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Le Monde libertaire # 1466 du 22 au 28 février 2007

Publie le samedi 24 février 2007 par Open-Publishing
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Le Monde libertaire # 1466 du 22 au 28 février 2007

Le sommaire :

Erika, procès d’un trust, par J-P. Levaray, page 3
Sud-Ouest fait des amalgames douteux, par J.-M. Raynaud, page 4
Réunion électorale, par Libertad, page 5
Brèves de combat, page 6
Papon est mort, par J.-J. Gandini, page 7
Ni dieu - ni maire-directeur à l’école, par V. Benito, page 8
Le cercle vicieux de la démocratie, par R. Constant, page 9
Les bébés en sursis, par P. Schindler, page 10
De la fiscalité, par J. Langlois, page 11
L’enfant-poubelle, par G. Molinier, page 15
Guinée en lutte, par J.-P. Germain, page 16
Sénégal : les masques sont tombés, par D. Brubonde, page 17
La peste monothéiste, page 19
Le club du livre libertaire, page 20
Disparitions, par le CIRA de Marseille, page 21
Jean-Pierre Bourgeois, dit Clément, par Jean-Louis, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23

L’éditorial :

Le monde va mal, c’est pas nouveau. Quand dans les pays riches on se maintient, c’est ceux d’en bas qui ramassent les pots cassés. Le banquet d’adieu qui a eu lieu entre les divers partenaires de « Françafric » est là pour en témoigner. Envoyez-nous les matières premières pour les affiner et faire courir les profits.

Accessoirement on formera vos élites pour que la machine fonctionne, et vogue la galère aux profits !

C’est peut-être un peu court mais faut-il vraiment en rajouter ? Même au susnommé sommet de Cannes ont été évoquées les crises d’Afrique centrale et de Guinée. On en cause mais les vraies solutions sont-elles vraiment évoquées ? Des systèmes politiques sous tutelle, des libertés syndicales niées et les droits de l’être humain aux oubliettes.

Dans notre belle terre de France, rien ne se passe comme il faudrait non plus, de l’Amoco Cadis à l’Erika les profiteurs de seconde zone mettent leurs dividendes avant la protection de la nature. Faut-il attendre des années aux prud’hommes pour obtenir le juste dédommagement d’une mise à la porte alors que l’entreprise engrange profits et dividendes pour enfin voir le bout du tunnel ou mourir à petit feu entre alcool et déprime ou mettre le feu à une ANPE dans un moment de nihilisme ?

Dans les années 1970, Léo Ferré chantait « Le beau syndicat qui reste à la maison » (Paris, je ne t’aime plus), en ce moment c’est pas mieux, voire pis encore ? Ils, les différentes boutiques dites syndicales, ne savent plus s’il faut la jouer revendicatif ou en attente de compromissions.

Devinez qui va l’emporter ?...

Le Congrès américain a beau se rebiffer contre Bush, désavouant le président cela va-t-il vraiment infléchir la politique américaine ?

Peut-être diminuer l’enveloppe pour la guerre en Afghanistan et en Irak, mais freiner le rôle des États-Unis dans la gendarmerie planétaire…

Pendant ce temps-là, sur la Croisette, le sommet Afrique-France qui a réuni 49 pays africains s’est borné à des déclarations d’intention. Molle indignation sur la tragédie du Darfour, refus du Soudan d’accorder des visas à une mission de l’ONU sur les droits de l’homme…

Une seule « note optimiste » : la « matraque d’or » décernée au président du Togo, le prix de la « meilleure société d’exploitation » à la compagnie pétrolière Total-Pina et la palme d’or décernée au président Chirac « l’ami des dictateurs et pas de l’Afrique ».

L’agenda du Monde libertaire :

Vendredi 23 février

Bordeaux

Rencontre avec des paysans d’Atenco (Mexique), à 21 heures, à l’Athénée libertaire, 7, rue du Muguet.

Amiens

Dans le cadre de la création du groupe d’Amiens de la Fédération anarchiste, nous proposons aux libertaires de l’agglomération deux rendez-vous, les vendredis 16 et 23 février à partir de 18h30, au café Le Lucullus, rue de la République, afin de pouvoir échanger, discuter et commencer à parler des éventuels projets à mener ensemble.

