’est impossible sans l’intervention consciente d’un peuple conscient du destin d’humanité.
J’ai peur. Tu dis concerné mais pas impliqué. Ici j’ai peur de ton scepticisme, voire ta passivité, pour ne pas dire ta démission. Je la juge irresponsable.
Ce n’est pas une accusation, c’est un constant terrible, la jeunesse intervient parfois, mais elle n’est pas organisée, elle ne structure pas sa révolte, elle ne porte pas, elle ne porte plus en elle les valeurs d’humanité.
Pas toute et je le sais, pas tous et tu le sais. Combien sont syndiqués ? Combien sont engagés sur des valeurs de civilisation ? Très peu. D’autres te découragent, te disent que rien ne sert à rien, dans le fond ils font de la haine de la politique une politique de la haine.
Je ne peux, nous ne pouvons nous y résoudre. Que penseraient de nous nos petits frères, nos enfants ?
Cet appel, à toi adressé, je l’ai intitulé « à la jeunesse de France ». Rassure-toi, la France n’est pas un fétiche, ni un drapeau, c’est une nation, un lieu où les hommes ont décliné la Déclaration des Droits de l’Homme, La Commune de Paris, 1936, et le programme du C.N.R (Conseil National de la Résistance). Refusant la barbarie, la sienne comme celle de nos frères, son peuple a eu conscience du destin d’humanité.
Tu me diras, c’est loin, j’en ai entendu parlé en histoire, en terminale et basta !
Stop.
Il faut maintenant se poser, et réfléchir à ce que nous voulons, à ce que nous pouvons faire ensemble. L’union fait la force, la désunion nous affaiblit. Notre force c’est notre association autour de désirs centrés, d’un programme construit, d’un candidat sincère.
Mais tout cela ne suffira pas, tout cela échouera si encore une fois nous laissons à d’autres le pouvoir de décider à notre place.
Tu le lis, tu le vis, cet appel n’est ni de facilité, ni de démagogie. Il est tout à l’opposé un appel au courage, à la fidélité, au travail, au partage. Il ne propose rien d’évident, de spontané. Il pointe ta nécessaire prise de conscience.
Civilisation ou Barbarie ? Tu ne me crois pas, tu trouves que j’exagère ? Ce qui fait le barbare est banalisé, vécu comme une fatalité. Pourtant un autre monde est possible, pensable, réalisable. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité les moyens matériels existent quant à résoudre la pauvreté, la faim, la santé, pour tous.
Pour tous. C’est l’affaire de la politique.
Tu fais partie de ce tous, et tous sont en toi, en droits conquis de hautes luttes.
Avant de te laisser penser, décider, je te propose d’entendre le poète portugais Jorge de Sena : « Je ne sais mes enfants, quel monde sera le vôtre, / Il est possible, car tout est possible, qu’il soit : celui que je souhaite pour vous. Un monde simple, / Un monde où tout soit permis, / conforme à vous goûts, à votre attente, à votre plaisir, / votre respect pour les autres, le respect des autres pour vous. / Il est possible que ce ne soit pas cela / qu’il vous intéresse de vivre. Tout est possible, / du moment que nous luttons, comme nous devons lutter / pour tout ce qui nous semble justice et liberté / Tout est possible… »*
*Cet appel, je l’ai écrit il y a deux mois, il a très peu circulé, aujourd’hui je le lance, comme une bouteille à la mer. Entre les lignes, tu interprèteras vers quel(le) candidat(e), mon cœur balance. C’est une femme, elle est anticapitaliste et populaire, elle a piloté le Ministère de la Jeunesse et des Sports, elle sera à Marseille le 19 Avril 2007.
Messages
1. Jacques Broda : Appel à la Jeunesse de France, 18 avril 2007, 18:21
Message reçu camarade :-)
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