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La Géorgie tombeau du monde unipolaire Américain.
Publie le samedi 30 août 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Pour changer un peu des éditoriaux et pensées (uniques) en forme de slogans de ministère de la propagande diffusés ad nauseam par la plupart des médias hexagonaux, voici une traduction de l’éditorial de Seumas Milne publié sur le site du quotidien Britannique Guardian le 28 août. En comparaison, l’incompétence, la paresse intellectuelle et le parti pris de nos Joffrin, Glucksman, Lévy, Sergent etc...fait pitié.
Brutus
LA GEORGIE EST LE TOMBEAU DU MONDE UNIPOLAIRE DE L’AMERIQUE.
S’il y avait quelques doutes sur le fait que les règles du jeu international ont changé pour de bon, les événements de ces derniers jours devraient les avoir dissipés. Le lundi, le président Bush a exigé des dirigeants Russes qu’ils rejettent l’appel du parlement à reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.
Dans les 24 heures, Bush avait sa réponse : Le Président Russe Medvedev a annoncé la reconnaissance des deux enclaves géorgiennes contestées.
Le message Russe a été sans équivoque : le résultat de la guerre déclenchée par l’attaque Géorgienne sur l’Ossétie du Sud le 7 août n’est pas négociable - et quoique puissent dire ou faire les Titans de l’Empire américain n’y changera rien.
Après cela, la posture du ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband hier à Kiev sur la construction d’une "coalition contre l’ agression Russe" a parue tout simplement insensée.
Que les événements de ce mois dans le Caucase marquent un tournant dans les relations internationales n’est plus en question. Les comparaisons avec août 1914 sont évidemment ridicules, et même la spéculation sur une nouvelle guerre froide exagérées. Concernant les manoeuvres dans la mer Noire et les menaces nucléaires, la confrontation entre la Russie et les États-Unis n’est pas comparable à distance avec les événements qui ont mené à la première guerre mondiale. Non plus que les tensions actuelles n’ont la dimension globale et idéologique qui a façonné les 40 ans d’affrontement entre l’Occident et l’Union soviétique.
Mais ce qui est clair c’est que le moment d’unipolarité Américain est passé – et que le nouvel ordre mondial annoncé par Bush père dans les derniers jours de l’Union soviétique en 1991 n’est plus. L’époque où une puissance unique était capable de mettre au pas le monde comme un colosse, à imposer sa volonté sur tous les continents, contestée seulement par des mouvements populaires d’indépendance nationale et des "Etats voyous" isolés, est maintenant terminée. Depuis près de deux décennies, tandis que la Russie sombrait dans la "catastroika" et que la Chine construisait sa puissance économique, les États-Unis ont exercé un pouvoir global sans précédent et inexplicable, s’arrogeant, à lui-même et à ses alliés, le droit d’envahir et occuper d’autres pays, sans s’embarrasser du droit ou des intitutions internationales, absorbants de plus en plus d’ États dans l’orbite d’une alliance militaire vorace.
Maintenant, gonflée aux pétrodollars, la Russie a demandé l’ arrêt de cette expansion sans relâche et démontré que les ordres US ne s’appliquent pas dans toutes les arrière-cours. Et bien qu’elle ait été un défi régional, et non pas un mondial, cette leçon pratique sur les nouvelles limites de la puissance américaine a déjà été retenues, de l’Asie centrale à l’Amérique latine.
En Géorgie même, la reconnaissance par Medvedev de l’indépendance de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud et la destruction par la Russie des capacités militaires géorgiennes ont été conçues pour ne laisser aucune place au doute sur l’issue du débat, à présent clos, de la réintégration des enclaves . Il existe certainement des dangers pour l’intégrité territoriale de la Russie elle-même dans la légitimation des cessessions. Mais l’épisode aura peu d’impact et il est probablement en partie destiné à créer une monnaie d’échange pour les négociations futures.
La tentative de Miliband en Ukraine, quant à elle, de nier l’évidence du parallèle avec la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo au début de cette année orchestrée par les États-Unis sonne particulièrement creux, de même que sa dénonciation des invasions d’Etats souverains et du « deux poids, deux mesures ». L’Occident et la Russie ont tout deux abusé de l’accusation de "génocide" pour essayer de se donner une couverture juridique, mais la Russie est certainement sur un terrain plus solide en l’Ossétie du Sud - où ses propres forces de maintien de la paix, internationalement reconnues, ont été directement attaquées par l’armée géorgienne – alors que l’OTAN était au Kosovo en 1999, où la plupart des nettoyages ethniques ont eu lieu après le début de l’agression conduite par les Américains.
