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Khadija Ryadi : les acquis démocratiques au Maroc restent fragiles
Publie le dimanche 24 juin 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Khadija Ryadi : les acquis démocratiques au Maroc restent fragiles
Le : (24/6/2007)
Les forces de l’ordre sont intervenues, vendredi 16 juin, d’une extrême brutalité et violence contre les militants de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). La présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi, a reçu des coups sur son crâne. Ses deux adjoints Abdelilah Ben Abdesslam et Abdelhamid Amine ont été sérieusement inquiétés. Entretien avec Mme Ryadi :

PHOTO : Khadija Ryadi, présidente de l’AMDH, jetée à terre par les forces auxiliaires, le vendredi 16 juin 2007.
Pouvez-vous nous parler des événements de vendredi 15 juin 2007 ?
L’instance nationale de solidarité avec les détenus du 1° mai (INSAD) a appelé à organiser une journée de solidarité le 15 juin. Ces détenus ont été poursuivi pour soit disant atteinte aux sacrés, accusations que les tribunaux ne sont pas arrivés à démontrer.
En revenant au 15 juin, les participant(e)s au sit-in de l’INSAD commençaient à peine à rejoindre la place devant le parlement, et avant même de scander aucun slogan, avant même de sortir la banderole contenant l’objet du sit-in, et sans aucun avertissement ni tentative d’évacuation de la place selon les procédures légales (ce qui est obligatoire même si c’était un rassemblement illégal) les matraques des forces auxiliaires se sont abattues sur les participant(e)s d’une façon sauvage et sur toutes les parties du corps sans épargner la tête, en utilisant également leurs brodequins qui ont laissé des blessures profondes dans les jambes de plusieurs personnes.
Je ne peux pas citer toutes les personnes qui ont été torturé ce jour là, il y en a aussi des membres d’autres ONG tel que Nouhi Mohamed vice président du centre marocain des droits humains. Le nombre dépasse une trentaine sans compter les passants qui ont eu leur part de violence et qu’on ne connait pas. Les soldats ont aussi volé les portables et l’argent qui tombaient des poches des victimes.
Quelle est votre réaction face à cette vague de répressions ?
Le bureau central (BC) a publié un communiqué de dénonciation de cette violence sauvage qu’il a qualifié d’actes de vengeance contre les positions fermes et de principe que l’AMDH a toujours prises en toute franchise et sans complaisance aucune envers quiconque.
Le BC a aussi rappelé que ces méthodes sauvages n’arrêteront jamais la lutte de l’AMDH pour un Etat de droit et qu’elles ne font que démontrer que les discours officiels sur la démocratie au Maroc sont des discours vides et sans aucune crédibilité. D’un autre coté le BC a saisi le premier ministre pour lui demander d’assumer ses responsabilités devant ces faits graves. Et a aussi saisi le ministre de l’intérieur pour lui demander d’ouvrir une enquête pour déceler et déterminer les responsabilités au sujet des événements du 15 juin.
Le BC organisera aussi une conférence de presse mardi 26 juin au local du syndicat national de la presse à 10h du matin pour annoncer les autres mesures qu’il entreprendra pour répondre à cette offensive.
Au début le pourvoir a montré des signes de modernisation. Comment expliquez-vous ce revirement ?
L’AMDH a toujours qualifié les progrès en matière des libertés et droits humains de fragiles et réversibles car malgré les acquis que le mouvement démocratique marocain a pu arracher dans les 20 dernières années, le manque de garanties constitutionnelles de ces réformes les rend fragiles. La mise en place d’une constitution démocratique qui répond aux engagements internationaux du Maroc en matière des droits humains est une condition nécessaire (bien qu’insuffisante) à l’édification d’un Etat de droit et à la jouissance des marocains et marocaines d’une citoyenneté complète.
On peut citer comme défaillance de la constitution actuelle : l’absence d’un pouvoir juridique indépendant et impartial qui puisse protéger les citoyen(ne)s des abus de pouvoir et de l’arbitraire. La justice que nous avons est encore une justice aux ordres. La constitution devrait aussi assurer la séparation des pouvoirs non seulement entre les 3 pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif mais aussi entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux.
