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"L’Europe tue la pêche artisanale"

Publie le jeudi 16 avril 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

De BERNARD DELATTRE
Le blog de notre correspondant à Paris
CORRESPONDANT PERMANENT à PARIS
libre belgique

Les marins français bloquent les ports du Nord pour protester contre les quotas de pêche européens. Le trafic maritime s’en trouve très perturbé. L’action, "dure", pourrait dynamiter la campagne pour le scrutin des européennes.

Des milliers d’utilisateurs des ferries transmanche ont été plongés dans un embarras considérable mercredi. Pendant toute la journée, en effet, les bateaux d’un demi-millier de pêcheurs français ont poursuivi leur action de blocage des ports de Calais, Dunkerque et Boulogne-sur-Mer, entamée mardi. Mercredi soir, la Justice française, saisie par les compagnies de ferries, a enjoint les syndicalistes de lever ces barrages, sous peine d’astreintes financières.

Les marins de la Manche réclament une hausse des quotas européens de pêche pour le cabillaud, la sole ou le merlan. Quotas dont le respect est censé assurer la reconstitution des stocks de poissons, mais qu’ils ont épuisés en trois mois. Attroupés autour de banderoles fustigeant "l’Europe (qui) tue notre pêche" , les marins ont réclamé "des quotas qui permettent de vivre décemment" . Selon eux, les quotas actuels ne "permettent pas de vivre plus d’un trimestre par an" . Ils s’insurgent que "des pays nordiques" - comme la Norvège, non-membre de l’Union - "s’octroient des dizaines de milliers de tonnes de cabillaud alors que nous, on n’en demande que quelques milliers".

Le ministre français de la Pêche, Michel Barnier, a exhorté les marins à "accepter les règles du jeu" européen et à "faire preuve de responsabilité" . Il a convenu que "les quotas ne sont pas le système idéal" - "mais on n’en a pas encore trouvé de meilleur" . Tout comme la Commission de Bruxelles, il a néanmoins rappelé que les quotas de pêche de cabillaud avaient été augmentés de 30 pc pour 2009. Paris consent donc uniquement à octroyer des "mesures d’accompagnement économique" aux pêcheurs de la Manche qui ont dépassé leurs quotas et sont dès lors empêchés d’exercer leur métier.

Préavis de grève au tunnel

"Mais 30 pc de misère en plus, c’est toujours la misère !" , ont rétorqué les marins. Qui refusent "toute subvention" et veulent qu’on les "laisse seulement pêcher" . Malgré les astreintes dont ils sont menacés, les grévistes ont annoncé un mouvement "dur et illimité" : "Notre pêche artisanale est en train de mourir. On n’a plus rien à perdre." Ils espèrent la propagation du mouvement aux ports de Dieppe, Le Havre ou Cherbourg, à la Bretagne, voire aux ports d’Irlande, du Royaume-Uni ou d’Espagne. Ce jeudi, ils bénéficieront d’une grève "de solidarité" des syndicalistes du tunnel sous la Manche.

Les marins accusent Nicolas Sarkozy de ne pas avoir tenu la promesse qu’il leur avait faite, avant la présidence française de l’Union européenne, d’utiliser celle-ci pour assouplir un système de quotas de pêche dont le chef d’Etat lui-même avait naguère fustigé la rigidité. Mais Paris est coincé car, comme l’a rappelé Bruxelles mercredi, il est du seul pouvoir des ministres européens de la Pêche de décider ensemble de revoir les quotas.

Voilà un conflit social qui, en tout cas, pourrait en France tendre la campagne pour les élections européennes de juin. Le ministre Barnier, en effet, mène une des listes de l’UMP pour ce scrutin. D’autant qu’un autre front s’est ouvert mercredi, avec l’annonce par l’Europe du raccourcissement de quinze jours de la campagne de pêche du thon rouge en Méditerranée - autre sujet traditionnellement chaud dans les ports de l’Hexagone.

Messages

  • Le bon sens serait :

    1- de renforcer ces quotas pour tous les pays ;

    2- de mettre fin à la pêche industrielle ;

    3- de mettre en prison les pêcheurs de thon rouge qui ne respectent pas la loi.

    Les mers et océans se vident, et bientôt les méduses auront définitivement remplacé les poissons... donc il faut réduire considérablement le nombre de prises.

    Tout cela provoquera bien évidemment une hausse du prix du poisson. Mais :

    1- celle-ci surviendra de toutes manières, car si le poisson se fait plus rare à cause de la surpêche, dans ce système libéral, la loi de l’offre et de la demande jouera en défaveur du consommateur ;

    2- rien n’empêche les Etats de légiférer pour qu’ils fixent eux-mêmes la rémunération des pêcheurs et le prix du poisson vendu au détail ;

    3- nous ne sommes pas obligés de bouffer du poisson et de la viande à chaque repas : l’être humain est omnivore et peut donc vivre sans aucun problème sans se goinfrer de poisson et de viande à chaque repas. Manger un poisson ou une viande durant un seul repas tous les quinze jours ne peut pas faire de mal, si chaque repas reste équilibré.

  • Malheureusement, je ne soutiens pas ce mouvement ; il faut restreindre drastiquement les quotas de pêche et vite .
    Je ne soutiens pas non plus les maires du littoral qui veulent délivrer des permis de construire alors que les mers vont monter .
    Pour le thon rouge qui va disparaitre, je suis pour l’interdiction absolue, les gens apprendront à manger autre chose .
    Tout n’est pas défendable, il faut imaginer autre chose, les pêcheurs devraient y réfléchir .