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Le "lean manufacturing", ou l’exploitation maximale

Publie le jeudi 29 mars 2007 par Open-Publishing
11 commentaires

Depuis une vingtaine d’années, une forme d’organisation du travail se développe, dans la grande industrie, mais aussi dans les PME et PMI de sous-traitants industriels : le lean manufacturing.

Le mot anglais lean signifie, littéralement, « dégraissé ».

Sous la pression des grands groupes, ou dans le cadre des politiques internes d’organisation du travail des multinationales vers l’ensemble de leurs entités, le lean supplante peu à peu le modèle taylorien.

Environ 28% des salariés subissent cette mutation de l’organisation du travail.

Le lean est un travail en équipe polyvalente, avec des rotations dans les tâches à effectuer.

Le management de la qualité se fait sous forme d’autocontrôle des salariés, avec des critères très stricts. Les salariés sont contraints à des rythmes de travail particulièrement élevés, et les tâches sont très répétitives et monotones.

L’autonomie des salariés y est très réduite, et la production se fait en flux tendu, avec des normes quantitatives et qualitatives définies chaque jour, ou chaque semaine, sous forme d’objectifs à atteindre par équipe.

Ce sont principalement les ouvriers et les employés non qualifiés qui sont concernés par ce modèle.

En théorie, le lean devait concilier le besoin de contrôle de l’employeur sur ses équipes et l’initiative – voire la « créativité » – des salariés. Mais en réalité, près de 80% du travail, de ses modalités et objectifs sont définis par les supérieurs hiérarchiques directs, ce qui limite l’épanouissement du salarié dans son travail. De plus, la politique salariale tend à lier rémunération et performance – qualitative et quantitative – des équipes.

 Conditions de travail désastreuses

D’après un étude commandée par l’Union Européenne, près de 30% des personnes travaillant en lean déclarent être soumises à des cadences de travail trop élevées. 50 % estiment que les délais fixés par leurs hiérarchies sont trop serrés, ce qui engendre des retards pour 25% des équipes. 52% des employés doivent interrompre au moins une fois par jour leur travail pour une autre tâche imprévue, qui est perturbatrice dans 1/3 des cas.

Dans cette même étude, 66% des salariés estiment que le lean influe négativement sur leur santé. 37% jugent qu’il menace leur sécurité. Il entraîne également des troubles musculo-squelettiques (TMS) pour 30% des salariés, notamment aux épaules, au cou, dans les membres supérieurs et inférieurs, ainsi que dans le dos. Plus largement, le lean est associé à des problèmes de vue (pour 12,2% des salariés), d’audition (17%), de peau (10,8%), respiratoires (8%), de fatigue (25,2%) et des maux de tête (19,4%). 32% des salariés en lean se déclarent stressés. 7,6% souffrent d’anxiété et 11,2% d’insomnie. Ce sont des taux très supérieurs à la moyenne.

D’ailleurs, l’UE conclue son étude par le constat que les conditions de travail sont plus mauvaises en lean que dans toute autre forme d’organisation du travail – y compris taylorienne.

 « Autocontrôle »

Le lean exacerbe les individualités. Dans les entreprises où il a été mis en place, on a constaté une hausse des cas de brimades, voire de harcèlement moral, à l’égard des salariés qui ne peuvent suivre les cadences.

L’équipe gère sont temps de travail pour atteindre ses objectifs, ce qui fait que les salariés ont tendance, sous la pression de ces objectifs, à remettre eux-mêmes en cause leurs acquis en terme d’horaire.

La flexibilité choisie des horaires est supprimée, car l’équipe doit commencer et terminer sont travail ensemble. Ainsi, il n’est plus possible d’arriver en retard parce qu’on a déposé ses enfants à l’école. De même, les « pauses café » sont supprimées. Quant aux élus syndicaux et délégués du personnel, ils voient leur droit de se déplacer librement remis en cause, car leurs délégations « perturbent la ligne ».