Il a beaucoup été question chez les hommes politiques occidentaux ces jours derniers de l’isolement de la Russie de la communauté internationale. Mais, à moins que cette communauté ne signifie seulement l’Amérique du Nord et l’Europe, rien n’est plus éloigné de la vérité. Alors que les médias US et britanniques ont sacrifié à la mode de la guerre froide au sujet de la crise Géorgienne, le reste du monde l’a vue sous un éclairage très différent. Comme l’a observé Kishore Mahbubani, ancien ambassadeur de Singapour aux Nations Unies, dans le Financial Times il y a quelques jours, « la plus grande partie du monde est médusée par l’Occident qui moralise sur la Géorgie ». Alors que le point de vue de l’ouest est que le monde "devrait soutenir la victime, la Géorgie, contre la Russie ... la plupart soutiennent la Russie contre les intimidations de l’Occident. Le fossé entre la perception occidentale et celui du reste du monde ne saurait être plus clair."
Qu’il en soit ainsi n’est pas difficile à comprendre. Ce n’est pas seulement que les États-Unis et ceux de son camp ont foulé aux pieds le droit international et les Nations Unies pour apporter mort et destruction au Moyen-Orient, en Afghanistan et au Pakistan. Au début des années 1990, le Pentagone a averti que pour qu’aucun rival ne puisse émerger, les États-Unis devraient " prendre en compte les intérêts des pays industriels avancés afin de les dissuader de contester notre leadership". Mais quand on en est venu à la Russie, tout ceci s’est perdu dans le brouillard de l’orgueil impérial qui a laissé les États-Unis se faire déborder et se montrer incapables d’empêcher le retour d’un monde multipolaire.
Bien sûr, on peut facilement sous-estimer cette nouvelle multipolarité. La Russie est une puissance régionale et il n’y a pas de perspective imminente qu’elle devienne un sérieux challenger mondial des États-Unis, qui restera très largement l’État le plus puissant au monde pour les années à venir. Elle peut aussi aggraver le risque de conflit. Mais seul le plus solipsiste des esprits occidentaux peut ignorer la nécessité d’un contrepoids dans les relations internationales qui peut restreindre la liberté d’une puissance unique d’imposer unilatéralement sa volonté à d’autres pays.
Une réponse occidentale, défendue par le Times cette semaine, est de maudire ce défi à la domination des États-Unis au motif qu’elle est dirigée par les États autocratiques du genre de la Russie et la Chine. En réalité, les inquiétudes occidentales ont très peu à voir avec la démocratie. Lorsque la Russie s’est effondré dans l’orbite des États-Unis sous Boris Eltsine, le bombardement du Parlement Russe et les élections truquées sans vergogne ont été traités avec la plus grande compréhension par les occidentaux.
La véritable crispation ne concerne pas le manque de responsabilité de ces Etats –l’opinion publique Russe est, en tout cas très largement favorable à l’action du gouvernement en Géorgie - mais leurs défis stratégiques et économiques. Pour la plupart d’entre nous, une nouvelle affirmation de la Russie et d’autres pouvoirs émergents, n’implique pas seulement une certaine retenue dans l’exercice effréné du pouvoir impérial global, mais devrait aussi accroître la nécessité d’ un système de relations internationales fondé sur des règles.
En la circonstance, ceci semblent tout à fait en appeler à celui qui sera élu président des Etats-Unis.
Traduction : Brutus
Messages
1. FIN DE LA MONDIALISATION !, 30 août 2008, 13:00, par Nawabad
La mondialisation, c’était la mondialisation de l’impérialisme américain. D’ailleurs ce mot, "mondialisation", est apparu dans le spectacle après la fin de l’URSS. Il ne pouvait en effet y avoir de mondialisation de l’impérialisme américain tant que l’URSS était là pour l’empêcher. Avec le début de renaissance russe et chinois, et avec la grande alliance entre la Chine et la Russie et la Syrie et l’Iran et d’autres pays :
Nous venons d’assister à la fin de la mondialisation !