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- L’infection financière globale via l’endettement américain
Publie le lundi 6 octobre 2008 par Open-Publishing5 commentaires
– L’infection financière globale via l’endettement américain : Cent ans après les « emprûnts russes », les « dettes américaines » (2° Trimestre 2007 – 3° Trimestre 2008)
Comme l’a expliqué l’équipe de LEAP/E2020 dans le GEAB N°17, la dimension financière de la crise actuelle tient en grande partie son origine dans le fait qu’au cours des deux dernières décennies, l’économie américaine s’est essentiellement spécialisée dans la production de « dettes » (des ménages, des entreprises et des institutions publiques) et qu’une partie croissante de cette dette collective a été vendue à des détenteurs étrangers qui sont en train de s’apercevoir qu’ils risquent de n’être jamais remboursés de l’intégralité de leurs prêts (grâce auxquels l’ « American Way of Life » s’est financée ces dernières années). Les plus méfiants, ou plutôt les plus perspicaces, commencent même à se demander s’ils seront tout simplement remboursés. La comparaison avec les emprûnts russes n’est ainsi pas seulement un trait d’humour mais bel et bien une comparaison raisonnable car nous sommes désormais entrés dans une situation où, s’ils n’imprimaient pas la monnaie qui leur sert de moyen de paiement, les Etats-Unis seraient en situation de cessation de paiement puisque leur endettement collectif dépasse les 400% de leur PNB.
Evolution de la dette totale des Etats-Unis (privée et publique) - 1957/2006 - Sources Grandfather Economic Report/ US Federal Reserve
Evolution de la dette totale des Etats-Unis (privée et publique) - 1957/2006 - Sources Grandfather Economic Report/ US Federal Reserve
Pour l’instant, du fait qu’ils ont encore une position centrale tant en terme de devise que de pilier du système financier mondial (1), ils utilisent l’affaiblissement continu de leur monnaie pour rembourser le reste de la planète en « monnaie de singe » (évolution anticipée dans le GEAB N°2 de Février 2006). Ils ont également tenté de cacher l’insolvabilité croissante de leurs acteurs économiques en faisant revendre par les banques de Wall Street (et leurs avides partenaires internationaux) des actifs financiers « virtuels », c’est-à-dire dont la valeur repose sur des formules mathématiques absconses, les fameux CDOs (cf. GEAB N°17). Cette méthode de valorisation est équivalente à celle utilisée dans l’Antiquité pour connaître la volonté des dieux lorsqu’on ouvrait les entrailles d’un poulet pour y lire l’avenir. Les CDOs fonctionnent sur le même principe (à ce détail près que c’est le portefeuille de l’acheteur qui se fait éviscérer) : aujourd’hui, ces actifs fictifs sont partout dans le bilan des banques, petites et grandes, dans les portefeuilles des « hedge funds », dans les trésoreries des entreprises, dans les placements des particuliers... Et personne n’a la moindre idée de combien ils valent (2), ce qui dans le monde de la finance tend à laisser penser qu’ils ne valent pas grand-chose.
Les chiffres de pertes annoncés ces derniers jours par les grandes banques internationales laissent notre équipe perplexe : seulement une petite vingtaine de milliards de Dollars au total. On aurait donc assisté depuis la mi-Août 2007 à des interventions historiques (et qui continuent de l’être) des banques centrales du monde entier, injectant plusieurs centaine de milliards d’Euros dans le système financier mondial pour tenter de remettre en route (pour l’instant sans résultats significatifs ) la « pompe à liquidité » mondiale avec comme seul retombées négatives pour les grandes banques internationales une petite entaille de 20 milliards de Dollars dans la courbe de croissance de leurs profits ? Pour LEAP/E2020, on atteint là un degré extrême de manipulation des actionnaires, des épargnants et des investisseurs (3).
D’ailleurs, preuve que ceux qui croyaient la crise financière derrière nous prennent leurs désirs pour des réalités (à moins qu’ils ne spéculent actuellement en bourse) (4), les grandes banques américaines viennent de prendre la décision de créer un « pool » de 75 milliards de dollars pour faire face au risque d’effondrement du marché des actions dans le cas d’une extension de la crise de liquidité. Selon LEAP/E2020, les sommes qui sont en train de s’évanouir en fumée au fur et à mesure de la prise de conscience que la plupart des CDOs ne valent en fait pas grand chose se mesurent en centaines de milliards de dollars et non en dizaines.
Avec cette « force de frappe » de soixante-quinze milliards, Hank Paulson, le secrétaire d’Etat au Trésor US et ancien patron de Goldman Sachs, a orchestré la contribution directe des banques américaines à la défense contre la crise de confiance en gestation. Selon notre équipe, il est actuellement l’un des rares dirigeants américains à avoir une certaine conscience de l’ampleur de la crise en cours et à tenter d’être pro-actif (6) (plutôt que réactif comme l’est par exemple Ben Bernanke, le patron de la Fed). Il espère, selon nos chercheurs, parvenir à éviter la transformation de cette crise de liquidité en une immense crise de confiance dans l’ensemble des valeurs financières et monétaires américaines. Et il s’est rendu compte que l’action des banques centrales ne suffisait pas à endiguer le problème.
En effet, après deux mois d’infusions financières massives continues, une baisse de taux agressive de la Fed (-0,5%) et la pause de la hausse des taux de la BCE, rien n’est revenu à la normale. Actuellement les grands établissements financiers, en particulier américains, ont cherché à gagner du temps dans l’espoir d’une amélioration de la situation pour les plus optimistes ou les plus naïfs, ou plus probablement pour organiser la sortie de leurs bilans du maximum possible de pertes, en les transférant sur d’autres opérateurs et en s’arrangeant pour que l’ensemble de la profession participe à ce tour de passe-passe. Les banques américaines sont bien entendu en première ligne sur cette affaire puisque c’est leur propre marché qui est train de partir en fumée. Et le pool nouvellement créé est l’indicateur qu’on s’approche d’un nouveau choc financier, encore plus brutal que celui d’Août dernier, que notre équipe anticipe entre Novembre 2007 et Février 2008.
