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Karl Zéro annonce une censure depuis 2 ans

Publie le mardi 16 mai 2006 par Open-Publishing

Arrêt sur images : Karl Zéro annonce une censure depuis 2 ans
lundi 15 mai 2006, sur citron vert.

Arrêt sur images devient de plus en plus agaçante. Cette émission qui voudrait analyser le petit mode de la télévision passe le dimanche midi sur France 5.

En 1998, cette émission avait fait débat notamment dans le Monde Diplomatique. Bourdieu l’avait mis en cause, arguant du fait qu’une émission de télé ne pouvait pas bien analyser et prendre du recul par rapport au monde de la télévision en étant elle-même une émission de télévision.

Juste après le CPE, Daniel Schneidermann avait critiqué la présentation du journal du soir de France 2 par Béatrice Schönberg : certaines actions de Borloo (le mari de la présentatrice) critiquées sur TF1 ne faisaient même pas l’objet d’un reportage sur France 2. De plus, Bruno Julliard de l’UNEF, invité pour un sujet sur le CPE, avait aussi mis en cause des lancements de sujet qui était assez peu objectif selon lui.

Ces critiques avaient visiblement mis le petit monde de la télé en émoi, au moins celui de la rédaction de France 2. Des rumeurs courrent. Arrêt sur Images serait arrêté à la rentrée 2006, on lui reproche notamment son manque de "patriotisme" envers son entreprise. Cette annonce est démentie par la suite. En tout cas, on saisit davantage les marges de liberté permises pour chaque émission : si elle déplait, l’émission n’est pas maintenue. Qui aime bien, châtie bien (enfin pas trop quand même). On détient un pouvoir, on s’en sert, cela parait logique.

Le sujet de cette semaine dans Arrêt sur images était Karl Zéro dont l’émission s’arrête à la fin de la saison. L’émission Le vrai journal diffusée dans le même créneau sur Canal+, la chaine de Vivendi, prône elle aussi le "parler vrai". Un parler tellement vrai que lorsque Karl apprend la nouvelle, il appelle certains amis influents : Laurent Fabius, puis Nicolas Sarkozy, Jack Lang,... Celui qui prônait l’indépendance d’esprit appelle à la rescousse ceux qui naturellement ont tendance à la chercher. Cherchez l’erreur.

Désormais, Karl Zéro se sent libre et plus en "Biélorussie" (selon la propre description par l’intéressé). Ses ailes (re)poussées, il vient donc dans l’émission de Daniel Schneidermann pour raconter (une partie de) ses déboires.

Selon lui, il subissait des coupures depuis 2 ans dans les reportages CAPA (les reportages dit d’investigation) qu’il diffusait dans son émission. Des passages censurés par Canal+, la grande chaine de liberté de ton, l’animateur-journaliste en relate deux qui ont d’ailleurs tous à voir avec des intérêts financiers de la chaine, par rapport à des contrats passés à l’étranger (des reportages sur la Tunisie ou l’Algérie). On n’ose pas se demander ce que ça doit être pour la France...

Karl Zéro dénonce aussi le fait de payer les pots cassés pour avoir déclencher la mise en cause de Baudis dans l’affaire Patrice Alègre. Durant l’émission, ses détracteurs nuancent ses propos constamment. En tout cas, c’est tout à fait des propos de télévision qui vous apprennent clairement que l’indépendance des journalistes n’existe pas : on dépend de ses annonceurs, de ses diffuseurs, de l’audience. Un produit, si on veut l’analyser, doit être remis à sa place dans sa chaine de production et notamment savoir ce que ça rapporte et à qui.

Enfin, quand on promet l’indépendance d’un média et la liberté de ton, cela relève du même registre que la spontanéité (Delanoé), le rupture avec la langue de bois (Copé), ou ce qui, à tort, est devenu le politiquement incorrect [1] : encore une contrefaçon médiatique dont il faut se méfier...

pour le Voir en ligne : Pour voir ici l’émission encore pendant une semaine (Format RealPlayer), aller sur citron vert.

[1] politiquement correct, diffusé par la "gauche culturelle" américaine, signifie à la base un langage neutre qui ne met aucun citoyen dans une situation d’infériorité pour pouvoir avoir une base de dialogue (le langage a donc des présupposés politiques qui instaure des rapports de force inégaux par un effet d’étiquetage)