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Le ministère reste sourd et accélère l’application de la LRU

Publie le samedi 26 juillet 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

La liste des vingt premières universités à accéder à l’autonomie en janvier 2009 a donc été dévoilée par le ministère. On ne s’étonnera pas de retrouver dans cette liste les universités dont les présidents avaient clairement affirmé que la LRU leur permettrait d’augmenter les frais d’inscriptions, ni les principaux pôles retenus pour l’opération campus.

Car derrière l’affirmation radoté par la ministre selon laquelle l’autonomie doit permettre de doubler le budget des universités d’ici 2012, il faut décortiquer la réalité des chiffres qui sont avancés.

D’une part, il s’agit de faire émerger quelques « pôles d’excellence » qui ne seront accessibles qu’aux étudiant-e-s les plus fortuné-e-s ou les plus « méritant-e-s » (qui sont généralement les mêmes). Ces pôles auraient pour objectif de s’inscrire dans les hauteurs des classements internationaux (comme l’annonçait la lettre de mission de V.Pécresse en 2007), bien que ces classements soient considérés comme absurdes (y compris par des proches du ministère).

D’autre part, il s’agit de faire en sorte que les plus petites universités sortent du cadre national pour ce qui est de la gestion de leur budget et de leur gouvernance, afin de laisser les entreprises locales gonfler le budget en exerçant parallèlement une influence accrue sur les contenus des formations et des diplômes. Ces petites universités (qui sont d’ailleurs les premières à s’être dotées des fameuses « fondations ») deviennent donc progressivement des usines d’habilitations à travailler dans les entreprises du bassin économique local.

Loin de représenter l’opportunité phénoménal présentée par le gouvernement et docilement accompagnée par la quasi-totalité des organisations étudiantes, cette route vers l’autonomie (qui sera, certes, profitable aux nouveaux présidents d’universités aux pouvoirs accrus) n’est qu’une manière de faire foncer les étudiant-e-s et personnels dans le mur qui leur est gracieusement offert par le ministère.

http://www.sud-etudiant.org/

Messages

  • L’Etat devenu bourgeois abandonne en fait les universités en habillant son désintérêt par des proclamations d’autonomie.

    Mais que vaut une quelconque indépendance sans les moyens financiers ?

    Certes quelques universités tireront leur épingle du jeu parce que justement elles auront de gros sous.

    Pour les autres, les conflits de budget consisteront à gérer comme d’habitude les frais de chauffage, de ménage, d’avec les crédits alloués aux allocataires et autres boys and girls précarisés de l’enseignement supérieur, venant de décrocher avec succès des bacs plus cinq. Il est vrai que leur anglais courant ne sera peut-être pas à la hauteur. Que voulez-vous, on peut pas être parfait en tout.

    • L’Etat devenu bourgeois ? Hahaahaha pas mal pas mal.

      L’Etat a toujours été bourgeois depuis la Révolution camarade, il n’est pas devenu bourgeois depuis 2007 mais depuis 1789.

      Pour la LRU bah écoutez c’est simple, les universités françaises rejoignent le marché mondialisé des études supérieurs et entrent en concurrence avec les autres grandes universités. L’exception française, l’accès aux études pour tous, c’est fini. Dans 5 ans il n y aura plus de fils de prolos en facs, plus de mobilité sociale, rien qui puisse permettre à nos gosses de s’élever. Oh y aura bien quelques boursiers "méritants" qui au prix de sacrifices immenses, et bien souvent d’une acculturation bourgeoise, parviendront à accéder au Savoir. Mais pour rejoindre, le plus souvent, la classe qui opprima leurs darons.

      A putain misère que c’est triste, cette ambiance de déclin, comment dans TOUS les domaines on se fait niquer la gueule.

  • Un gros problème semble en effet se révéler avec la mise en place des comité de sélection d’établissmeent chargés d’après la loi de procéder au recrutement des enseignent-chercheurs et autres chercheurs en CDD de plus d’1 an. Le dispositif entre en collision directe avec les principes généraux régissant les recrutements de la fonction publique. Certains parlent même d’anti-constitutionnalité pour ce qui est de toute la procédure de recrutement. Il y a fort à craindre que les recours au conseil d’Etat se multiplient contre, non pas le ministère et les gogos qui ont pondu cette loi déficiente et mal ficelée ;, mais contre les universités qui ne prendraient pas soin au paravent de s’assurer de la régularité des procédures...

    La LRU est non seulement une loi mauvaise mais en plus elle a été TRES mal écrite, sans doute pour contraindre le milieu universitaire, profondément collabo, à s’en accommoder et ainsi démontrer que finalement les procédures générales de recrutement dans le publique sont caduques puisque les Universités arrivent à les contourner...d’où le risque de voir tout le système à terme évoluer vers une dérégularisation générale avec comme corrolaire le retour du mandarinat qui imposera son bon vouloir...