Enfin, les conséquences sur l’emploi sont catastrophiques, car l’ensemble des machines et des salariés sont regroupés au même endroit. Un opérateur se retrouve à travailler sur deux machines au lieu d’une, ce qui entraîne une suppression de poste et une augmentation des cadences pour l’opérateur. Le lean entraîne également un encombrement des allées et une sécurité réduite.

 Quelques conseils aux salariés concernés par le « lean »

Nous conseillons aux salariés qui travaillent en lean de vérifier que les personnes chargées de son application aient des connaissances poussées en méthodologie du travail (5S, Kaysen ou équivalent). Il faut également que les ouvriers soient impliqués du début à la fin du processus, et surtout que les organisations syndicales ou le CHSCT n’hésitent pas à faire appel à un expert en méthodologie, ainsi qu’à la médecine du travail, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dégradation des conditions de travail.

Julien Gorrand (CGT 76)

Publication : vendredi 23 mars 2007

Relayé par R . B de http://wwwlavie.over-blog.com

Messages

  • Les chiffres et les différentes informations de cet article proviennent d’un rapport du Centre d’Etude pour l’Emploi intitulé, Condition de travail et santé au travail des salariés de l’Union Européenne : des situations contrastées selon les formes d’organisations écrit par Antoyne Valeyre, chargé de recherche au CNRS ansi que d’un rapport du Conseil Economique et Social intitulé Organisations du travail et nouveaux risques pour la santé des salariés. Ces deux documents sont disponibles sur internet. http://www.cee-recherche.fr/fr/doctrav/travail_conditions_sante_europe_73.pdf pour le premier. http://www.sante-securite.com/rapport-ces.pdf pour le deuxième.

  • Quelle abérration !!!

    ce que vous appelez LEAN ici n’est que du fordisme accentué
    Le LEAN c’est la participation de tous, le partage, la discussion autour de la performance et en adéquation à la demande du client
    on ne parle pas de cadence maxi mais de takt time
    revoyez un peu les basiques du LEAN
    Et désolé pour les entreprises qui font du PSEUDO LEAN chez qui a eu lieu cette merveilleuse enquete
    u rapport MC KINSEY met justement en évidence le retard français ent terme de LEAN MANUFACTURING (le vrai)

    Et si vous alliez demender chez TOYOTA onaing ou bien certaines usines MECAPLAST ou FAURECIA

    NE VOUS MEPRENEZ PAS
    seules quelques entreprises font du vrai lean en France
    Al

  • Bonjour,

    Avant d’écrire des choses fausses, vous devriez vous renseigner sur les vrais pratiques du Lean. Je suis attristé de constater que vous n’avez rien compris et que vous diffusez de fausses informations. Le lean est avant tout une culture de l’amélioration continue basée sur le respect de l’Homme qui devient créatif et n’est plus un presse bouton comme dans le fordisme et le taylorisme. Car c’est bien les opérateurs et les gens du terrain qui éliminent les problèmes et donc permet de développer des compétences ....
    Je suis toujours stupéfait de constater qu’il reste encore en France des gens qui ne comprenne rien à l’Industrie et le besoin en France d’arrêter de former des Elites incapables d’aller sur le TERRAIN ..... nous avons besoin de pratiquer le Lean et non de l’appliquer .... apprenons aux futurs générations à observer le TERRAIN, à mettre en évidence les problèmes en identifiant les causes racines et mettre en oeuvre des contremesures qui permettent à nos usines de garder nos emplois en FRANCE
    Monsieur je ne vous salut pas

  • Le lean n’est absolument pas destiné à exploiter au maximum les travailleurs.

    Le lean tend à produire uniquement ce qui est nécessaire au client en évitant les gaspillages de toutes natures.

    Ford et Taylor ne s’accordaient du tout sur les méthodologies. Ford cherchait à produire au plus vite en pariant sur l’augmentation des quantités pour absorber les coûts indirects. Taylor cherchait à éliminer les gestes inutiles. Il a été le premier a souligner les risques TMS liés à la répétition d’efforts.

