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Le PCF confronté au déclin du communisme municipal
Publie le lundi 10 décembre 2007 par Open-Publishingde Castagnet Mathieu
Déjà très affaibli, le PCF jouera une partie de son avenir lors des prochaines élections municipales
Réunis ce week-end en assemblée nationale extraordinaire, les communistes devaient discuter de leur avenir à moyen terme (lire ci-dessous). En toile de fond des discussions, s’est aussi inscrite la lancinante question des prochaines échéances municipales. Un scrutin qui pèsera lourd politiquement, symboliquement et financièrement pour le Parti communiste.
Ces dernières années, le PCF a, en effet, perdu sur tous les tableaux. Lorsque la gauche en général recule, il s’effondre. Et lorsque la gauche progresse, il patine. En 2004, le PS avait ainsi enlevé 20 des 22 régions métropolitaines.
Le PCF aucune. En juin dernier, malgré sa défaite, le PS était parvenu à augmenter le nombre de ses députés. Le PCF, lui, a perdu son groupe autonome. En 2008, le Parti communiste jouera donc gros aux municipales, le dernier échelon où il pèse encore un poids conséquent. Sur ce terrain aussi, comme dirait Jean-Pierre Raffarin, « la pente est forte ». Dans le sens de la descente, incontestablement.
Le PCF revendiquait ainsi 1 149 maires en 1989, puis 881 en 1995. Il n’en dénombre plus que 806 actuellement. Les pertes n’épargnent pas les bastions historiques. « Le balcon rouge, autour de la Méditerranée, a déjà pris l’eau. La ceinture rouge, autour de Paris, est mal en point », résume d’une formule lapidaire Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à Nancy.
L’hémorragie est d’autant plus grave qu’elle frappe souvent les plus grandes villes. Le Parti communiste ne gère plus aucune agglomération de plus 100 000 habitants, depuis la perte du Havre en 1995. « En 1977, les municipalités communistes comptaient 8,6 millions d’habitants, soit 16,4 % de la population métropolitaine ; en 2001, les municipalités communistes n’en comptent plus que 3,4 millions soit 5,8 % de la population », calculent les politologues Marie-Claire Lavabre et François Platone (1).
Ternie, l’étoile du communisme municipal continue toutefois de briller bien plus ardemment que celle du PCF au niveau national, après le calamiteux 1,93 % récolté par Marie-George Buffet, à la dernière élection présidentielle. Non seulement la direction du parti reconnaît cette particularité, mais elle en fait même un argument contre les tentations « hégémoniques » des socialistes ! « On peut avoir dans des villes un PS en tête à la présidentielle, et aux cantonales ou aux municipales d’autres forces à gauche, comme le PCF, mieux à même de rassembler car ayant la confiance des électeurs », assurait dernièrement la secrétaire nationale du parti.
Conserver ses positions sera pourtant un défi pour le Parti communiste. Dans ses fiefs, il a longtemps tenu par « son attention aux questions sociales et un très fort encadrement de la population, notamment par le biais des associations », note Marie-Claire Lavabre, chercheuse aux Centre de recherches politiques de Sciences-Po (Cevipof). Des singularités qui aujourd’hui s’étiolent. « Tout le monde fait du social, ce qui banalise les villes communistes.
Et le PCF est aussi confronté au défi du renouvellement de ses maires les plus âgés, des personnalités bien implantées qu’il a du mal à remplacer », remar que Dominique Andolfatto. Au regard de la situation, le Parti communiste ne se fait donc guère d’illusions. « Notre ambition est de préserver nos positions, en s’appuyant sur une stratégie unitaire avec le PS », explique Dominique Grador.
Pour la responsable des élections à la direction du PCF, un bon résultat « permettrait de maintenir un nombre important d’élus, ce qui amplifierait alors notre capacité à répondre à l’aspiration au changement qui monte dans le pays ». À l’inverse, au-delà même de l’impact politique sur un parti déjà déboussolé, un nouveau recul électoral aurait des conséquences matérielles importantes.
Le PCF présente, en effet, la spécificité d’être largement financé par les indemnités reversées par ses élus. Les parlementaires alimentent le siège national ; les élus locaux font vivre leur fédération. Leurs 13 millions d’euros assurent ainsi près des deux tiers du budget total des instances locales du Parti communiste. « Un effondrement dans les villes et les départements pourrait peser lourd sur certaines fédérations et sur le nombre de permanents », reconnaît Jean-Louis Frostin, le trésorier du PCF. Au risque d’accélérer encore un peu plus la spirale de son déclin.
(1) Que reste-t-il du PCF ? (Éd. Autrement).
Quel avenir pour le Parti communiste ?
Les tenants du maintien d’un PCF transformé mais autonome et ceux d’une fusion du parti dans un plus large rassemblement antilibéral se sont opposés durant deux jours, lors de la réunion à Paris des délégués venus de toutes les fédérations.
Comme prévu, les communistes ont décidé hier de ne rejeter aucune hypothèse et de renvoyer ce choix douloureux à leur prochain Congrès, prévu l’année prochaine. Le mandat, adopté à la majorité par les 1 179 délégués à l’assemblée nationale extraordinaire, après des débats très animés, précise notamment qu’il ne faut « exclure aucune hypothèse concernant le parti ou sa stratégie ».
Il souligne aussi « l’attachement politique des communistes au PCF ». Le texte a été adopté par 72 % de voix pour, 20 % contre et 7 % d’abstentions.
La Croix du 10 décembre 2007