D’autant plus que le parlement dans la constitution actuelle n’a pas de vrai pouvoir législatif, Le gouvernement ne jouit pas effectivement de pouvoir executif. Et les pouvoirs sont concentrés au niveau de la monarchie.
Une autre raison de ce revirement est aussi la situation de l’impunité dont jouissent les présumés responsables des crimes politiques et crimes économiques commis dans les années de plomb et ceux d’aujourd’hui aussi. Cette situation a permis à des tortionnaires présumés de garder leurs postes dans les hautes sphères des institutions sécuritaires ; ce qui les encourage et encourage d’autres responsables à continuer de comettre de nouveaux crimes contre le peuple marocain.
L’AMDH avait publié une liste de ces présumés tortionnaires et a appelé le parlement à ouvrir une enquête à ce sujet sans aucune réponse à cette requête sauf la violence et l’arrestation des militants et leur poursuite en justice en décembre 2000. Hmidou Laanigri fait partie de cette liste et ceci explique en partie la brutalité de l’intervention de ses services le 15 juin en visant spécifiquement les membres et responsables de l’AMDH.
L’AMDH est souvent décrite comme un rempart contre la radicalisation des protestations. Qu’en pensez-vous ?
L’AMDH n’a pas parmi ses objectifs de s’ériger en rempart contre la radicalisation des protestations . L’AMDH est une association, pas un parti politique : Elle est engagé à défendre les droits humains dans leur universalité et leur globalité. Ceci passe par ses actions de protection desdits droits en dénonçant leur violeurs : l’Etat (l’AMDH dénonce les violations sans prendre compte de la tendance politique du gouvernement en place, que ce soit un gouvernement de droite ou de gauche).
Pour le moment l’Etat est encore la principale source de violations de droits humains mais elle dénonce aussi des groupes et des personnes dont émane les violations ; tels que les groupes terroristes et les mouvements utilisant la religion pour porter atteinte aux droits humains, tout en soutenant ces personnes quand elles sont elles même victimes de violations de leurs droits.
L’AMDH assure le soutien de toutes ces victimes selon ses moyens, et ce à grâce à ses 8000 membres volontaires organisés dans 70 sections couvrant tout le Maroc. Cette couverture lui permet d’être proches des victimes de violation de droits humains là ou ils se trouvent, mais évidemment les violations sont tellement répandues que même avec cette force organisationnelle, l’AMDH ne peut répondre aux attentes de toutes les victimes et ne peut donc suivre qu’un nombre réduit des cas.
Son action englobe aussi des programmes de promotion de la culture des droits humains en particulier au milieu des jeunes.
Les valeurs de tolérance, de dignité, d’égalité, de paix et de solidarité qu’elle veut diffuser sont le rempart non pas contre la radicalisation des protestations. Car le terrorisme, l’émigration irrégulière qui arrache la vie à des centaines de jeunes, ou encore le crime et la violence ne sont pas des méthodes de protestation mais les résultats d’exclusion, de pauvreté, et de négation des droits humains les plus fondamentaux. L’action de l’AMDH est plutôt un rempart contre la domination de culture de violence, et contre le désespoir.
Prpoos recueillis par Aziz El Yaakoubi
http://www.menara.ma/Infos/includes/detail.asp?article_id=7774&lmodule=Maroc
Messages
1. Khadija Ryadi : les acquis démocratiques au Maroc restent fragiles , 30 juin 2007, 15:30
LETTRE D’ALGER
Une fois de plus nos prémonitions et nos prédictions se sont avérées justes quand à l’avenir politique du Maroc.
Durant les années 90 nous n’avons cessé de prévenir nos militants de gauches qu’il faut continuer notre lutte jusqu’au bout, jusqu’à l’obtention réelle d’un Etat de droit. Un Etat de droit ou la loi est reine et gouverne, où les pouvoirs sont indépendants, où la justice n’est pas aux ordres du roi, ou les libertés de l’homme sont respectées, notamment la liberté d’expression, qui est un droit élémentaire de la vie sociale et culturelle, et qu’il faut toujours se battre pour la faire respecter, la maintenir, la consolider et l’élargir.
