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LONDRES revêt les couleurs de l’arc-en-ciel

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing

150.000 à défiler pour demander le retrait des troupes, la défense des droits civils menacés par les lois "antiterrorisme" et par la pratique de la torture contre les prisonniers. Dans la rue il y a aussi des ex soldats.

de NICOLA SCEVOLA traduit de l’italien par karl&rosa

Hier après-midi, quelques dizaines de milliers de personnes ont bloqué le centre de Londres pour manifester contre l’occupation de l’Irak. Le nombre des participants est difficile à estimer : 45.000 selon les estimations toujours restrictives de Scotland Yard et 150.000 pour les organisateurs de la protestation, le mouvement Stop the War et la British Muslim Association. Le seul fait certain est qu’un imposant cortège a défilé pacifiquement de Hyde Park jusqu’à Trafalgar Square pour demander le retrait immédiat des troupes de l’Irak.

En tête de la manifestation il y avait deux ex soldats de l’armée de "sa majesté", qui ont démissionné pour protester contre les politiques agressives du gouvernement de Tony Blair. Les ex soldats portaient sur le dos un cercueil, qu’ils ont symboliquement déposé devant l’ambassade américaine en souvenir des victimes de la guerre. Sur le couvercle du cercueil noir brillait l’inscription "100.000 morts" et une lettre adressée au président américain qui, en plus de demander la fin de l’occupation, le sommait de ne pas lancer d’autres attaques préventifs contre l’Iran ou la Syrie.

"Je suis ici pour faire comprendre à mes ex camarades de l’armée que les gens de ce pays sont contre la guerre", a dit Ray Hewitt, le vétéran de la première guerre du Golfe qui était à la tête du cortège. C’est la première fois depuis plus de trente ans que les autorités britanniques permettent à un cortège de protestation de marcher devant l’ambassade américaine. La dernière fois avait été en 1968, contre la guerre du Vietnam, une des tragédies le plus souvent évoquées dans les slogans criés hier par les manifestants. Ils étaient des milliers à chanter "George Bush, oncle Sam, l’Irak sera ton Vietnam".

Sur la même place, il y a aussi le siége diplomatique italien. A l’ombre du drapeau tricolore, outre les attaques du premier ministre Berlusconi, la foule n’a pas oublié de chanter des slogans à l’honneur de Giuliana Sgrena et Nicola Calipari, l’agent secret tué par le feu américain tandis qu’il amenait Giuliana en sécurité. Parmi les revendications des manifestants un nouveau thème a aussi fait surface, un thème devenu particulièrement actuel ici en Grande Bretagne. C’est le respect des libertés civiles, que les autorités britanniques ont récemment mis en danger par l’approbation d’une loi draconienne pour la prévention du terrorisme.

"Pas de Guantanamo au Royaume-Uni", criait un couple enchaîné et vêtu des joggings orange des prisonniers américains détenus dans la base à Cuba. Parmi les manifestants il y avait aussi Mahmoud Abu Rideh, un des 17 prisonniers enfermés par le gouvernement britannique pendant plus de trois ans, sans procès et sans accusations. Il n’a été relaxé qu’il y a quelques jours et il est contraint de porter à la cheville un instrument qui permet à la police de suivre ses mouvements. "Aujourd’hui encore, il ne m’ont pas dit pourquoi ils suspectent que je suis un terroriste", a dit Rideh, encore visiblement bouleversé par son expérience. "En prison ils m’ont maltraité et torturé", a-t-il accusé en montrant à ce journal de longues cicatrices qui lui défigurent le bras droit et l’estomac. "Je suis ici à protester afin que ces choses n’arrivent plus, ni dans les prisons anglaises ni dans les prisons irakiennes ou américaines".

A Trafalgar Square, les organisateurs de la manifestation étaient enthousiastes. La grande participation du public, favorisée par une journée de soleil avec des températures absolument insolites pour les standards de l’île, rend plus difficile la tentative de Tony Blair d’omettre du débat politique la question de l’Irak. "Nous voulons rappeler aux électeurs que Blair doit assumer toute la responsabilité de cette guerre injuste", a dit John Rees, l’un des fondateurs de l’association Stop the War. Et il a ajouté : "Les déclarations de Berlusconi démontrent l’influence du mouvement populaire. Même si elles n’étaient pas vraies, le fait qu’il ait annoncé le retrait des troupes signifie qu’il comprend combien l’affaire irakienne est impopulaire".

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/20-Marzo-2005/art15.html