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Le mouvement anarchiste peut-il continuer à tolérer le sexisme en son sein ? (3)

Publie le jeudi 17 juin 2004 par Open-Publishing
12 commentaires


de Anne-Laure

D’une librairie à l’autre…du féminisme en milieu hostile.

Il n’y a pas qu’à la Gryffe que les fonctionnements collectifs dans les organisations libertaires, sont hostiles aux féministes : en lisant les textes de Corine, Sam et Léo (lire le dossier La Gryffe : de l’antiféminisme en milieu libertaire ) sur leur histoire, j’ai eu l’impression que quelqu’un d’autre avait écrit ce que j’ai vécu.

J’ai milité à la fédération anarchiste (FA) pendant 5 ans, à Lyon, et puis je suis devenue féministe, ça s’est mal passé avec le groupe, et j’ai dû démissionner.

Cette histoire là n’est pas seulement la mienne : les mêmes conflits se sont régulièrement produits avant ça, et depuis, à la Fédération Anarchiste.

Je suis celle qui raconte cette histoire, mais je ne la raconterais pas si d’autres femmes n’avaient eu à subir la même chose dans la FA : je n’aurais pas eu le courage si elles n’avaient pas été là pour me tenir la main, maintenant et à l’époque, et ça n’aurait pas le même sens si j’avais été la seule à le vivre.

J’ai essayé de dépétrer les fatras de souvenir le plus honnêtement possible, c’est subjectif, c’est ma version, ce sont mes souvenirs seulement. (Lire le premier texte : “Ce qui s’est passé…”).

Qu’il soit quasiment impossible de rester dans une organisation libertaire tout en étant féministe questionne les organisations libertaires : sur leur fonctionnement, et aussi sur la manière dont elles mettent en œuvre la lutte contre le patriarcat.

J’ai écrit ce texte avant le dernier congrès de la FA, et j’ai toutes les raisons de penser que ce n’est pas parce que cette histoire s’est passée il y a 8 ans qu’elle n’a pas, encore aujourd’hui, toute son actualité…

J’ai quelques bribes de réponses à la question du « pourquoi ça se passe si mal ? ».

Mais je suis toujours les mains vides sur le « quoi faire » pour que cette situation change… (Lire le second texte : “Quelques bribes d’explication à la question du pourquoi”)

Si vous avez des questions ou des commentaires à adresser vous pouvez écrire à

alaure@bust.com.

Voir : Ce qui s’est passé…

Voir : Quelques bribes d’explication à la question du pourquoi

Source : http://www.antipatriarcat.org/hcp/html/milieualautre.html

Messages

  • Anne Laure a décidé que le mouvement anarchiste est sexiste

    vous aurez droit à des dizaines d’articles jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord

    Pourquoi ne pas donner plus simplement le site web d’où sont issus tous ces articles :

    voila : www.antipatriarcat.org

    • tu pourrais autant dire : ces questions ne méritent pas la place qu’on leur accorde ici, sur un site où elles peuvent être lues plus largement ;)

      Et quoique la visite des liens spécifiques que Laure indique (et non du site dans son ensemble) soit incontournable pour comprendre la gravité du problème, c’est rafraichissant d’avoir l’occasion d’en parler ouvertement, puisque chaque fois ces questions de sexisme sont renvoyés à des commissions, à des débat ultérieurs ou à des discussions où on veut, mais ailleurs et plus tard..., en tout cas jamais traitées de front avec le sérieux qu’elles méritent. On parle tout de même de la moitié de notre espèce !

      ... à croire que quelque part on a au moins un genre de honte réflexe à aborder nos conditionnements de mecs, et nos petits sourires de satisfaction à dominer, en particulier quand une femme est en cause.

