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L’agitation palestinienne se propage, Arafat parle de complot

Publie le lundi 2 août 2004 par Open-Publishing

par Diala Saadeh

RAMALLAH, Cisjordanie - Yasser Arafat s’est engagé à tenir bon face à ce qu’il a appelé les "complots et escalades" visant, selon lui, à contester son leadership.

S’adressant à ses partisans du mouvement Fatah massés devant les ruines de son QG de Ramallah, où il est bloqué depuis deux ans et demi, le président palestinien s’est exclamé : "Nous resterons ferme face à toutes les conspirations et escalades."

Il n’a pas été plus explicite, mais la foule s’est mise à scander "Dahlan, démissionne !". Ancien responsable de la sécurité dans la bande de Gaza, Mohamed Dahlan, 42 ans, est un des plus jeunes prétendants à la succession d’Arafat.

Dirigeant étudiant du temps de la première intifada dans les territoires occupés, entre 1987 et 1993, il en avait été expulsé par Israël mais avait coordonné la poursuite de la révolution des pierres à partir de Tunis, où il avait gagné la confiance d’Arafat.

Dahlan, qui participé aux négociations avec Israël sur l’autonomie palestinienne, avait en revanche suscité l’ire du chef de l’OLP en exprimant ses réserves devant l’absence de cohérence de la ligne suivie par Arafat durant la deuxième intifada lancée en septembre 2000.

Certains partisans d’Arafat l’accusent aujourd’hui d’avoir en sous-main manipulé l’agitation interne qui a secoué les territoires palestiniens ces dernières semaines, fragilisant l’autorité du président de l’Autorité autonome, déjà boudé par Israël et les Etats-Unis.

Dahlan a démenti nourrir de telles intentions mais il fait partie des personnalités du Fatah qui ont critiqué le plus vivement l’incapacité du vieux raïs palestinien de 74 ans à enrayer la corruption chronique au sein de l’Autorité autonome.

DAHLAN EN COUR A WASHINGTON

"Le peuple palestinien soutient Yasser Arafat mais pas les gens corrompus dont il est entouré", s’est-il permis de déclarer dimanche sur l’antenne de la chaîne saoudienne Al Arabia. "Il est temps pour Arafat de sévir contre les corrompus", a-t-il ajouté.

Cette personnalité bien en cour à Washington a en outre prédit que l’agitation interne palestinienne se poursuivrait si Arafat ne se résignait pas à réformer en profondeur l’administration palestinienne, comme l’exigent Israël et les Etats-Unis.

Ces dernière semaines, les territoires palestiniens ont connu une vague d’enlèvements, de manifestations, de fusillades et de contestation sans précédent depuis le triomphal retour d’exil d’Arafat à Gaza, dix ans plus tôt, dans le cadre des accords d’autonomie d’Oslo de 1993.

Ces turbulences ont été considérées par les observateurs comme le signe d’une lutte de pouvoir entre la vieille garde palestinienne d’Arafat et la jeune garde palestinienne cherchant à avancer ses pions avant le retrait d’Israël de Gaza prévu fin 2005.

Les troubles se sont poursuivis lundi à Gaza où un gardien de prison a jeté une grenade dans la cellule de Palestiniens accusés de collaboration avec Israël, faisant un mort et six blessés.

Quelques heures plus tard, des activistes ont fait irruption dans l’hôpital Chifa de la ville pour abattre un des blessés de la prison, Mahmoud Charif, condamné à mort pour avoir livré en 1995 son cousin chef du Djihad islamique aux balles des agents israéliens.

Dans le nord de Gaza, Tsahal a abattu trois activistes armés près de la colonie d’Elaï Sinaï.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=228001