Accueil > La contestation se fait entendre
Des centaines de dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans le monde à l’occasion du 1er mai, que ce soit pour dénoncer le terrorisme en Espagne, chanter avec l’opposition en Ukraine ou encore protester contre la politique sociale en Allemagne.
Les seuls rassemblements russes ont réuni plus de 1,4 million de manifestants, à Moscou (44.000) et dans le reste du pays. On plaidait notamment contre la guerre en Irak, pour le respect de la démocratie en Russie ou pour des hausses de salaire.
A Madrid, quelque 5.000 Espagnols ont affronté le froid et la pluie derrière une banderole disant "Non au terrorisme". Les dirigeants des deux principaux syndicats ont déposé des fleurs devant un autel élevé aux 191 victimes des attentats du 11 mars dans la gare d’Atocha, près de laquelle plusieurs bombes avaient explosé. Plusieurs dizaines de manifestations ont eu lieu dans le reste de l’Espagne.
En Allemagne, plus de 25.000 personnes se sont rassemblées à Berlin. Le président du principal syndicat du pays, la Confédération syndicale (DGB), a fustigé la politique de réduction de la couverture sociale et d’assouplissement de la législation du travail du chancelier Gerhard Schröder. "Nous ne voulons pas d’une Europe où il faut avoir trois emplois simplement pour s’en tirer", a lancé Michael Sommer sous les applaudissements.
En prévision d’éventuelles violences, qui émaillent chaque 1er mai en Allemagne depuis 1987, 8.000 policiers étaient mobilisés. Dans la nuit, 58 agents ont été légèrement blessés dans des affrontements avec des jeunes, dont 110 ont été arrêtés. Quelque 5.500 personnes participaient à la Nuit de Walpurgis, une fête du printemps qui, au Moyen-Age, était censée effrayer les sorcières.
Toujours à l’heure de l’Europe, les trois principales confédérations italiennes ont organisé une manifestation du 1er mai à Gorizia, une cité voisine de la Slovénie. On a également défilé contre la présence de forces italiennes en Irak et manifester son soutien aux salariés d’Alitalia et de Fiat. Des défilés ont également eu lieu à Milan Rome et Naples, attirant des dizaines de milliers de personnes.
A Athènes, des milliers de travailleurs en grève ont défilé, mais les travaux pour les Jeux olympiques d’été n’ont pas été interrompus. La mairie a même distribué des milliers de pots de fleurs aux habitants pour embellir la ville.
En Turquie, à Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est à majorité kurde, 150 personnes ont été interpellées pour manifestation illégale. A Izmir, on protestait contre la condamnation à la prison à perpétuité d’Abdullah Ocalan. L’insurrection du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu’il dirige a fait 37.000 morts en 15 ans. La police a dispersé la foule avec des canons à eau. Il y aurait des blessés.
A Istanbul, la première ville du pays, plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont des syndicats et partis de gauche, ont manifesté contre la tenue du sommet de l’OTAN en juin et la venue du président américain George W. Bush. Des dizaines de protestataires ont été arrêtés.
A Ankara, on dénonçait l’occupation américaine en Irak et la politique de Washington dans la région.
A Cuba aussi, les Etats-Unis étaient montrés du doigt et prévenus par la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) de ce que l’île résisterait à une "guerre préventive" ou une tentative américaine d’imposer des changements.
En Corée du Nord, 600 travailleurs sud et nord-coréens ont fêté ensemble le 1er Mai à Pyongyang en appelant à la réunification de la péninsule. Environ 2.000 habitants les ont rejoints.
Quant aux Thaïlandais, ils ont marché en rouge à Bangkok pour dénoncer le projet de privatisation de l’électricité.
La Fête du travail a pris un tour insolite en Ukraine, où quelque 20.000 personnes répondant à l’appel des communistes et socialistes à Kiev ont chanté avec le chef de l’opposition Viktor Youchtchenko.
En Moldavie, le président Vladimir Voronine a réduit le prix du pain de 5 centimes pour la journée. MOSCOU (AP)