      Ce qui me frappe surtout c’est témoignage de Léo et l’allusion aux hiérarchies militantes qui s’instaurent insidieusement dans les groupes sensés lutter contre toute forme d’autorité. C’est clair que si on est incapable de mener un vrai débat sur la question de nos comportements sexistes, on a déjà un sérieux handicap non seulement en terme de crédibilité, mais surtout pour vraiment lutter.

      clampin

    • tu pourrais autant dire : ces questions ne méritent pas la place qu’on leur accorde ici, sur un site où elles peuvent être lues plus largement ;)

      Et quoique la visite des liens spécifiques que Laure indique (et non du site dans son ensemble) soit incontournable pour comprendre la gravité du problème, c’est rafraichissant d’avoir l’occasion d’en parler ouvertement, puisque chaque fois ces questions de sexisme sont renvoyés à des commissions, à des débat ultérieurs ou à des discussions où on veut, mais ailleurs et plus tard..., en tout cas jamais traitées de front avec le sérieux qu’elles méritent. On parle tout de même de la moitié de notre espèce !

      ... à croire que quelque part on a au moins un genre de honte réflexe à aborder nos conditionnements de mecs, et nos petits sourires de satisfaction à dominer, en particulier quand une femme est en cause.

      Ce qui me frappe surtout c’est témoignage de Léo et l’allusion aux hiérarchies militantes qui s’instaurent insidieusement dans les groupes sensés lutter contre toute forme d’autorité. C’est clair que si on est incapable de mener un vrai débat sur la question de nos comportements sexistes, on a déjà un sérieux handicap non seulement en terme de crédibilité, mais surtout pour vraiment lutter.

      clampin

    • Je trouve cette critique injuste, même si il doit exister des cas isolés, contre lesquels il faut lutter. mais je pense que toute généralisation est dangereuse( je connais aussi des Arnarchistes qui cognent leur femme et me garderais bien de généraliser la dessus mais je m’emploie à les citer publiquement !)

      La fédération anarchiste de Rouen à mis en place une librairie libertaire associative "L’insoumise", dont le symbole est une femme portant un drapeau noir...Elle est ouverte à tous les courants libertaires. Je suis adhérente, sans avoir ma carte à la FA. Les copines y sont présentes au même titre que les copains. L’annéee
      dernière à quelques femmes nous avons lançé une campagne contre la pub sexiste.

      Nous avons fait un projet d’affichettes autocolantes pour les panneaux publicitaires présentant une image dégradante de la femme. Nos copains nous ont soutenu dans la campagne de collage. Les femme qui participent activement à la librairie sont des militantes à part entière pas des femmes de miltants ! et il y a beaucoupde militantes dans toutes les situations

      J’ai pu organiser un forum, notamment sur la marchandisation du travail social, jamais de sexisme, une parôle respectée et encouragée, même si les débats peuvent être sévères que l’on soit hommes ou femmes.

      Ce genre de propos, qui généralise une situation particulière jette le discrédit sur les mouvement anarchistes, on ne peut pas les laisser dire.

      lsophiemarie@yahoo.fr

    • Je ne comprend pas pourquoi tu trouves ce propos injuste, si tu as lu les témoignages. D’autre part, je crois qu’on est au-delà du problème spécifique de la Fédération Anarchiste et des expérience particulières racontées. C’est une occasion de sortir de l’angélisme de rigueur lorsqu’il s’agit de liberté de regroupement - chez celles et ceux qui aiment ce genre de sport. En outre le problème spécifique auquel il est fait allusion est la relation au féminisme, pas à l’intégration de femmes à l’action libertaire.

      On est au coeur d’un problème fécond, car en débattre c’est peut-être aussi trouver des pistes pour permettre à certaines frontières sectaires, qui minent sournoisement mais efficacement des énergies utiles, sinon de disparaître par enchantement, au moins d’être identifiées. La question c’est jusqu’où trainerons-nous l’habitude de débattre des problèmes entre petits groupes où sont parfois tous justes tolérées, à condition qu’elles soient dociles et partagent l’opinion du groupe, les personnes directement concernées par le débat ?

      J’en parle parce que ces témoignages réveillent des souvenir pour moi et qu’à une époque, chaque fois qu’une fille haussait le ton ou prenait une attitude offensive en assemblée, j’associais cela instantannément à plein de clichés que je trimbalais, des trucs comme "hystérique", "frustrée" ou "mal baisée" bref des trucs qu’après cette lecture, je trouve franchement craignos, parce qu’il est évident que la vieille farce du signifié au signifiant nous joue des tours sans arrêt, malgré nous, et sans doute dans les deux sens.

