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L’ex-gauche plurielle dresse le constat de ses désaccords

Publie le jeudi 11 septembre 2003 par Open-Publishing

Socialistes, Verts, communistes, radicaux, chevènementistes et alternatifs se sont réunis, lundi 8 septembre à Paris, pour la première fois depuis la défaite du 21 avril. Ils se sont entendus sur un programme minimum : "s’opposer à la droite, confronter leurs idées et élaborer une alternative".

Un petit pas. Pour la première fois depuis la défaite de Lionel Jospin le 21 avril 2002, ils se sont retrouvés autour d’une même table, au siège des Verts. Ils : le Parti socialiste, le PCF, les Verts, le PRG, les chevènementistes du Mouvement républicain et citoyen (MRC), les ex-chevènementistes de l’Association pour la gauche républicaine (AGR), les Alternatifs et des Bretons régionalistes.

Tous ont répondu, lundi 8 septembre, à l’invitation des Verts, même s’il ne s’agissait pas des principaux responsables de ces partis. Tous, sauf la LCR, qui n’a pas jugé utile de participer à cette "séance de rabibochage" de l’ex-gauche plurielle. Au début de la réunion, Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts, a distribué une lettre de la LCR, sans susciter de commentaires. "Ça nous a tous enlevé une épine du pied", reconnaît Jean-Christophe Cambadélis, l’un des représentants du PS.

Envisagée dès le mois de juin par M. Lemaire, confirmée par courrier le 3 septembre, cette rencontre était censée marquer une première étape après quatre mois de "contacts" brouillons et avant le lancement de forums décentralisés, dont le principe avait été arrêté par le PS et les Verts. "Pour cadrer le sens de cette démarche", M. Lemaire a souhaité, dans sa lettre, que les formations concernées se lancent dans "un large débat public avec l’ensemble du mouvement syndical et associatif" et "s’inscrivent dans la recherche des conditions d’un large rassemblement ouvrant la voie à une alternance politique commune". Calendrier et listes de thème à l’appui.

"LE PS AURA LA MAIN"

L’idée d’organiser des forums a fait son chemin, mais dans tous les sens. Depuis quatre mois, le PS et les Verts, co-organisateurs, se disputent la paternité de ces rassemblements en s’efforçant d’en garder le contrôle. Le PCF organisera ses propres "forums citoyens" sitôt la Fête de l’Humanité achevée. Quant au MRC, fraichement revenu dans le jeu, il assure préparer dans son coin un "projet d’alternative républicaine". Les Alternatifs, eux, sont là "pour voir"sans se faire d’illusion, disent-ils, sur leur possible implication dans l’issue politique de ce grand remue-ménage. Bref, dans une atmosphère "polie", chacun a assuré l’autre de sa présence dans son forum.

Pour M. Cambadélis, "ces forums correspondent à l’état actuel de la gauche". "Il faut se redonner de l’air, estime-t-il, en s’appuyant sur des bases qui sont plus unitaires que les directions". Le député parisien, architecte de l’ex-gauche plurielle, souhaite rompre avec le passé en construisant "une nouvelle alliance partagée par la base". Et pour lever les "non-dits" de naguère, il a proposé d’établir un "relevé des dissensus".

Venu seul, Jean-François Gau, membre du comité exécutif du PCF, a cité l’Europe, relayé par le MRC. Les Verts ont évoqué la politique des transports et de l’énergie. "Cambadélis peut faire le détour par la base, le PS est avant tout soucieux de savoir quelles forces peuvent se coaliser avec lui", juge M. Gau. Revendiquant l’étiquette de "petit parti", Jean-Pierre Michel (AGR) a suggéré que les formations "débattent tant qu’on peut débattre" puisqu’"au final, a-t-il ironisé, c’est le PS qui aura la main".

La voynetiste Mireille Ferri s’est interrogée sur "le débouché politique"de cette amorce de rassemblement, présentée par la direction des Verts comme "s’inscrivant à horizon 2007". Cela ne risque-t-il pas d’entraîner la gauche vers une candidature unique à l’élection présidentielle dont les Verts ne veulent pas ?, a-t-elle risqué. Pas question d’ouvrir cette boîte de Pandore. C’est tout juste si les participants ont évoqué les prochaines échéances régionales de 2004 - même si tout le monde, bien évidement, les avait en tête.

Les partis présents se sont donc mis d’accord sur une base minimale. "S’opposer à la droite, confronter nos idées, élaborer une alternative à travers les forums", résume Bruno Le Roux, secrétaire national aux élections du PS. Sans évoquer l’idée plus ambitieuse d’un "contrat global", lancé par François Hollande et Laurent Fabius.

M. Le Roux a proposé l’organisation d’un sommet de la gauche en février. D’ici là, les participants sont convenus de se retrouver à nouveau le 6 octobre au siège des Verts. "Ça s’est bien passé, assure M. Lemaire, qui a laissé dans sa poche les objectifs fixés dans son courrier. Les plus réticents ont manifesté la volonté de ne pas casser le dispositif". "C’est très utile de se rencontrer, la courtoisie n’est pas mauvaise conseillère", commente M. Gau.

D’ores et déjà, la Fête de l’Humanité du 12 au 14 septembre fournira l’occasion aux uns et aux autres de manifester leur bonne volonté. M. Lemaire pour les Verts, le maire de Paris Bertrand Delanoë et le président du conseil régional PACA Michel Vauzelle pour le PS, sont annoncés. Dans les Bouches-du-Rhône, justement, la campagne des régionales a commencé. Toute la gauche s’est retrouvée à gravir la montagne de Lure, dimanche 7 septembre, pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen dans la région. Viendront ensuite les forums. Le 3 octobre, le PCF a prévu d’organiser une première réunion, à Port-de-Bouc. Sur l’Europe.

Ch. G. et I. M.

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3224--333234-,00.html