Paris 20e

« Décroissance et partage des richesse, la double révolution. » Débat animé par Alex de l’émission les Mangeux de terre sur Radio libertaire avec Wally du groupe Louise-Michel à 20 heures, au bar le Lieu-Dit, 6, rue Sorbier. M° Ménilmontant ou Gambetta.

Saint-Denis (93)

Rencontre-débat avec Maurice Rajsfus, historien et Jean-Jacques Reboux, écrivain, sur le thème : « Tous suspects, tous dangereux ». Maurice Rajsfus nous parlera de « la police d’hier et d’aujourd’hui » et plus particulièrement de l’état actuel du fichage en France à travers les multiples fichiers existants. Jean-Jacques Reboux reviendra sur l’interpellation policière dont il fut l’objet le 24 juillet 2006 à Paris. À 19h30 à la Bourse du Travail, 9, rue Genin (métro ligne 13, station Porte-de-Paris).
Organisée par la Société de défense des laïques et le groupe Henry-Poulaille de la Fédération anarchiste.

Chalon-sur-Saône (71)

Conférence-débat sur le thème : « En finir avec le nucléaire ! », organisée par le groupe libertaire de Saône-et-Loire et le groupe la Vache noire de la Fédération anarchiste, en association avec le Réseau sortir du nucléaire, à 20 heures, salle 21, rempart Saint-Vincent. Entrée libre, table de presse.

Caen (14)

Rencontre-débat sur la décroissance avec Jean-Pierre Tertrais, auteur du livre Du développement à la Décroissance, à 20h30 au squat la Mauvaise Herbe, 7, rue de La Masse (près du CHR).

Samedi 24 février

Bordeaux

Concert avec Hapi Wuiz (rock bruitiste, Bordeaux), Kid Blunt (hardcore mélodique intense, Irelande) et Chad Unpoe (hiphop,
Toulouse) organisé par les Potagers natures, à 19 heures : à l’Athénée libertaire, 7, rue du Muguet. 4 euros.

Paris 20e

Concert de Fred Alpi à la Maroquenie, à 20h30, 23, rue Boyer, pour la sortie de son nouvel album Se reposer ou être libre. Prix libre.

Dimanche 25 février

Bordeaux

Projection de l’Allemagne en automne, documentaire allemand de 1978. La projection sera suivie d’un repas végétarien à prix libre, à 18 heures, à l’Athénée libertaire, 7, rue du Muguet.

Mercredi 28 février

Compiègne

Le groupe de la Fédération anarchiste de Compiègne a désormais son émission quotidienne tous les mercredi de 17 heures à 18 heures qui se prénomme « Toutes peines méritent sa grève » sur les ondes de radio Graf’hit 94.9 (Radio membre de la ferarock) écoutable sur Internet.

Vendredi 2 mars

Lorient (56)

Le groupe libertaire Francisco-Ferrer (Fédération anarchiste de Lorient) organise, à 20h30, la projection de Land and freedom de Ken Loach (césar du meilleur film étranger 1996) à la maison des associations, cité Allende, 12, rue Colbert. Entrée libre. Le film sera suivi d’un débat : Quel enseignement tirer des expériences autogestionnaires et de la solidarité internationale ? Alors qu’aujourd’hui, c’est toute l’Espagne qui s’interroge sur les années sombres qui ont suivi la défaite républicaine, peut-on aussi questionner le rôle des gouvernements des démocraties voisines ? Etc.…

Samedi 3 mars

Paris 18e

Rencontre-débat avec Thierry Maricourt qui nous parle de son dernier ouvrage Alacatel-Illkirch, entreprise high-tech et restructurations à 15h30, à la bibliothèque La Rue, au 10, rue Robert-Planquette.

Chalon-sur-Saône (71)
Réunion publique sur l’antiélectoralisme, à 20 heures, salle du Cloître, rue du Cloître, organisée par le groupe libertaire de Saône-et-Loire et le groupe la Vache noire de la Fédération anarchiste. Entrée libre, table de presse.