      Sauf qu’à l’évidence, nous les mecs on est plutôt long à la détente sur le sujet.
      Si je marquais sexuellement -et je marque sans doute encore- le propos de l’autre, en l’occurence il y a risque de comprendre de travers ce qui peut être dit.

      J’apprécie pas les "chefs" et autres trucs de pouvoir, mais je me méfie des trucs qu’on véhicule malgré soi, de nos façon de ne pas les accepter, consciemment ou non. En parler m’intéresse d’autant plus que j’ai pas fini sans doute d’avoir des surprises si on s’y colle vraiment. On est à une époque ou se prendre le choux voire simplement réfléchir devient un truc anormal, parce que c’est si important d’être productif. Surtout pour produire n’importe quoi.

      Est-ce qu’on s’y refuse ? est-ce qu’un tel échange nuirait à la "productivité" d’une révolution pré-fabriquée ?

      Devant ce genre de cas de figure, je suis bien obligé de me demander si il n’y pas de gros malentendus en gestation, et surtout de grands risques à tenir ces comportements conditionnés pour négligeables dans la construction d’une lutte qui s’annonce particulièrement hardos, vu la mentalité conservatrice voire franchement réactionnaire qui suinte un peu partout ces derniers temps...

      clampin

    • Il faut pas généraliser à toute la FA, c’est sur ! mais moi aussi j’ai eu des echos du congrès de la FA de cette année (il y a quelques semaines) et apparemment c’est bien grave ce qui s’est passé, surtout si les autres militants ont laissé faire !!

    • je n’ai pas dit que ce problème n’existait pas, il est vrai qu’il faut parvenir à sortir de son propre vécu. S’il y a problème il est juste de le poser...

      J’apprécie beaucoup ton témoignage de remise en question en tant qu’homme, et du parcours que tu évoques pour dépasser les clichés qui s’imposaient à toi lorsque tu parles de "comportements offensifs de femmes".

      Je crois que la question centrale dans les organisations anarchistes est bien celle du pouvoir. Nous avons beau clâmer notre "anti autoritarisme", certains sont plus autoritaires que d’autres, plus rigides et plus sectaires. Ne disons pas que la prise de pouvoir n ’existe pas ! il y a les militants patentés, chevronnés, bourrés de certitudes et c’est de ce côté qu’il faudrait aller faire un tour, du côté de la conception même du militantisme chez les anarchistes.

      "Ma seule certitude c’est dêtre dans le doute" disait Pierre Desproges. Seul le doute et le questionnement laissent une ouverture possible, amènent à l’écoute et au dialogueet sont productifs de réflexion.

      Nous ne sommes pas à l’abri des dérives que nous avons dénoncé dans les appareils Trotskistes( pour ne citer qu’eux) et du sentiment de honte qui peut nous envahir face à la "détention de la vérité" par certains anars psychorigides et avant gardistes.

      C’est une des raisons qui fait que je n’ai jamais pris ma carte dans une organisation libertaire.Je n’ai cependant pas identifié de pouvoir machiste en tant que tel, l’intolérance et le sectarisme n’étant pas "que" l’apanage des hommes. Je n’ai pas envie de me situer dans un rapport de force, d’être obligée de lutter pour me maintenir, ou de justifier constamment mes propos....

      le système est suffisamment dégueulasse et je préfére garder mon energie pour le combattre à différents niveaux, y compris par le syndicalisme.

      C’est dans les collectifs que je milite, sous réserve qu’ils aient véritablement une organisation hiorizontale, la plus grande difficulté étant de parvenir à les fédérer entre eux, sans bureaucratie et que la parôle de chacun soit prise en considération au même titre. Je vis cela non pas dans l’angélisme mais dans ma pratique habituelle qui de rapproche à mon sens le plus de mon idéal libertaire, et d’une organisation anti autoritaire.
      Et puis je ne veux pas que cet idéal libertaire soit mis à mal par des discussions et des conflits stériles qui ne mènent nulle part...
      Sophie

  • l’humain (pour ne pas dire l’homme) est un animal ; pouvoir,territoire,guerre,rivalité etc...et le langage, bien loin de remplir sa fonction de médiateur, alimente ces enjeux...c’est dommage, d’ailleurs la planète en crève...
    question : comment militer tout en ne se bousillant pas la vie (et celle d’autres : enfants ,compagnons etc...) tout en appréciant de se sentir vivre ???

