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L’Union européenne condamne l’assassinat de Cheikh Yassine

Publie le lundi 22 mars 2004 par Open-Publishing

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont condamné lundi l’assassinat du cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, redoutant des conséquences graves pour le Proche-Orient et l’Europe elle-même.
Israël a immédiatement confirmé lundi sa responsabilité dans la mort de cet homme de 67 ans, qui est le dirigeant palestinien de plus haut rang tué par Israël depuis le début de la seconde intifada il y a plus de trois ans, en septembre 2000.

"La France condamne l’action conduite contre le cheikh Yassine", a dit le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin à son arrivée à une réunion avec ses homologues de l’UE, qui devraient adopter une déclaration.

"A l’heure où il est si important de se mobiliser pour la relance du processus de paix, de tels actes ne peuvent qu’alimenter la spirale de la violence," a-t-il ajouté.

"Nous comprenons tous le besoin d’Israël de se défendre (...) dans le cadre du droit international," a déclaré le secrétaire au Foreign Office, Jack Straw, à son arrivée à la réunion des Vingt-Cinq. "Mais il n’est pas autorisé à pratiquer ce genre d’assassinat illégal, et donc nous le condamnons." "C’est inacceptable, c’est injustifié et il est très peu probable que cela permette (à Israël) d’atteindre son objectif." Cette condamnation a été relayée par d’autres pays.

"Je comprends qu’Israël (se) défende," a déclaré à quelques journalistes le chef de la diplomatie polonaise, Wlodimierz Cimoszewicz. "Toutefois, l’image d’une personne clouée dans une chaise roulante tuée par un missile n’est probablement pas la meilleure manière de promouvoir la sécurité d’Israël."

"LA CONDAMNATION DOIT ETRE PLUS FORTE" "Je crains que cela puisse avoir des conséquences très, très négatives," a-t-il ajouté en redoutant un accroissement des violences entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi des "menace d’attaques terroristes" dans l’Union européenne.

Cette crainte est largement partagée parmi les ministres.

"J’ai réellement peur que nous allons vivre de nouvelles violences," a souligné la Luxembourgeoise Lydie Polfer.

Pour Javier Solana, le Haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité, l’Union européenne a toujours condamné les exécutions extrajudiciaires, mais celle-ci est différente.

"Dans ce cas particulier, je pense que la condamnation doit être plus forte," a-t-il dit. "Cela ne sera pas une contribution constructive, positive, bien au contraire.

Cela sera très, très mauvais pour le processus de paix."

Seul le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, dont le pays est traditionnellement beaucoup plus réticent à condamner Israël, s’est montré moins net, appellant "toutes les parties (à) faire plus pour éviter l’escalade".

L’armée israélienne a justifié l’assassinat de cheikh Yassine en le rendant "personnellement responsable de dizaines d’attentats terroristes". Au moins sept autres personnes dont deux gardes du corps sont mortes dans le raid israélien.

Son assassinat donne le signal d’une guerre ouverte entre Hamas et Israël, a déclaré Abdelaziz Rantissi, dirigeant politique du mouvement radical islamiste.

Israël avait annoncé de nouveaux assassinats ciblés de dirigeants radicaux palestiniens en réponse aux deux attentats suicide d’Ashdod, qui ont fait 10 morts dimanche dernier.

Selon la radio israélienne, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a ordonné personnellement la frappe sur Yassine.