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La première « immortelle » maghrébine
Publie le samedi 24 juin 2006 par Open-Publishing3 commentaires
Académie française
La première « immortelle » maghrébine
L’Académie française compte un nouveau membre et, pour la première fois depuis sa création en 1635, il s’agit d’une personnalité d’origine maghrébine.
L’Algérienne Assia Djebar a été officiellement reçue jeudi après-midi sous la Coupole, après une élection au second tour qui a eu lieu le 16 juin 2005.
De son vrai nom Fatima Zohra Imalayen , l’écrivaine de 69 ans est une figure de proue de la littérature maghrébine. Par son travail, elle se fait chantre, entre autres, de la promotion et de la libération de la femme. Elle évoque aussi dans ses oeuvres nombreuses la violence qui déchire sporadiquement son pays ainsi que l’intégrisme (Le Blanc de l’Algérie).
Elle a publié son premier livre en 1957 (La soif) et est lauréate de nombreux prix internationaux.
Assia Djebar a aussi porté au cinéma et au théâtre ses questionnements politiques et sociaux (La Nouba des femmes du mont Chenoua).
Messages
1. > La première « immortelle » maghrébine, 24 juin 2006, 18:32
Assia Djebar
L’ itinéraire qui mène de Fatima-Zohra Imalayène, née l’ été de 1936 à Cherchell, à Assia Djebar, l’ auteur, en 1957, de La Soif, passe par la petite enfance, l’ école coranique et l’ école primaire à Mouzaïa, les études secondaires à Blida, puis à Alger, et l’ Ecole Normale Supérieure de Sèvres. En 1958, Assia Djebar publie chez Julliard, éditeur de La Soif, son second roman Les Impatients et suit en Tunisie son mari entré dans la clandestinité.
La guerre d’Algérie entre alors dans sa quatrième année. C’est à Tunis qu’Assia Djebar, tout en préparant son diplôme d’histoire à l’ université, rédige pour El Moudjahid auprès des réfugiés algériens à la frontière, les enquêtes dont elle s’ inspirera pour la toile de fond de son quatrième roman Les Alouettes naïves [1]. En 1957 elle se rend au Maroc, enseigne l’ histoire de l’ Afrique du Nord à l’ université de Rabat, s’ occupe d’activités culturelles dans le cadre d’organisations algériennes. De retour en Algérie en 1962 elle publie Les Enfants du nouveau monde (Julliard), puis Rouge l’ aube en 1967 [2], et entreprend de multiples activités : enseignements à l’ université d’Alger (histoire moderne de l’ Afrique et, entre 1974 et 1976, sémiologie du cinéma), collaboration avec la presse, la radio, et la télévision, et réalisation en 1977 d’un long métrage La Nouba des femmes du Mont Chenoua qui obtient le prix de la Critique à la biennale de Venise en 1979.
Son second film, La Zerda ou les chants de l’ oubli, entrepris en 1979, n’est entièrement réalisé qu’en 1982. Entre-temps est publié Femmes d’Alger dans leur appartement [3]. En 1985 son roman L’ Amour, la fantasia [4] lui vaut d’être la lauréate du prix de l’ Amitié Franco-Arabe. Il est considéré comme l’ ouverture d’une fresque que continuent Ombre sultane, sixième roman publié en 1987 [5] et Loin de Médine [6].
Actuellement détachée au centre culturel algérien à Paris, Assia Djebar projette de faire un nouveau film et de poursuivre sa fresque sur L’ Algérie.
1. > La première « immortelle » maghrébine, 24 juin 2006, 18:38
ADDITIF AU POST PRECEDENT .
De 1997 à 2001, elle dirige le Centre d’études françaises et francophones de la Louisiana State Institute avant d’enseigner à l’Université de New-York.
Moisson de décorations
Traduite dans une quinzaine de langue, elle a été primée à plusieurs reprises. Elle a notamment reçu en 2000 le Prix de la paix attribué par les éditeurs et libraires allemands pour une œuvre littéraire qui plaide « en faveur des femmes des sociétés musulmanes ». En 2004, elle est pressentie pour le prix Nobel de littérature aux côtés de l’Américaine Joyce Carol Oates. Docteur honoris causa des Universités de Vienne (1995) et de Concordia (Montréal, en 2000), elle a été élue en 1999 à l’Académie royale de Belgique, au siège de Julien Green, avant d’être nommée Commandeur des Arts et des Lettres en France, en 2001, et de recevoir la Grande médaille de la Francophonie, décernée par l’Académie française.
Son dernier livre, La femme sans sépulture (2002), est un hommage à une héroïne de la guerre d’Algérie dont les enfants n’ont jamais pu enterrer le corps... Assia Djebar n’a pas fini d’être résistante.
claude de Toulouse .
2. > La première « immortelle » maghrébine, 26 juin 2006, 10:08
""Réagissant à cette élection, des écrivains maghrébins ont exprimé leur « fierté ». « Honorer un écrivain algérien sert la littérature française, mais aussi la littérature maghrébine en raison du nombre d’écrivains maghrébins qui produisent en français, ce qui représente un phénomène international.
Ces écrivains apportent une contribution à la littérature française en écrivant sur les sujets qui leur tiennent à coeur au Maghreb », estime le président de l’Union des écrivains tunisiens, Sallaheddine Boujah. « C’est la femme qu’il fallait à l’endroit qu’il fallait », s’est réjouie, de son côté, la romancière tunisienne Massouda Boubaker, souhaitant qu’Assia Djebar « serve l’identité et la cause arabes en renforçant les liens entre Orient et Occident ».
Nefla Dhab, écrivain et traductrice en arabe du roman la Soif d’Assia Djebar, a souhaité, quant à elle, que cette élection « fasse connaître les écrivains arabes qui écrivent en français et ceux qui peuvent être traduits à un public étendu en Europe ». Pour sa part, l’écrivain algérien Boualem Sansal assure que « la consécration d’Assia Djebar est une preuve éclatante que les intellectuels algériens sont capables, dans un espace de liberté, de produire des oeuvres de qualité et d’être reconnus et consacrés. C’est une consécration extraordinaire même si le gouvernement algérien y semble indifférent. »