Nous avons demandé à nos camarades que la liberté s’arrache et ne se donne pas. Et qu’il ne faut pas se suffire aux solutions et compromis mutilés et partiels. La liberté est entière et totale dans tous les domaines de la société.
Nous avons démontré à nos camarades et par la parole et par mon article « A vos marques » qu’il faut se méfier de l’hirondelle qui ne fait pas le printemps, qu’il faut se méfier de ce roi despotique qui est plus dangereux que son père tyran. Car le tyran est rigide et risque de casser à tout moment, ce qui devait se passer à maintes reprises, si ce n’est la volonté du firmament qui a toujours être hélas de son côté. Par contre le despote est toujours flexible et asymptotique sans changer de structure.
Nous vous avons expliqué que ce n’est pas le régime qui a cédé de son propre gré ces espaces de libertés qu’il a appelé d’une manière cocasse « alternance » et « réconciliation », mais c’est grâce au militants fervents qui ont crié très fort et qui sont morts dans les prisons vers la fin des années 80.
Malheureusement pour nous, des militants comptés sur la gauche marocaine, et qui ont perdu leur haleine, ils étaient à bout de leur souffle et se sont jetés entre les bras du régime que nous avons combattu, ce pouvoir qui représente le modèle d’une société bloquée, bureaucratique, policière . Un régime moyenâgeux, archaïque, théocratique, tyrannique et criminel. Un régime de pulsions d’emprises : barbare et animal.
C’est l’oppression qui est censée donner naissance à la liberté, et c’est bien la répression qui doit engendrer les droits de l’homme.
Nos gauchos crédules n’ont même pas eu le temps d’analyser les propositions du régime, ni laisser le temps au temps, pour voir la réalité des choses. Ils on joints leurs mains à celle du despote, et sont devenus des baisemains, pour dire au monde entier que le Maroc a changé, et qu’il y a une nouvelle ère de démocratie, et tout cela pour que le roi leur jette des nonos ce qui prouve qu’ils n’étaient que des va-nu-pieds et des flagorneurs au détriment du peuple marocain.
Ces gens ont joué un rôle dangereux contre le peule marocain. Ils ont rendu la virginité politique au régime tortionnaire marocain, malgré que celui-ci a toujours continué et pendant ces mêmes périodes à martyriser le peuple marocain, toutes tendances confondus, car les droits de l’homme sont toujours les droits de l’homme, qu’il soit marxiste, maoïste, islamiste, démocrate, anarchiste, mécréant, homosexuel…etc. le régime a toujours continué la même politique de menace et de harcèlement et de torture au nom de la lute contre le terrorisme, tout en exerçant sur nous, les gauchos le terrorisme intellectuel .
Ces « vendus » devenus des sicaires ont touché de gros pots de vin, ils sont devenus des nababs de la nouvelle ère. Une nouvelle ère ou le dealer se confond avec le politique.
Un grand socialiste a permis la suspension de trois journaux indépendants, et a déployé un code de la constitution dont il a été victime lui-même.
Et il a quitté la scène politique par la petite porte comme un caniche.
Un autre a accepté de jouer le rôle d’arbitre entre les victimes des années de plombs, sans avis ni aval du peuple marocain victime et trahi dans ses libertés depuis l’indépendance.
Et la première chose qu’il a déclarée, c’est que les instances et les associations des droits de l’homme sont des mafias, et qu’il n’existe pas de prisons secrètes au maroc. Et son rapport était fait d’une manière qui n’implique personne, ni le roi, ni ses vassaux, ni ses chiens de garde impliqués dans des crimes politiques flagrants dont celui de Mehdi benbarka.
Il s’est accaparé avec ses complices de la détention du budget de la réconciliation que devaient toucher ces gueux marocains qui ont été dépourvu de leur bien durant des décennies auparavant.
