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L’ex-Agent de la C.I.A. Philip Agee est décédé aujourd’hui à Cuba

Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing
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L’ex-Agent de la C.I.A. Philip Agee est décédé aujourd’hui à Cuba

Par Will WEISSERT, Correspondant de l’Associated Press

La HAVANE -

L’Ancien agent de la C.I.A., Philip Agee, un adversaire féroce de la politique étrangère américaine, et qui avait exaspéré les fonctionnaires des services américains en dénonçant les secrets de l’agence dans un livre en 1975, est mort. Des médias officiels l’ont annoncés ce mercredi. Il avait 72 ans.

Agee avait quitté la C.I.A. en 1969 après 12 ans passés, surtout en Amérique latine, au moment ou les mouvements révolutionnaires gagnaient en prééminence et recrutaient des sympathisants. En 1975, son livre « Inside the Company : CIA Diary », (« A l’intérieur de la Compagnie : Nouvelles de la CIA » – NdT.), dénonçait les méfaits de la C.I.A. contre les révolutionnaires dans la région et publiait une liste de 22 pages citant les supposés agents secrets de l’Agence.

« Granma », le Quotidien de presse du Parti Communiste de Cuba, a déclaré qu’Agee était décédé ce lundi soir, et l’a décrit comme un ami loyal de Cuba et un « défenseur fervent du combat des peuples pour un monde meilleur ».

Bernie Dwyer, un journaliste lié à Radio la Havane, a déclaré dans un message E-mail de mardi depuis Cuba que l’épouse d’Agee l’avait contacté pour lui annoncer qu’il était mort après une intervention chirurgicale pour un ulcère, dans un hôpital où il était depuis le 15 décembre.

« Il avait subi plusieurs opérations pour des ulcères perforants et n’a pas résisté à une nouvelle intervention » a déclaré Dwyer, ajoutant qu’Agee avait été incinéré mardi et que ses amis avaient organisé une cérémonie commémorative dimanche à son appartement de la Havane.

Le passeport américain d’Agee avait été révoqué en 1979. Les fonctionnaires américains déclarant qu’il menaçait la sécurité nationale. Après des années de vie à Hambourg, en Allemagne, (De temps en temps clandestinement, dans la crainte d’une vengeance de la C.I.A.), Agee avait émigré à La Havane et ouvert un site Web de tourisme.

Le site, « cubalinda.com », était conçu pour apporter de l’aide aux touristes américains désirant se rendre à Cuba ; proposant des voyages organisés, lesquels sont en grande partie interdits aux Américains en raison de l’embargo commercial américain, ainsi que d’autres aides. Agee avait ouvert le site en 2000 avec des investisseurs européens et un agent de voyage gouvernemental comme associés.

Il n’y avait encore aucune mention au sujet de la mort d’Agee sur son site ce mercredi.

Auteur de plusieurs autres ouvrages en sus de "Inside the Company", un des derniers essais d’Agee a été publié dans le journal « Granma International » en 2003, peu de temps après les mesures de répression gouvernementales cubaines qui avaient mené à l’arrestation des 75 principaux dissidents et de militants politiques.

"Penser que ces dissidents veulent créer une société civile indépendante et libre est absurde, car ils ont été financés et sont contrôlés totalement par une puissance étrangère hostile. Ils n’étaient pas libres ou indépendants le moins du monde" avait-t-il écrit.

Agee fut accusé d’avoir reçu 1 million de dollars des Services secrets cubains. Il avait réfuté ces accusations, portées avant tout par un transfuge dans un rapport en 1992 ; il s’agissait d’un officier de renseignement cubain de haut rang.

Barbara Bush, la femme de l’ancien président George H.W. Bush, (ui-même ancien Directeur de la C.I.A.), dans son autobiographie, avait accusé le livre d’Agee d’avoir mis en danger le chef de station de la C.I.A. Richard S. Welch, qui fut postérieurement assassiné par des terroristes gauchistes à Athènes en 1975. Agee, qui avait toujours nié toute responsabilité dans le meurtre, l’avait poursuivie en justice pour diffammation, obtenant 4 millions de dollars.

Elle révisa alors le livre pour rectifier son accusation.

Les actes et révélations d’Agee dans les années 1970 ont inspiré une loi US criminalisant la « mise en danger d’agents secrets américains ».

En 2003, il put se permettre de faire une distinction certaine entre ses actes et la mise en danger d’un agent secret. Entre ce qu’il avait fait et la mise en danger d’un officier de la C.I.A. :

Il s’agissait du cas de Valérie Plame, femme de l’ancien Ambassadeur Joseph C. Wilson IV, qui critiquait la politique irakienne du Président Bush. (Qui fut publiquement « dévoilée » comme agent de la CIA, et « mise en danger » volontairement par les Néocons de Washington en raison des positions de Wilson, son mari, dans l’affaire des fausses fournitures d’uranium à l’Irak – NdT.).

« C’est entièrement différent que ce que j’ai fait dans les années 1970 », avait alors déclaré Agee. Tout ceci est à mon avis de la politique purement dégueulasse ».

Agee a déclaré que pour son cas, il avait révélé les identités de ses anciens collègues de la C.I.A. afin d’ « affaiblir l’instrument utilisé pour maintenir la politique des dictatures militaires » en Grèce, au Chili, en Argentine, en Uruguay et au Brésil.

Ces régimes « qui étaient soutenus par la C.I.A. ont eu un coût humain immense : La torture, les exécutions, et les escadrons de la mort », avait-t-il déclaré.

http://news.yahoo.com/s/ap/20080109...

G.L.

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