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La Justice française s’en prend à un parti légal

Publie le jeudi 25 septembre 2008 par Open-Publishing
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de Goizeder Taberna

Lundi, six personnes ont été arrêtées ; 14 ont été interpellées hier. S’il y a quelque chose qui caractérise toutes ces arrestations, c’est bien la confusion sur leurs raisons. Cependant, les dirigeants du parti indépendantiste Batasuna ont clairement été la cible de l’opération policière menée par les juges Laurence Le Vert et Mari-Antoinette Houyvet, hier.

Effectivement, les porte-parole Xabi Larralde et Jean-Claude Aguerre ont été arrêtés à leur domicile, respectivement à Bayonne et à Juxue et le siège de Batasuna a été perquisitionné toute la journée d’hier. Ont suivi les arrestations de Jean-François Lefort et Maider Duhalde (Bonloc), Jon Irazola (Mendionde), Antton Etxeberri (Bunus), Haritza Galarraga (Saint-Pée-sur-Nivelle), Jokin Etxeberria (Urrugne), Aurore Martin (Anhaux), Patricia Martinon et Eñaut Elosegi (Ayherre), Guiliano Cavaterra, Frédéric Carricart et Gwenaëlle Morvan (Bayonne), d’après le mouvement anti-répressif Askatasuna. La police est allée chercher Zigor Goieaskoetxea, mais ne l’a pas trouvé chez lui.

Pau et Bayonne

D’eux d’entre eux, A. Etxeberri et F. Carricart, travaillent pour Le Journal du Pays Basque et se sont fait remarquer par leur professionnalisme et leur implication dans le projet. Le premier a été amené à Pau, tout comme Jean-Claude Aguerre et Maider Duhalde, et le second ainsi que Giulano Cavaterra, Jokin Etxeberri ont passé la nuit à Bayonne, d’après les informations transmises par Askatasuna, sans préciser où se trouvent les autres personnes.

L’opération semble se prolonger au moins jusqu’à aujourd’hui, puisqu’une douzaine de fourgons de la gendarmerie se sont installés à la place des Basques de Bayonne pour deux jours, d’après ce qu’ils ont dit aux journalistes.

Elle a été menée par les services de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, et les services policiers de Pau et de Bayonne, a-t-on précisé de source policière à l’AFP. Lors des perquisitions, les maisons ont été passées au peigne fin pendant toute la journée d’hier pour certaines, d’après les témoignages des familles des personnes interpellées.

Selon le parquet de Paris, les arrestations d’hier seraient liées à deux affaires distinctes, toutes deux suivies par les juges antiterroristes parisiens Laurence le Vert et Marie-Antoinette Houyvet, présentes mercredi sur les lieux. Sept des personnes seraient interpellées par commission rogatoire, dans l’affaire de l’attentat du complexe hôtelier Ostape de 2006, et cinq autres dans une enquête préliminaire de la section antiterroriste du parquet de Paris sur le financement de la mouvance nationaliste basque, d’après les informations survenues en milieu de journée, alors qu’on ne parlait que de 12 interpellations.

Illégalisation des partis

Quatre des personnes détenues figurent déjà parmi les responsables de Batasuna qui ont été visés par la mise sous séquestre de leur compte bancaire, une opération décidée en avril dernier à la demande du juge antiterroriste espagnol Baltazar Garzon.
La presse espagnole, n’a pas hésité à lier l’opération policière et le dossier ouvert par le Juge Garzon sur EHAK. Un dossier qui vient grossir les rangs des partis interdits par la Audiencia Nacional et le Tribunal suprême. Parlant au nom de Batasuna, Maite Goienetxe a dénoncé une “illégalisation camouflée” et a demandé au Gouvernement français de ne pas suivre le chemin pris par le Gouvernement espagnol.

Réunis à Toulon pour une Conférence internationale pour la création du centre de coordination de la lutte contre la drogue dans la Mer Méditerranée, Michèle Alliot-Marie et, son homologue espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba se sont exprimés sur l’affaire. La ministre de l’Intérieur française a précisé que l’illégalisation de Batasuna ne “dépendait pas uniquement” de son ministère.

Dans la soirée près de 900 personnes ont dénoncé cette opération dans les communes suivantes : Bayonne (250), Saint-Jean-Pied-de-Port (150), Larceveau (150), Urrugne (100), Saint-Pée-sur-Nivelle (110), Bonloc (80), Mauléon (25). Dans la soirée une centaine de personnes sont allées exprimer leur solidarité à Aurore Martin à Anhaux.

http://www.lejpb.com/paperezkoa/20080925/98153/fr/La-Justice-française-franchit-le-pas-et-sen-prend-a-parti-legal

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