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Le ministère de l’Education nationale veut-il ficher les profs qui s’expriment en toute liberté sur la Toile ?

Publie le lundi 17 novembre 2008 par Open-Publishing
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de Véronique Soulé

La polémique bat son plein après la publication d’un appel d’offres daté du 15 octobre lancé par le ministère de l’Education et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour assurer « une veille de l’opinion ». L’appel d’offres est consultable en pdf ici.

Il est précisé que les ministères attendent une analyse de tout ce qui se dit et s’écrit dans les medias classiques – journaux, télés, radios - mais aussi sur le net, y compris les blogs et autres échanges informels. Coût du marché pour l’année 2009 : 100 000 euros hors taxes pour l’Education nationale, 120 000 euros hors taxes pour l’Enseignement supérieur (voir liberation.fr du 10 novembre).

Véronique Mély dirige la Délégation à la Communication commune aux deux ministères qui est à l’origine de l’appel d’offres. Elle a accepté de répondre aux questions de Liberation.fr

Est-ce la première fois que vous publiez un tel appel d’offres ?

Non. La Délégation à la Communication met en place une veille plurimedia depuis 2006 - à l’époque le ministre de l’Education était d’ailleurs Gilles de Robien. Toutes les grandes délégations – correspondant aux grands ministères – le font aussi. (Téléchargez ici au format pdf l’appel d’offres de l’année dernière, daté d’octobre 2007)

Cela est devenu nécessaire d’étendre la revue de presse auparavant limitée aux medias traditionnels au web classique et au web informel car nous nous sommes retrouvés devant une infinité de medias. Et la thématique de l’éducation est extrêmement présente sur le web. En réalité, il s’agit d’une prestation classique d’analyse des medias.

En aucun cas, on ne peut parler de fichage ou de surveillance. Il ne s’agit absolument pas d’identifier des cas individuels ou de constituer des fiches nominatives. Tout cela procède du fantasme. Nous voulons seulement savoir quel site a de l’influence, évaluer les audiences. En clair nous voulons écouter tous ceux qui veulent se faire entendre sur le web,

Y a t il quelque chose de nouveau dans l’appel d’offres cette année pour expliquer la levée de boucliers ?

La formulation générale est la même. Mais cette année nous avons introduit des précisions dans le « cahier des clauses particulières » : nous parlons notamment de repérer des « leaders d’opinion », les « lanceurs d’alerte », etc. Mais ce vocabulaire a été mal interprété, particulèrement le second terme. Or s’agissant d’un appel d’offres, il nous fallait préciser au maximum le produit que l’on demande à la société prestataire. Et nous avons utilisé la terminologie habituelle pour ce type de service.

Disposez-vous toujours d’une revue de presse classique ?

Bien sûr et elle ne choque personne, la polémique s’étant focalisée sur le web. Elle a d’ailleurs récemment été dématérialisée : chaque matin, les destinataires la recoivent en format pdf. Tout au plus en imprime-t-on trois exemplaires.

La veille plurimedia, elle, est un produit de synthèse généralement hebdomadaire. Mais on peut demander à la recevoir plus souvent. Cette synthèse souligne les grands thèmes qui sont repris dans la presse traditionnelle et sur le web, les sujets discutés sur le web que les medias classiques ne reprennent pas, les videos qui circulent, etc.

Comprenez-vous cet emballement ?

Je suis assez surprise par l’interprétation de cet appel d’offres et par l’amalgame. Je ne peux que constater une sensibilité certaine à ces sujets qui s’est cristallisée sur certaines expressions. Mais je le répète : l’opinion cherche à se faire entendre sur le web, et nous, nous cherchons à l’écouter.

http://www.liberation.fr/societe/01...

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