La mobilisation plus forte que la matraque

Malgré l’annonce par le ministre de la création d’assistants pédagogiques dans 300 établissements jugés sensibles, le mouvement devrait se poursuivre. La FIDL appelle à manifester jeudi 14 avril

de Ludovic Tomas

Après l’intimidation, Fillon tente la manipulation. Avec, semble-t-il, le même succès. Vendredi, devant le Conseil national de la vie lycéenne (CNVL), le ministre de l’Éducation a annoncé la mise en place d’assistants pédagogiques dans les 300 établissements les plus sensibles, dès la rentrée prochaine. Qualifiée d’« innovation », cette mesure n’est autre qu’une énième version du tutorat, voire une réinvention du pionnicat. En effet, ce sont des étudiants destinés aux métiers de l’enseignement qui vont assurer ce soutien scolaire. Leur nombre exact et leur mode de recrutement n’ont pas été précisés, le ministre ayant seulement indiqué que ces étudiants seraient salariés et formés à leurs nouvelles missions.

Plutôt discrètes dans la dernière période, les organisations lycéennes refont surface. Pour la FIDL, qui juge seulement « recevable » la proposition, François Fillon reste « en complet décalage avec les demandes de la jeunesse du pays. Pendant que le dialogue est réclamé par le biais de nombreuses occupations pacifiques, c’est par les matraques qu’il répond. Quand ce sont des avancées concrètes qui sont attendues, c’est par des mesures bien trop minces qu’il rétorque. Qu’en est-il des TPE, des filières professionnelles et technologiques toujours menacées et du plan d’urgence de un milliard d’euros pour l’éducation ? » interroge le syndicat qui appelle les lycéens, en vacances ou non, à célébrer l’enterrement de l’éducation nationale jeudi 14.

Plus enthousiaste, l’UNL voit dans la manoeuvre ministérielle un « premier signe positif » et « se félicite que, trois mois après le début de la mobilisation, le ministre semble enfin avoir entendu le malaise exprimé par les lycéens en matière de justice sociale et d’inégalités, à la condition que la réalité du dispositif soit à la hauteur des besoins ». On voudrait mettre fin à un mouvement qu’on ne s’y prendrait pas autrement... Pour le SNES-FSU, « c’est aberrant, complètement incohérent. Ces assistants ont le même profil que les MI-SE (étudiants-surveillants), dont le corps a été littéralement massacré, il y a deux ans, par le ministère de l’Éducation nationale », accuse Gisèle Jean, cosecrétaire générale du premier syndicat d’enseignants du secondaire.

Dans les établissements, les lycéens n’entendent pas baisser les bras. Après une semaine marquée par les violences policières, la mobilisation pourrait reprendre dès aujourd’hui. Des actions de blocage sont prévues dans plusieurs établissements, notamment à Vitry (Val-de-Marne). Malgré les tentatives gouvernementales pour décrédibiliser le mouvement lycéen, celui-ci n’a pas dit son dernier mot.

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