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"La priorité, c’est de construire le rapport de forces"

Publie le samedi 29 mai 2004 par Open-Publishing

LE MONDE | 28.05.04 | 14h22

Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Olive.
Que vous inspire le paysage syndical ?

Il n’existe plus de Yalta syndical, entre des organisations dites "réformistes" et
"révolutionnaires". Aujourd’hui, tout est plus complexe. Auparavant, le schéma était simple, certains syndicats
signaient des accords, d’autres se retrouvaient dans un registre uniquement protestataire. Les
lignes ont bougé.

Dans ce contexte, que pensez-vous de l’évolution de la CGT ?
La CGT signe beaucoup d’accords dans les entreprises, même si elle en contracte moins au niveau
interprofessionnel. On sent bien que, sur des dossiers importants, tels que l’assurance-maladie, il
existe une réelle volonté de sa part d’entrer dans la gestion du système.

L’UNSA est-elle "satellisée" par la CGT ?
Nous avons des rapports loyaux avec la CGT ainsi que des points communs. Nous en avons également
avec la CFDT. Contrairement à cette dernière, pourtant, nous ne professons pas le messianisme du
contrat.

Pour nous, l’Etat doit rester le garant de l’ordre public social et le contrat ou la
convention ne peut pas être la norme quasi unique qui encadre les relations sociales.

Comment jugez-vous l’évolution de la CFDT ?

Nous nous côtoyons au sein de la même délégation à la Confédération européenne des syndicats. Nous
conduisons aussi avec elle un travail sur la gestion des compétences en espérant que cela
débouchera, là aussi, sur des positions communes entre nos deux organisations.

Mais il est vrai que,
depuis le conflit des retraites du printemps 2003, nos rapports avec la CFDT se sont détériorés. Nous
ressentons cela tant au niveau national qu’au niveau local, et nous déplorons cette
situation.

Pour la défense des salariés, nous n’estimons pas utile et efficace que la CFDT s’isole. Dans le
contexte actuel de durcissement social, de montée de la précarité et du chômage, on ne peut pas
signer des contrats aujourd’hui de la même façon que dans les années 1970. Face au Medef, qui
apparaît de plus en plus comme le lobby des entreprises du CAC 40, et sa volonté de détricoter notre
modèle social, la priorité, aujourd’hui, c’est de construire le rapport de forces. Le réformisme doit
aujourd’hui articuler négociation et mobilisation ; sur la Sécurité sociale, il n’est pas interdit
de faire les deux.

Ce que vous dites ressemble aux analyses de la CGT. Quelle est la spécificité de l’UNSA dans ce
paysage syndical ?

Ces analyses sont celles de l’UNSA. Si elles rejoignent les analyses d’autres organisations, tant
mieux. Nous n’avons jamais cultivé le patriotisme d’organisation en ayant pour objectif de faire
émerger une singularité à tout prix.

Quant aux spécificités entre l’UNSA et la CGT, les salariés
dans les entreprises et les administrations font, eux, la différence. Dans le paysage syndical
actuel, l’UNSA se présente de plus en plus comme un interlocuteur majeur. Il faudra compter avec nous.

Propos recueillis par Rémi Barroux

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-366609,0.html