Il est devenu très très riche ce qui lui permettait de passer « un siècle » dans un hôtel de luxe à Paris, grâce l’argent du peuple.
Et comme la nature n’est pas injuste comme l’homme, il a quitté très rapidement ce monde, laissant derrière lui ce prestige régal et cette fortune qui ne lui appartient pas.
Dieu ne lui pardonne pas.
Pendant ce temps là, ceux quoi sont censés défendre les valeurs de la liberté se sont penchés dans la meute pour tirer profit du butin largué par ce despote. Entre temps, celui-ci a placé ses aphidés, des médiocres soumis à sa politique dans différents postes et a entériné sa nouvelle politique de médiocratie :
Il a massacré des centaines de marocains arbitrairement au nom de la lutte contre le terrorisme.
Il a crée de nouveaux lieux de détention arbitraire à travers le Maroc.
Il a dépouillé des grandes familles de leur bien.
Il a exercé sur la populace l’autisme et le mutisme, qui ne fait que suivre le régime dans ses festivités : quand le despote est en fête elle l’est aussi, quand il est triste elle l’est aussi… rien n’est authentique, sa vie dépend de celle du despote.
Il a arrêté un grand journaliste indépendant et l’a privé d’exercer son métier.
Il a massacré des manifestants sahraouis à plusieurs reprises sans état d’âme.
Et pendant ce temps là, où étaient ceux qui devaient garder « le temple de la liberté » ?
Ils étaient occupés par les invitations à travers le monde pour mentir et dire que le Maroc vit une démocratie réelle, plus que « les ricains » et les « francs ».
Aujourd’hui, le pouvoir est plus féroce qu’avant, plus difficile à combattre puisqu’ il a su tirer le tapis au dessous des pieds de tous les partis politiques qui sont devenus de simples spectateurs et non des dépôts de loi qui doivent limiter le pouvoir du roi.
Aujourd’hui, les procès contre « les manifestants du premier mai » ont mis en relief la soumission de la justice au roi. le roi a emprisonné ces syndicalistes au cours des manifestations du premier mai 2007, au nom de « la sacralité du roi », de la même manière qu’il l’a utilisé contre de Ali LMRABET, que nous avons toujours combattu par le passé. Cette invention crée par les androlâtres de l’ancien régime et qui nous fait retourner à l’âge de la pierre, où l’homme vénérait tout même sa race humaine.
Il n’ y a que l’homme qui est sacré dans ce monde.
Le régime a osé une fois de plus, utiliser la force et l’hostilité contre des manifestants de droits de l’homme en la personne de KHADIJA RYADI présidente de l’AMDH et ses acolytes, ainsi que d’autres personnalités militantes . Et par ironie du sort, le forfait a été accompli par un ex tortionnaire de « tazmamart » qui figure parmi les têtes demandées pour réédition à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc par des victimes des années de plomb. Ceci démontre bien comme il faut, qu’il ne doit pas y avoir d’ impunité pour toute personne commettant des abus de pouvoirs, les tortionnaires d’hier d’aujourd’hui et de demain, voir les laisser au centre du pouvoir après ce qu’on s’amuse à appeler « réconciliation ».
A tous ceux qui veulent ignorer les violations graves des droits de l’homme et de l’expression libre perpétrées par le roi du Maroc, nous vous rappelons les mots d’ALBERT CAMUS :
« Maintenant il n’ y a plus d’aveugle, de sourds et de muets, mais seulement des complices. »
Quand la prison devient un honneur c’est que le roi s’est perverti.
C’est dans les combats menés que se trouvent les conditions du succès de demain. Il faut se battre même si le combat est inégale et semble perdu d’avance, car il vaut mieux perdre en se battant, que perdre sans se battre.
Fait à ALGER 30 juin 2007
MOURAD DEGAULLE
Alias
KADDOUR ERRAMI
Ecrivain journaliste freelancer
Réfugié marocain en Algérie
degaulle10@hotmail.com