Pour LEAP/E2020, il faudra attendre encore une année pour que l’ampleur des pertes générées par la crise des « subprimes » et son amplification via les CDOs puisse être mesurée pleinement. Pendant ce temps, nous allons assister à une crise de confiance croissante dans le système financier américain (7) et par ricochet sur les systèmes financiers occidentaux. Les marges de manoeuvre à la baisse des taux de la Fed sont épuisées pour les mois à venir, faute de voir le dollar US s’effondrer littéralement (8) ; une option que désormais les partenaires économiques des Etats-Unis (Européens en-tête, et Chinois plus discrètement) envisagent et tentent de prévenir.
Si dans les précédents numéros, nous avons déjà largement détaillés les conséquences prévisibles de cette crise financière sur les partenaires des Etats-Unis, détenteurs d’actifs financiers américains, il est utile de garder à l’esprit qu’elle a un impact majeur aux Etats-Unis même, puisque près de 30% de la dette américaine est détenue par des opérateurs privés américains. Nous reviendrons sur cet aspect dans la séquence sur la « Très Grande Dépression US ».
Messages
1. - L’infection financière globale via l’endettement américain , 6 octobre 2008, 16:36
en complement la mecanique bancaire US reprise et amplifiée par les banques europeennes via leurs succursales
irlandaises et autres :
Comment une banque fait faillite en quelques heures
http://www.journaldunet.com/economie/finance/dossier/jusqu-ou-ira-la-crise-financiere/des-defaillances-bancaires-aussi-violentes-que-soudaines.shtml
........ la plupart des banques sont en levier pire que le plus agressif des HF (hedge fund) ; on cite la Barclay’s à 60 (!), la Deutch Bank à 50, … (et elles pèsent de part leurs engagements autant sinon davantage que le PIB de leur pays !)
Quant au remplaçant du ratio Cook, le Bâle II, qui tient compte du type de risque, Hé, bien, sa mise en place est reportée ; de même que l’obligation de comptabiliser les actifs à leur prix (du marché — level 1, observable –level 2, ou estimation maison –level 3 ; ce dernier cas étant une porte ouverte à un autre détournement frauduleux dans lequel se sont engouffrées pas mal de banques US, dont GS : le marché étant bloqué, je mets beaucoup d’actifs en level-3, ensuite ma boîte noire maison me sort leurs prix : bingo ! prix plus élevés qu’attendus ! donc bénéfices ! bonus, stock-options et champagne !)
Enfin, concernant les banques US, je rappelle que le système des comptes (faiblement) rémunérés est aussi un moyen frauduleux (pardon : c’est légal) de détourner les lois. Lorsque le client signe il ne veut voir que les quelques pourcents de rémunération. Il ne veut pas voir -et le banquier ne l’y aide évidemment pas- qu’il autorise la banque à utiliser son argent et que c’est lui, le client, qui en assume le risque. Cette mécanique du sweep –compte mirroir– permet d’afficher le jour un compte courant avec des fonds appartenant au client, mais il est vidé le soir au profit de la banque qui prête pendant la nuit. Ainsi même les dépôts des clients sont utilisés par la banque.......
http://www.pauljorion.com/blog/?p=796#comment-7713
2. - L’infection financière globale via l’endettement américain , 6 octobre 2008, 16:36, par JP
La crise capitaliste va être sans précédent, ce sera peut être même la dernière et le PCF se doit de préparer la riposte en France et en Europe par des initiatives fortes.
1. - L’infection financière globale via l’endettement américain , 6 octobre 2008, 17:41, par Nawabad
Tu es sûr que tu ne rêves pas un peu ?
Pendant que la bourse baisse, les vrais capitalistes jouent à la baisse et s’enrichissent sur le dos des petits cons qui ont voulu pactiser avec le diable, et qui se sont pris pour des capitalistes, et qui ont placé leur fric en bourse, et qui sont en train de se le faire bouffer par les vrais capitalistes dont je parlais au début de la phrase.
Tu crois vraiment que c’est ça, la fin du capitalisme ?
2. - L’infection financière globale via l’endettement américain , 6 octobre 2008, 18:18
Malheureusement l’histoire politique nous révèle que ce n’est pas la fin du capitalisme. Alors, comme la majorité des citoyens de ce pays, qui d’ailleurs sont allés suffisemment à l’école pour en comprendre les divers rouages, il devrait être plus facile aujourd’hui d’ imposer notre façon de voir la vie et le capitalisme pour qu’il n’y ait plus de crach boursier ! En rendant partis et syndicats ouvriers plus forts par le nombre d’adhésions, il serait facile de peser dans la balance pour montrer le bon chemin à emprunter à ces imbéciles de capitalos qui croyaient tout savoir, tout connaître, et surtout qui se croyaient autorisés de jouer au casino avec l’argent des épargnants, notamment de celui des salariés et retraités.
Nous sommes en bonne position, nous le peuple, pour infléchir le mouvement capitaliste ouvert à tous les vents, et à toutes les sirènes.
3. - L’infection financière globale via l’endettement américain , 6 octobre 2008, 18:29, par Nawabad
Je ne crois pas que les vrais capitalistes soient des imbéciles ! Ce sont des salauds, et c’est tout ! Et je ne vois donc pas pourquoi il faudrait leur montrer le "bon" chemin. Les capitalistes sont des ennemis de classe, et on n’a rien à leur montrer du tout, seulement à les combattre sans merci !