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Le monde appartient aux opportunistes

Publie le mercredi 16 mai 2007 par Open-Publishing
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de Emrah KAYNAK

Il y a des hommes de droite à gauche mais jamais des hommes de gauche à droite. Les transfuges ne sèment pas la confusion ; au contraire ils clarifient les choses en rentrant au bercail.

Il n’y pas de trahison dans leur chef. L’imposture réside dans le chef de ceux qui les présentaient pour ce qu’ils n’ont jamais été. Il ne suffit pas de profiter des prébendes d’un parti au pouvoir pour partager le patrimoine idéologique de celui-ci.

La flottille d’opportunistes constituée de politiciens, hommes d’affaire ou artistes se déplace avec le centre de gravité du pouvoir. Les opportunistes n’ont pas de valeurs, juste des intérêts. Pour changer de camp, ils n’ont même pas besoin de changer d’idées.

Nombreux sont les satellites de Mitterrand à rejoindre aujourd’hui les rangs de la réaction décomplexée. Pour être mitterrandien, il n’était pas nécessaire de partager des convictions et de se déterminer idéologiquement. Mitterrandien, c’était un compagnonnage guidé par des intérêts privés voire des sentiments dans le meilleur des cas. L’inconstance politique des ses « amis » affidés désormais à Sarkozy (Jacques Séguéla, Bernard Tapie, André Glucksmann, Roger Hanin, Pascal Sevran, Jacques Attali, Max Gallo, Anne Lauvergeon, Georges-Marc Benamou, Hubert Védrine) s’explique simplement par leur inconsistance idéologique. Plus que convaincus, les convertis sont séduits par les avantages qu’ils pourraient tirer de leur ralliement. Ils escomptent bénéficier des grâces du pouvoir - arrangement fiscal, indulgence judiciaire – ou occuper des postes de visibilité.

Opportuniste parmi les opportunistes, le parcours d’Alexandre Adler est exemplatif : giscardien sous Giscard, mitterrandien sous Mitterrand, chiraquien sous Chirac, le voici tout naturellement sarkozien. Ce contorsionniste politique est passé tout comme André Glucksmann du maoïsme à la défense du sionisme et du bellicisme des néoconservateurs étasuniens. Ces derniers ne se sont pas trompés en confiant le gouvernorat du Kosovo occupé à Bernard Kouchner. Ils savaient ce que les Français feignent d’ignorer. L’ancien ministre de la santé fait partie avec Hubert Védrine des « socialistes » ministrables, des candidats d’ouverture. Rien d’étonnant pour quelqu’un qui s’est prononcé en faveur de la guerre en Irak et de la privatisation d’EDF. Il avait épousé les idées libérales et interventionnistes bien avant d’embrasser Sarkozy. Il y a plus. Michel Charasse et Claude allègre ont aussi adoubé le « Faucon maltais ».
Le national-républicain Max Gallo, secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement de Pierre Mauroy, suit le même mouvement. Hypersensible au concept de l’identité nationale, sa gambade n’est en rien surprenante.

Parée d’une couleur ou d’une autre, c’est toujours la même classe qui détient le pouvoir économique, social et culturel. En votant à « gauche » ou à « droite », on ne fait que reconduire la bourgeoisie au pouvoir. S’il faut reconnaître un talent à Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir cristalliser les positions et fait tomber quelques masques.

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