    Les résultats de Ford correspondant plus au modèle du rêve Américain, l’aspect ergonomique de la pensée Taylor a été mis de coté pour un siècle.

    Le lean est avant tout une question de bon sens. L’appel a des experts est important mais ne doit pas être un point bloquant à la démarche d’amélioration. L’intéret de la démarche lean est d’analyser les erreurs pour éviter de les reproduire.

    Henry Ford s’opposait vigoureusement aux syndicats (d’où une réaction naturelle des syndicats à s’opposer à tout ce qui se rapporte au Fordisme) car il était convaincu que les syndicats refusaient les gains de productivité pour justifier des embauches supplémentaires...

    Aujourd’hui, les entreprises remettent en cause le modèle Ford à travers le lean. Qu’en est-il des syndicats ?

  • Bonjour

    Je suis Lean manager. Mon rôle dans l’entreprise n’est pas de mettre en place mais d’insuffler l’envie d’amélioration.
    Le gros soucis du Lean en Occident est que l’on applique le modèle provenant de chez Toyota d’une manière bien trop dirigiste.
    Le lean est en réalité une philosophie et pas une accumulation d’outils à utiliser coute que coute et en respectant scrupuleusement l’ordre des étapes.
    Le Lean est un état d’esprit, une manière de penser en mettant l’Homme au centre de l’Organisation - malheureusement en occident nombreux sont ceux qui ont oublié cela - et les idées, les actions doivent venir de celui qui, tous les jours, fait.
    Si l’opérateur ne veux pas, cela ne fonctionne pas correctement. on peut lui imposer mais cela marchera que le temps qu’il y aura quelqu’un derrière alors qu’il est si simple de faire adhérer.
    Le Lean c’est donner la responsabilité de la ligne de fabrication aux opérateurs qui travaillent sur cette ligne.
    C’est aussi la réduction des étages hiérarchiques.
    Pour ce qui est des cadences, elles sont calées sur le besoin du client dans ce que l’on appelle le takt time. En fonction du besoin, la cadence doit s’ajuster en accélération ou ralentissement. Mais le plus important est de travailler uniquement sur ce qui est vendu - pas pour du stock - et en one-piece-flow (travail en pièce à pièce) car la meilleure série est l’unitaire même si la formule tant appréciée dit le contraire
    car on veux toujours faire de la grande série et des économies de masse - le paradigme de la production de masse n’est valide aujourd’hui qu’en chine, pas en occident - comme si les stocks, le transport, l’attente,... ne coutaient rien.
    Donner moi une entreprise qui accepte ma vision et vous verrez son évolution.
    Trop peu d’entreprises malheureusement entrent dans cette vision et considèrent que la ressource Humaine est la plus grande richesse de l’entreprise

    • Alors les chefs d’entreprise n’ont rien compris, cela ne me surprend pas lorsque l’on peut par le biais du lean accentuer la productivité, avec bonne conscience.Bravo !L’homme est un loup pour l’homme...Demandons aux personnes épuisées par ces méthodes, sans garde-fou ce qu’elles en pense, (avant leur suicide), plutôt que de les confiner dans les statistiques des personnes fragiles, âgées,etc...Toute ces combines pour, il faut le dire exploiter la crédulité des travailleurs ne peut aboutir que partiellement.Cela se retourne déja contre les initiateurs de telles méthodes, le progrès lèhumanisme passe par autre chose.
      Bonjour.

    • Bonjour Pascal,

      Je voulais juste rebondir sur la dernière phrase de votre commentaire : "Trop peu d’entreprises malheureusement entrent dans cette vision et considèrent que la ressource Humaine est la plus grande richesse de l’entreprise".

      En lisant le reste de votre article il me semble que vous voulez dire justement l’inverse. S’agit-il d’une erreur de frappe en rédigeant la fin ?
      Trop peu d’entreprises malheureusement entrent dans cette vision et ne considèrent pas que la ressource Humaine est la plus grande richesse de l’entreprise.

