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L’Irlande revote sur le traité de Lisbonne

Publie le vendredi 2 octobre 2009 par Open-Publishing
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Plus d’un an après avoir rejeté le traité de Lisbonne, les Irlandais votaient à nouveau vendredi sur ce texte réformant le fonctionnement de l’Union européenne. Selon de récents sondages, le "oui" a cette fois de bonnes chances de l’emporter.

Le gouvernement et presque tous les principaux partis ont soutenu le traité. Le Premier ministre Brian Cowen a exclu un troisième vote, ce qui signifie qu’un nouveau "non" irlandais pourrait enterrer définitivement le traité.

Les bureaux de vote fermaient à 21h gmt, et les résultats étaient attendus pour samedi. Les autorités électorales faisaient état d’une faible participation au début du vote.

Le Premier ministre et les leaders de l’opposition estiment qu’un nouveau "non" serait préjudiciable à l’Irlande. Brian Cowen a également averti jeudi qu’une victoire du "non" plongerait l’Union européenne dans une "incertitude extraordinaire".

Les adversaires du traité craignent que le texte ne permette à l’Union européenne d’imposer des mesures impopulaires à l’Irlande, comme une hausse de la fiscalité, la légalisation de l’avortement et une hausse de l’immigration. Ils dénoncent également le fait que les Irlandais doivent revoter alors qu’ils ont déjà dit "non" l’an dernier.

En juin 2008, les Irlandais avaient rejeté à 53,4% le traité, censé améliorer le fonctionnement institutionnel d’une UE élargie à 27 pays. Le "non" irlandais s’était nourri des craintes soulevées par les opposants au traité, qui y voyaient une menace pour des "spécificités" auxquelles les Irlandais sont attachés : la neutralité militaire, l’interdiction de l’avortement et une faible fiscalité sur les sociétés.

Les partenaires européens de Dublin ont depuis apporté des "garanties" pour rassurer les Irlandais sur ces points. Ils ont également renoncé à réduire la taille de la Commission comme le prévoyait le traité initialement. Une disposition qui avait joué en faveur du "non" car il aurait signifié pour l’Irlande, comme pour les autres petits Etats membres, la perte de leur droit automatique à avoir un commissaire à Bruxelles.

Depuis un an, l’Irlande traverse une grave crise économique et financière, et le sentiment des électeurs à l’égard de l’UE a changé, de nombreux Irlandais estimant que leur pays a besoin de l’Europe. Les derniers sondages d’avant-scrutin prédisaient une victoire du "oui" avec quelque 55% des voix. Les analystes s’interrogent toutefois sur la possibilité que de nombreux Irlandais votent "non" pour sanctionner le très impopulaire gouvernement de Brian Cowen.

Le traité a déjà été ratifié par les 26 autres Etats membres, mais doit l’être par l’ensemble des Vingt-Sept pour pouvoir entrer en vigueur. L’Irlande est le seul pays à se prononcer par référendum, ses partenaires européens ayant opté pour la voie parlementaire.

Le traité, rédigé en remplacement de la défunte Constitution européenne rejetée par les Français et les Néerlandais en 2005, reprend la plupart des dispositions de celle-ci. Il doit ainsi faciliter la prise de décision avec l’extension du vote à la majorité qualifiée et l’instauration à terme d’un nouveau système de vote à double majorité (55% des Etats membres et 65% de la population).

Il renforce aussi les prérogatives du haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, et prévoit la désignation d’un président pour un maximum de cinq ans afin de présider les conseils européens et représenter l’UE à l’étranger.

Le camp du "oui" a cette fois mené une campagne plus énergique, réunissant des personnalités du monde des affaires, du sport et du spectacle. Brian Cowen a estimé que ce référendum était aussi important que la décision de l’Irlande en 1973 de rejoindre la Communauté économique européenne, et qu’il déterminera "la direction" que prendra le pays pendant des décennies.

Des dirigeants du monde de l’entreprise ont aussi joué un rôle dans la campagne, avertissant que l’Irlande perdrait son attrait si elle était perçue comme hostile à l’UE. Selon un sondage publié par la Chambre de commerce américaine, 93% des patrons des entreprises américaines installées en Irlande estiment qu’une victoire du "non" risque de faire perdre de futurs investissements au pays. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/europe/20091002.FAP6320/lirlande_revote_sur_le_traite_de_lisbonne.html

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