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Le libéralisme n’est plus un modèle...

Publie le mardi 20 décembre 2005 par Open-Publishing

La lecture des échos est parfois digne d’intéret...pour preuve un article publié aujourd’hui.

Le libéralisme n’est plus un modèle

Arnold Schwarzenegger vient de perdre un référendum qui promettait des baisses d’impôts. Le même genre de programme a empêché les libéraux de s’imposer en Allemagne et en Pologne.

Le Mali renationalise ses réseaux d’eau et d’électricité cinq ans après leur privatisation. Plus de 100 pays refusent à l’Unesco que la culture soit une marchandise comme les autres sur le marché mondial.

L’utopie libérale est mal en point. Dans les zones riches, après une période marquée par les critiques des défaillances de l’Etat, les politiques publiques sont de retour.

Les politiques de la concurrence se développent pour lutter contre les monopoles, et les politiques industrielles connaissent un retour en grâce. Celles de défense nationale et de lutte contre l’insécurité internationale regagnent du galon.

Après les scandales Enron, Parmalat et autres, les autorités financières américaines et européennes ont produit des normes plus strictes pour encadrer l’activité privée. La période de l’intervention minimale de l’Etat dans l’économie est révolue. Les politiques de baisse des impôts vont se faire de plus en plus rares.

La montée en puissance de pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil met également à mal la croyance dans les recettes libérales appliquées, cette fois, au développement.

Tous ces pays connaissent un succès qui, pour s’appuyer sur une ouverture croissante à l’économie mondiale, représente, comme celui plus ancien des pays du Sud-Est asiatique, le symbole d’une politique de développement largement décidée et mise en oeuvre par la puissance étatique.

La situation bascule aussi dans les grandes institutions internationales. Un rapport de la Banque mondiale dirigé par Roberto Zagha (« Economic Growth in the 1990 s. Learning from a decade of reform ») critique la croyance dans « la magie du marché », explique que « le système commercial mondial affiche toujours un biais anti-pauvres », etc. Et conseille la lecture de Marx et de Weber !

Il y a deux ans, le chef économiste du Fonds monétaire international, Kenneth Rogoff, expliquait qu’il n’y a aucun élément « pour soutenir l’argument théorique selon lequel la mondialisation financière se permet d’obtenir des taux de croissance plus élevés »...

Ne rêvons pas : contrairement à ce que nous racontent certains adeptes de l’antilibéralisme primaire, la chute du libéralisme comme idéologie économique n’est pas la garantie assurée d’un monde moins inégalitaire et plus démocratique. Il n’y a pas encore de consensus sur le plan B.

Mais le libéralisme est sonné.

CHRISTIAN CHAVAGNEUX, rédacteur en chef de la revue « L’Economie politique » et rédacteur en chef adjoint d’« Alternatives économiques »