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LDH France : "l’année horrible"

Publie le jeudi 27 mai 2004 par Open-Publishing


De : Vincent Defait

La Ligue des droits de l’homme livre un rapport accablant pour le gouvernement
sur la situation en France


L’État des droits de l’homme en France (1), première édition. Et, si l’on en croit le président de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Michel Tubiana, cet état des lieux sera " systématisé tous les ans ". De la citoyenneté à la laïcité, en passant les libertés publiques, l’immigration, l’Union européenne ou encore l’économie et la mondialisation, la LDH livre un premier rapport d’un " ensemble de réflexions et d’analyses " menées par ses principaux responsables. " C’est une interprétation subjective - et nous le revendiquons - au travers de nos critères ", explique Michel Tubiana. " Nous voulions faire ce dont nous n’avons jamais le temps : nous obliger à écrire ", explique Nicole Savy, vice-présidente de la LDH.

Le constat général est pour le moins alarmant. En cause : l’actuel gouvernement, responsable de " régressions auxquelles nous n’avions pas assisté depuis la guerre d’Algérie ", accuse Michel Tubiana. Le directeur des Éditions La Découverte, François Gèze, lui fait écho. " Il est très impressionnant de voir le niveau de régression dans les lois que le gouvernement nous impose. " Et rappelle néanmoins que la moitié du livre est consacré à la dimension internationale du sujet. Rien de plus logique pour Michel Tubiana, selon qui " il est impossible de parler des droits de l’homme au niveau national ". Le président de la LDH ne dédouane pas pour autant le poids des ministres français dans certaines orientations liberticides de l’Union européenne.

Dans son ouvrage, la LDH revient sur les conséquences en France de la crise du Proche-Orient (" notre maladie à tous "), reproche l’indulgence de certaines composantes du mouvement d’opposition à la guerre en Irak vis-à-vis de Saddam Hussein, et décrypte l’après 11 septembre, où comment " user et abuser de la lutte antiterroriste ".

L’association n’est pas tendre non plus vis-à-vis du débat sur la laïcité, à l’hiver dernier : " un combat nécessaire, à contre-courant d’une opinion désorientée ". Même jugement sévère concernant les libertés publiques, mises à mal par les ministres de la Justice Dominique Perben et de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Ces mêmes libertés sont compromises par la fonte des droits sociaux. " La France est aujourd’hui, de moins en moins une "société d’égaux" ", peut-on lire dans le rapport. La faute au libéralisme économique. Michel Tubiana conclut : " Les droits de l’homme et les libertés deviennent relatives, évoluent au gré des gouvernements. "

(1) L’État des droits de l’homme en France, Édition 2004, la Ligue des droits de l’homme. Éditions La Découverte. 144 pages, 7,50 euros.

humanite.presse.fr

27.05.2004
Collectif Bellaciao