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La gauche mexicaine avec Chavez

Publie le lundi 24 janvier 2005 par Open-Publishing

Communiqué du Parti de la Révolution Démocratique -PRD- - Mexique

Le comportement dangereux du gouvernement colombien

1. Ces derniers jours ont produit une situation délicate et dangereuse pour les relations entre les pays et les gouvernements de l’Amérique latine et des Caraïbes. Le gouvernement colombien, conduit par Álvaro Uribe Vélez, s’est arrogé le droit de promouvoir et d’encourager les enlèvements de personnes poursuivies par son administration sur n’importe quel territoire du continent. Il offre des récompenses de plusieurs millions de dollars. Il dit qu’un engagement dans la « lutte contre le terrorisme » signifie que les gouvernements et les peuples de la région doivent accepter qu’en leurs territoires soient réalisés des enlèvements et des arrestations en marge de la loi, des institutions et des organes militaires ou policiers locaux. Le gouvernement d’Uribe Vélez considère que les personnes qualifiées par lui de « terroristes » peuvent et doivent être séquestrées sans que la procédure n’ait la moindre importance. Il ajoute que si des policiers ou des fonctionnaires d’un pays collaborent ou exécutent l’enlèvement ce n’est pas parce qu’ils ont été soudoyés, mais qu’ils ont accepté de recevoir une récompense. Et, finalement, il annonce la communication d’information sur les Colombiens résidant au Venezuela, ce qui met en évidence le fait qu’il réalise un travail d’intelligence sur d’autres territoires.

2. Précisément cet aspect de la politique du gouvernement colombien s’est concrétisé avec l’enlèvement du dirigeant des FARC-EP, Rodrigo Granda, suivi du refus de donner la moindre explication ou excuse aux autorités vénézuéliennes. Pour les autorités colombiennes, les contrevenants vénézuéliens qui ont commis l’enlèvement n’ont pas été soudoyés, ils ont simplement reçu une récompense. Des fonctionnaires colombiens prétendent justifier l’action illégale de mettre la main sur une personne recherchée en territoire étranger et l’emmener clandestinement à la police d’Uribe Vélez. Pour eux, la « lutte contre le terrorisme » signifie qu’un gouvernement peut opérer dans un autre pays de façon irrégulière, payer des récompenses, recevoir la personne et en plus ne pas donner d’explication aux autorités locales. Cela ne peut pas être autre chose que la répétition caricaturale et arrogante de la politique du gouvernement des Etats-Unis pour intervenir dans d’autres pays et effectuer des actions hors de son territoire. Uribe Vélez se montre, une fois de plus, comme un subalterne de la Maison Blanche. Au passage, le gouvernement colombien se joint, soumis, à la campagne de Washington contre le gouvernement bolivarien du Venezuela.

3. La question qui se pose est la suivante : Le gouvernement Uribe Vélez va-t-il promouvoir ces enlèvements et ces récompenses au Brésil, en Argentine, au Chili, en Equateur, en Bolivie et au Mexique ? Les présidents Lula Da Silva, Kirchner, Ricardo Lagos et les autres vont-ils devoir demander des explications ? Apparemment le gouvernement colombien veut imposer la loi de la jungle en Amérique latine.

4. Si la prétention du gouvernement colombien ne rencontre pas d’opposition et n’est pas remise en cause dans la région, nous risquons de voir se répéter les opérations et les actions comme celles qui se produisaient dans le cadre du Plan Cóndor lorsque les organes policiers et répressifs effectuaient des enlèvements, des tortures, des disparitions et des exécutions dans différents pays du Cône Sud. Aujourd’hui ceux qui ont ordonné et exécuté ces actions se trouvent devant les tribunaux, en fuite, détenus, ou pour le moins jugés par l’histoire. Nous sommes face au danger réel que le gouvernement colombien commence une série d’actions répressives et policières illégales sur d’autres territoires. Cela représente une violation du droit international, des lois des pays, de la souveraineté et de la coexistence entre les gouvernements.

5. C’est le moment pour les gouvernements progressistes, pour les forces démocratiques, pour les personnes dignes de l’Amérique latine et des Caraïbes, de dénoncer et de contenir l’offensive du gouvernement colombien, laquelle pourrait provoquer des situations de tension et de confrontation dans une région qui est à la recherche de l’intégration et de la coopération basée non pas sur des irrégularités, non pas sur des décisions unilatérales, mais sur le consensus, l’équité et le respect mutuel. Si Uribe Vélez ne peut pas régler le conflit interne de son pays, qu’il ne le déplace vers le reste du continent de façon irresponsable et arrogante.

6. Nous déclarons de façon anticipée l’opposition et le rejet absolu de la part du PRD et des forces démocratiques de toute tentative des autorités colombiennes de prétendre effectuer des opérations irrégulières sur notre territoire et nous exigeons au gouvernement de Vicente Fox [président mexicain] et aux organes policiers et militaires la défense de notre souveraineté et le respect des droits civils et humains des citoyens résidant, ou de passage, dans notre pays.

Mario Saucedo Pérez

Secrétaire aux Relations Internationales

Parti de la Révolution Démocratique (PRD), Mexique