Accueil > Le traité de paix israélo-égyptien a 25 ans
Il y a 25 ans vendredi l’Egypte devenait le premier pays arabe à signer la paix avec Israël. Mais ce traité issu des accords de Camp David fut plus une affaire de raison que de coeur et suscite encore l’amertume du peuple égyptien.
L’Egypte n’a rien prévu pour marquer l’anniversaire du traité. En Israël une cérémonie a eu lieu mercredi à la Knesset, mais elle a été boycottée par les autorités égyptiennes suite à l’assassinat du cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, tué dans un raid israélien. Un événement qui a ravivé les tensions entre les deux pays.
Le traité historique a été signé le 26 mars 1979 à Washington par le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, et les deux pays sont depuis restés en paix même si leurs relations ont souvent été tendues et distantes. En 1994, la Jordanie est devenue le deuxième pays arabe à signer la paix avec l’Etat hébreu.
L’Egypte et Israël se sont livré quatre guerres : en 1948 lors du premier conflit israélo-arabe, en 1956 après la décision de Nasser de nationaliser le canal de Suez, en 1967 (guerre des Six-Jours) et en 1973 (guerre du Kippour).
Pour les observateurs, le rapprochement entre l’Egypte et Israël s’explique par des motifs purement pragmatiques. "L’intérêt commun est ce qui fait tenir la paix israélo-égyptienne. Il est assez fort pour résister à toutes les crises que nous avons connues", a déclaré à l’Associated Press (AP) Eli Shaked, ambassadeur d’Israël au Caire.
Emar Gad, un analyste égyptien, attribue ce qu’il considère comme une récente "ouverture du Caire envers Israël" à de nombreux facteurs, dont les attentats du 11 septembre 2001, l’occupation américaine de l’Irak ou encore les difficultés économiques de l’Egypte.
Le Caire est également un des parrains du processus de paix israélo-palestinien. Le retrait militaire israélien de la Bande de Gaza qui est envisagé par le gouvernement d’Ariel Sharon impliquera vraisemblablement de négocier un amendement ou une annexe au traité de 1979, qui limite le nombre de soldats et le type de matériel militaire autorisé près de la frontière entre les deux pays.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher a déclaré que "si protéger la frontière égyptienne rend nécessaire des amendements au traité, nous les adopterons". Actuellement, la police égyptienne peut patrouiller à la frontière équipée d’armes légères. "Le désengagement n’est pas pour demain", souligne toutefois M. Shaked en allusion au projet de retrait israélien.
Jusqu’ici, seule la Jordanie a suivi l’exemple de l’Egypte dans le monde arabe, et il est peu probable que les choses évoluent tant que durera la crise israélo-palestinienne. En Egypte, le sentiment anti-israélien reste fort et les Egyptiens ne sont pas prêts psychologiquement à célébrer l’anniversaire du traité.
"Nous ne voulons pas d’Israël", résume le chroniqueur Mohammed Amin dans l’hebdomadaire "Al-Midan". "Malgré un quart de siècle d’accord de paix, la normalisation avec Israël a échoué sur le terrain. Le peuple égyptien y est totalement opposé."
L’éclatement de la nouvelle Intifada a conduit l’Egypte à retirer son ambassadeur de l’Etat hébreu en novembre 2000. M. Shaked note que les deux pays tentent de relancer des programmes conjoints économiques et agricoles, mais il reconnaît que beaucoup reste à faire. LE CAIRE (AP)