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La berlusconisation arrive à Paris

Publie le jeudi 12 février 2004 par Open-Publishing

http://www.liberation.fr/page.php?Article=178167&AG

Ecco l’articolo di Libération

Polémiques autour du directeur de l’Institut culturel italien
Artistes et écrivains craignent une « berlusconisation » du centre.

Par de BAECQUE Antoine

jeudi 12 février 2004

Giorgio Ferrara a été nommé à l’institut au moment où le gouvernement Berlusconi opérait une reprise en main des centres culturels dans le monde. A midi, la rue de Varenne, dans le VIIe arrondissement de Paris, va retenir son souffle. D’un côté de la rue, à l’ambassade d’Italie, Giorgio Ferrara, directeur de l’Institut culturel italien, tiendra une conférence de presse pour expliquer sa politique et ses inflexions. De l’autre, des pétitionnaires déposeront un texte dénonçant l’arrêt brutal des cours d’italien en ce lieu. Il y a quelques semaines, les huit profs de langue se sont émus de la suspension de leurs cours dès le 6 février. Les étudiants, plus de 800 inscrits, s’appuyaient sur les brochures de l’institut annonçant le cursus linguistique du 6 février au 25 juin pour crier à l’imposture.

La pétition a regroupé plus de 600 signatures d’intellectuels, écrivains ou artistes, comme Yves Hersant, Fernando Arrabal, Jacqueline Risset, Jean-Claude Michéa ou Dominique Noguez. Une association constituée par les professeurs évincés s’est également montée pour assurer la suite des sessions de langue.

Cette affaire linguistique se dessine dans un contexte d’interrogations plus générales sur la personnalité et la politique de Giorgio Ferrara, metteur en scène de théâtre, directeur de l’Institut culturel depuis novembre. Ce dernier est marqué par le berlusconisme. Son frère, Giuliano Ferrara, fut ministre et porte-parole du premier gouvernement Berlusconi puis fondateur de Il Foglio, journal néoconservateur influent. Certes, Giorgio Ferrara s’en défend (« Mon frère, c’est mon frère. Je suis metteur en scène »), mais il a été choisi à un moment de reprise en main des centres culturels par Rome. De plus, les inquiétudes sur une « berlusconisation » de l’institut de la rue de Varenne vont bon train, alimentées par les déclarations du directeur (« Notre public est trop italien, pas assez parisien... ») et la crainte de manifestations plus « grand public » (des « coups mondains », disent déjà les opposants).

Giorgio Ferrara annonce la reprise des cours en octobre avec une nouvelle équipe, mais devra répondre d’une autre rumeur, concernant la bibliothèque de 40 000 volumes annoncée « déplacée » et « fonctionnant à régime réduit ». Il semblerait que le budget de la bibliothèque soit en diminution par rapport à l’an dernier et que certains journaux n’y soient plus visibles (« Les abonnements ont-ils été renouvelés ? », s’interrogent les pétitionnaires). Autant de questions qui ne manqueront pas d’être ouvertement posées à Giorgio Ferrara.