Vendredi 9 mars

Bordeaux

Concert avec Easpa Measa (anarcho-punk, Irlande), organisé par Mankind à 19 heures, à l’Athénée libertaire, 7, rue du Muguet. 5 euros.

Maurice Papon
De l’ignominie ordinaire
au service de l’État
6 MAI 1981 : Le Canard enchaîné publie des documents signés de la main de Maurice Papon prouvant sa responsabilité, en tant que Secrétaire général de la préfecture de la Gironde, dans la déportation de 1690 Juifs de Bordeaux à Drancy, destination finale Auschwitz, sous l’Occupation entre 1942 et 1944. Il est alors ministre du Budget dans le gouvernement de Raymond Barre (avec pour directeur de cabinet Jean-Louis Debré) après une carrière ininterrompue de près d’un demi-siècle dans l’appareil d’État sous l’égide successive des radicaux-socialistes, du Front populaire, du régime de Vichy, de la Libération gaulliste, des socialistes, du Front républicain, du gaullisme à nouveau (où en tant que préfet de police de Paris, il commettra son second crime d’État avec le massacre de centaines d’Algériens le soir du 17 octobre 1961 et dans les jours qui suivirent, crime toujours impuni) avant de se rallier en 1974 à Giscard d’Estaing sous la houlette de Jacques Chirac.

Inculpé le 19 janvier 1983 de « crime contre l’humanité », il se présente libre, au bout de quinze ans d’instruction (véritable parcours d’obstacles pour les parties civiles sans l’opiniâtreté desquelles le procès n’aurait jamais eu lieu), devant la cour d’assises de Bordeaux qui le condamne le 2 avril 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour « complicité de crime contre l’humanité ». Il faudra attendre le 22 octobre 1999 pour qu’il soit incarcéré, après une fuite rocambolesque en Suisse, et il sera remis en liberté moins de trois ans plus tard, le 18 septembre 2002, grâce à l’application de la loi Kouchner car « le pronostic vital était engagé », mais il lui survivra plus de quatre ans puisqu’il meurt ce 17 février 2007 à l’âge de 96 ans !

Maurice Papon ne regrettait rien : « Si c’était à refaire, je le referais ! » s’est-il écrié à la fin de son procès, car il ne faisait que son métier : son métier de fonctionnaire zélé, rouage administratif au service de l’État qui établit les listes de Juifs selon la législation en vigueur comme il le ferait pour n’importe quel « produit » figurant dans sa nomenclature de bureaucrate. C’est en cela que son histoire est exemplaire : il est le symbole de cinquante années d’histoire des mentalités françaises, de ces mensonges, oublis et autres arrangements biseautés pour éviter l’image que nous renvoie le miroir, celle du crime d’indifférence. Ne sommes-nous pas tous capables un jour, nous individus ordinaires comme Papon, d’obéir à l’inacceptable ?

Car c’est là que le bât blesse. Le crime contre l’humanité, ce n’est pas Auschwitz, c’est une chaîne qui commence avec l’exclusion de la vie civile et professionnelle et le fichage, se poursuit avec les arrestations et les séquestrations, qui vont déboucher sur la déportation et finir par le gazage. La division des tâches et des responsabilités étant poussée à l’infini, chacun peut feindre d’ignorer dans cette chaîne le rôle du maillon qui le précède et de celui qu’il précède. Papon a accompli son devoir de technicien, de spécialiste ; il fournit les moyens, la fin ne le regarde pas : au nom des ordres reçus, il ignore l’inhumanité des actes commis. Pour lui « démissionner aurait été déserter ! » NON : face à un régime d’exclusion obéir c’est soutenir, et démissionner c’est résister. Tout individu doit conserver sa capacité de choix de dire non car n’oublions jamais, comme le disait déjà Étienne de La Boétie en 1548, que « le pouvoir ne s’impose que du seul consentement de ceux sur lesquels il s’exerce ».

17 février 2007,

Jean-Jacques Gandini

auteur de le Procès Papon, Éd. Librio, 2 euros

Le Monde libertaire, hebdomadaire de la fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes

chaque jeudi dans vos kiosques, 24 pages en couleurs d’actualité vue par les anarchistes

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