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La question du foulard

Publie le vendredi 29 octobre 2004 par Open-Publishing
13 commentaires

La loi sur les « signes religieux » à l’école et les exclusions à répétition de lycéennes refusant d’ôter leur foulard « islamique » a remis la question de la religion sur l’avant-scène de la vie politique française.

Il faut dire que ceci arrange bien le gouvernement. Pouvoir se poser en champion de la « défense de la laïcité » et des soi-disant « valeurs républicaines » n’est pas inutile quand on est train de mener la politique sociale la plus rétrograde que le pays n’ait jamais connue depuis l’époque de Vichy ! Fixer l’attention du public sur un bout de tissu sur la tête de certaines élèves la détourne des questions plus graves. Les travailleurs en lutte contre la casse industrielle seraient bien heureux de disposer ne serait-ce que d’une fraction du temps médiatique accordé aux différents intervenants sur la question du foulard. Mais les licenciements de masse ne suscitent guère plus, dans les médias, que quelques mentions, souvent sous forme d’anecdote.

La question de notre attitude vis-à-vis de la religion est de la plus haute importance. Un manque de clarté sur cette question ne ferait que nous diviser, favoriser les objectifs du gouvernement, et tirer une ligne difficilement franchissable entre le mouvement communiste et les centaines de milliers de jeunes et de travailleurs qui, tout en étant croyants, sont parmi les premières victimes de l’exploitation et de la discrimination raciale. Malheureusement, la négligence de la théorie et des questions de programme qui caractérisent le mouvement ouvrier de nos jours - y compris chez les communistes - est telle que bon nombre de militants, convaincus de la nécessité de « combattre la religion », se sont laissés influencer par la propagande « républicaine » en faveur de la nouvelle loi.

Historiquement, le mouvement ouvrier s’est toujours battu pour que la religion soit une « affaire privée ». Karl Marx et Friedrich Engels, tout comme Lénine, défendaient ce point de vue. Mais ce mot d’ordre est souvent mal compris. Il affirmait le caractère « privé » des convictions religieuses des travailleurs face à l’Etat. Il se voulait un moyen de résister à l’ingérence de l’Etat dans les affaires religieuses et de défendre le droit de pratiquer librement une religion - ou de n’en pratiquer aucune. Cependant, contrairement à ce que semblent croire de nombreux « marxistes » contemporains, ils s’opposaient catégoriquement à « l’anticléricalisme » répressif qui sévissait sous la IIIème République. Dans la pratique, sous couvert de démagogie « républicaine » - un art très en vogue à l’heure actuelle - cette politique se traduisait par diverses formes de persécution et de harcèlement à l’encontre des communautés religieuses, des prêtres et des représentants de l’Eglise en général. Ce pseudo-radicalisme servait à couvrir d’une auréole « progressiste » la République, qui s’est érigée, ne l’oublions pas, sur les cadavres des 50 000 Parisiens massacrés lors de l’écrasement de la Commune de 1871.

Le marxisme est une méthode scientifique qui analyse tous les phénomènes de la nature et de la société humaine d’un point de vue matérialiste et qui, par conséquent, est en contradiction nette avec toutes les religions et croyances mystiques. Cependant, comme Marx en son temps, un communiste doit s’opposer fermement à des mesures répressives à l’encontre des pratiques religieuses ordinaires des croyants. En tant que marxistes, nous défendons la laïcité de l’école publique, c’est-à-dire le fait que les ressources de l’Etat et ses institutions ne doivent pas favoriser la propagation d’idées religieuses. Chirac, Raffarin et Sarkozy prétendent aussi défendre la « laïcité ». Mais dans la bouche de ces réactionnaires, la laïcité signifie l’imposition de mesures répressives à l’encontre des communautés du fait de leurs pratiques religieuses normales. Or, de notre point de vue, l’interdiction de porter un foulard à l’école ou ailleurs est tout à fait inacceptable. Il s’agit d’un droit démocratique élémentaire qui doit être résolument défendu par les marxistes. Les récentes exclusions, comme toutes celles qui ont eu lieu par le passé, constituent une attaque intolérable contre les droits démocratiques des élèves en question et une provocation à l’égard de l’ensemble des musulmans de France.