  • Voici une question qui va peut être paraitre innocente :
    Pourquoi vouloir organiser un mouvement non-mixte alors que si l’on écoute notre bon sens il est évident que le meilleur moyen de lutter contre le sexisme et la présence dans notre société d’une pseudo supériorité masculine, doit forcément passer par un dialogue et des actions mixtes ? Comment vouloir lutter contre le sexisme en excluant les hommes du débat ?

    lao Tseu

    • Peu de chance pour cette question paraisse innocente, vu qu’elle résume à elle seule les arguments qu’on doit objecter au féministes à leur souhait.
      Et comme il n’y a jamais eu de demande de réunion non-mixte entre hommes, c’est pratique d’user d’un tel raccourci.

      Toutefois, ce ne serait peut-être pas une si mauvaise idée d’avoir nous-mêmes des réunion non-mixtes.

      Cela permettrait entre autre de sortir des questions de "bon sens" - remarque la connotation manichéenne de l’expression au passage - et chercher un peu de sens dans ce qui par exemple, peut différencier nos identités d’hommes à l’achétype du dominateur ( quelque soient ses moyens ) quand on veut justement une société sans domination, ou débattre des tas d’événements imperceptibles qui, dans l’échange d’idées et d’opinions, nous conduisent à des comportements automatiques, uniquement justifiés par le souci inconscient de nous mettre en valeur, de parader devant ces dames, de jouer les coqs. L’obsession d’avoir le dernier mot, ça te dis quelque chose ? mdr

      Note qu’il faut être culotté pour se permettre en qualité d’homme de circonscrire le sujet du féminisme à "lutter contre le sexisme et la présence dans notre société d’une pseudo supériorité masculine" quand on est pas équipé pour :)

      Ceci dit sans arrière-pensée ni mauvais procès car je suis vraiment râvi qu’on se mette à dialoguer ici, et je ne peux que te remercier d’intervenir.

      clampin

    • Des organisations libertaires non mixtes, c’est quoi ce trip ? Construire des ghettos ? Laisser les mecs entre eux, les femmes aussi et autour on met des barbelés, et après on fait quoi ???
      Là ce serait une vraie dérive, creer une situation ou le machisme se développerait et ne serait modéré par aucun élément féminin.

      Ah non les filles, nous devons justement nous battre, même si nous sommes minoritaires, même si c’est extrêmement douloureux, et imposer à l’interieur des organisations notre voix et nos actions spécifiques.

      Et puis, sincèrement, ils ne sont pas tous machos, un certain nombre d’entre eux sont délicats, ouverts au dialogue,soutiennent les femmes et pour ceux là je ne voudrais pour rien au monde me priver de leur compagnie...
      Rappelez vous le MLAC, tous les mouvements pour l’IVG et la contraception, il y en avait plein des hommes pour nous soutenir !

    • Il était pas question d’organisation libertaire non-mixte (où tu vas ? ho là là ! mdr) mais d’ouverture à la possibilité de réunions non-mixtes ou, si tu préfères, le souhait d’une vraie liberté de réunion c-a-d non-normée ;

      C’est pas "laisser les mecs" ou "laisser les filles" s’enfermer dans des ghettos, mais juste leur permettre de se placer dans des conditions pouvant entre autre, faciliter le dépassement des ghettos qui, parce qu’on est conditionnés par notre organisation sociale patriarcale, existent déjà dans nos têtes.

      C’est dingue comme ta crainte de voir des débats masculins non-mixtes dégénérer vers le machisme renvoit comme un miroir aux réactions d’hostilité qu’ont pu susciter les filles qui demandaient des réunions féministes non-mixtes...qui est bien justement le propos de toute cette discussion ;) Je crois que si je me laissais aller à suggérer qu’une réunion non-mixte de filles serait susceptible de dégénérer en réunion tupperware, je produirais sur toi exactement la même sensation que celle que je viens de ressentir en lisant ton post :)

      clampin