  • bonjour julien,

    je voudrais savoir ce que peut faire un expert en methodologie afin d’ameliorer la mise en place dans l’organisation d’une entreprise qui adopte le lean management .

    merci

    • oua ! le titre me laisse froid dans le dos ! le lean une philosophie je suis d’accord, alors qu’est ce qu’il veut dire par exploitation maximale ??? exploiter quoi, les hommes ?? ba oui et alors ....
      un expert lean pourrait être le formateur lean au sein de l’entreprise dans le but de former des groupes de personnes, constitués d’opérateurs, techniciens, managers ... aux techniques du pièce à pièce, du flux continue ... et en faisant appel à des cas concret comme le milk_run, la ligne fliexible, le balancement des opérations .... ces groupes ont en charge d’améliorer des zones de production délimitées clairement dans un processus d’amélioration. Tout cela doit être correctement emmené et accepté par tous. Par exemple, les premiers formés sont : le comité de direction et les représantants.

    • Aujourd’hui : ce 7 juin 2011, je reviens vers CET article que j’avais envoyé à BELLACIAO, le jeudi 29 mars 2007 ( à 16h00).
      Le temps a passé depuis.
      LA VIE qui a suivit... (jusqu’à ce jour d’aujourd’hui : 07 juin 2011) A SU SI GRAVEMENT le démontrer avec force et vérité !
      Malheureusement... combien, depuis, se sont suicidés de ‘n’en-pouvoir-plus’ !
      Sans compter ‘tous les autres... qui en meurent...-avant-l’âge’ ...ou qui se soignent... dans la douleur... encore aujourd’hui.
      Le capitalisme, ce système-toujours-plus-honni n’a pas d’avenir.
      Sachez-le bien, sachez-le clairement...
      et , je vous prie : « vite, vite, retournez votre veste ! »
      la conscience vous viendra, peut-être, un jour prochain...
      CAR NOUS, ENFIN !... envahissant toutes les places-publiques du monde entier,
      NOUS... vous ferons rendre l’âme...(celle de vos coffres) – PACIFIQUEMENT ET EN TOUTE CONSCIENCE, à votre système honni et à VOS CERTITUDES D’EXPLOITEURS... : vous qui, tous, inhumainement, avaient, (entre-autres-choses !), ovationné le « lean manufacturing »

      (Oh ! petits-et-grands-bourgeois qui jouissaient-du-monde depuis 1789... j’ai tellement honte pour vous !!)

      NOUS, NOUS SOMMES LE NOMBRE ET ...vous... êtes la haine-exploiteuse et la suffisance JOUISSEUSE et inhumaine...
      Oui, vous êtes bien toujours ces « animaux politiques » d’un autre âge !
      NOUS, NOUS SOMMES EN GESTATION DE DEVENIR... ENFIN... DES HUMAINS-ÉTHIQUES-ET-TRANSPARENTS. (QUE CELA VOUS PLAISE OU NON !)
      D’UNE ÉTHIQUE QU’IL S’AGIT DE RENDRE COMMUNE, À TRAVERS CE MONDE que votre ‘système-d’un-temps-éculé-et-inhumain’... enfonce et détruit.

      COURAGE DONC À-TOUS-LES-HUMAINS-DE-CE-MONDE-EN- RÉVOLUTION.

  • Bnjour

    Je reconnais certains trais de gestion exercée dans plusieurs compagnies présentement. Le Lean management devrait baser sur le partage et l’évolution des travailleurs. Comparons ça au communiste qui devait être une forme de partage de bien et des richesses pour une communauté. On sait ce qu’est devenu le communiste lorsque des exploiteurs l’ont appliqué. Même chose pour le Lean. Tout dépend qui l’applique et comment il l’interprète. On pourrait parler de la Bible également qui est le livre le plus interprété du monde selon qui veut exploiter l’autre. Pourtant elle n’est que le recueil d’écrits qui relate des faits historiques.