Admettons qu’une lycéenne porte un foulard d’une façon que les autorités qualifieraient de « provocante ». Où est le problème ? Une jeune femme qui est croyante ne devrait pas avoir à cacher ses convictions, pas plus que celle qui est communiste. Elle devrait pouvoir parler librement de sa religion et, si elle le souhaite, essayer d’en convaincre son entourage.
Naturellement, il serait préférable, de notre point de vue, que les jeunes et les travailleurs soient libérés de toutes les formes de croyances mystiques. On préférerait qu’ils se consacrent à la lutte pour en finir avec l’oppression sur terre plutôt que de lever leur regard vers un « au-delà » où règnerait la justice. Cependant, il faut tenir compte d’un fait : qu’on le veuille ou non, une partie non négligeable de la population est encore religieuse. Les croyants doivent pouvoir vivre leur religion sans subir des discriminations de la part de l’Etat.

L’enracinement des convictions religieuses dans la société est bien trop profond pour être extirpé par des mesures et interdictions administratives. Le fondement social et psychologique de la religion est avant tout l’aspiration à une existence meilleure, une existence plus digne, plus juste, en somme une vie qui paraît inatteignable dans le monde « matériel ». La religion, chez les jeunes et les travailleurs, c’est l’espoir d’un monde meilleur, exprimé sous une forme idéalisée et abstraite. Par conséquent, il faut s’attaquer tout d’abord aux racines sociales et économiques de celles-ci, et non partir en guerre « contre la religion ». Le marxisme s’oppose à toutes les discriminations et toutes les oppressions nationales, sexuelles ou religieuses, précisément dans le but de faciliter la plus large union possible de tous ceux qui ont intérêt à combattre le capitalisme.

Greg Oxley
http://ymax.free.fr/forum/viewtopic.php?p=486#486

Messages

  • Il existe aussi des intégristes "marxistes" qui n’ont d’ailleurs rien à voit avec MARX... ce sont ces gens qui auraient sans hésitation mis MARX dans le goulag... trop d’esprit critique.

  • ... Et comme d’habitude le "marxiste" auto-proclamé de service fait l’impasse sur les centaines de milliers de jeunes filles ("jeunes musulmanes") que l’interdiction de signes religieux à l’école protège contre les pressions machistes de leur entourage.

  • "La religion, c’est l’opium du peuple"

    Karl Marx.

  • Et si on arrêtait de leur faire de la pub, aux porteuses de voile qui voient là un excellent moyen de se faire remarquer

    • Un discours idéologique marxiste totalement ambigu et obscurantiste, qui se raccroche aux branches...

      Ou se trouve la liberté de porter le voile pour ces jeunes filles ? ce groupe Marxiste pourrait se pencher sur la domination masculine, qui devient de l’esclavage pour la femme dans les pays intégristes.

      Quelle insulte pour ces femmes Musulmanes ou non, originaires du Magrehb ou d’Afrique, persécutées, lapidées, condamnées par les intégristes, qui continuent pourtant à lutter pour leur liberté et leur dignité de femmes !

      Ah camarades, on se plaint de l’effondrement du marxisme et du communisme, mais ça n’est pas avec des théories aussi débiles que vous allez redresser la barre !!

      A bas toutes les religions, et la je rejoins Marx, c’est l’opium du peuple certes, et ce groupe marxiste ferait mieux de "fumer" plutôt que de raconter ce genre de c...peut être finirait-il par être drôle ?

  • Faut-il rappeler une fois encore qu’il ne s’agit pas d’interdire le voile en général, mais seulement à l’ ECOLE PUBLIQUE ?

    Faut-il rappeler que la loi n’est pas seulement dirigée contre le voile ?
    A nous de nous en saisir pour virer les aumoneries de tous les établissements scolaires, dénoncer les subventions des établissements privés et\ou confessionnels ainsi que le paiement des professeurs de ces établissements par l’Etat, à nous de dénoncer l’anomalie de l’Alsace-Moselle, avec force

    A bas la religion !
    Et qu’on nous lache un peu avec les quelques demeurées qui veulent seulement passer à la télé.