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Les 4 journées de Naples

Publie le mardi 2 octobre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Giustiniano Rossi, PRC-PGE traduit de l’italien par Karl et Rosa

Le 1er octobre 1943 s’achevait la première insurrection d’une grande ville européenne contre les occupants nazis : après trois ans de guerre, Naples, durement éprouvée par 107 bombardements aériens, se rebellait.

Les possibilités pour les citoyens dans cette troisième année de guerre étaient au nombre de deux : laisser toute la population masculine restée en ville être déportée en Allemagne ou combattre pour chasser les nazis de Naples et faciliter l’entrée des troupes alliées, désormais très proches.

Le philosophe napolitain Benedetto Croce interpréta l’insurrection napolitaine comme "l’énième rébellion d’une ville de Lazzaroni qui s’acharne sur un ennemi déjà défait et en fuite" : il n’avait pas compris que la férocité allemande contre laquelle les Napolitains se révoltèrent – en déclanchant la Résistance armée du peuple italien contre les nazi fascistes – n’était que le début de ce que les nazis préparaient pour l’Europe toute entière.

La bataille dura quatre jours, du 28 septembre au 1er octobre 1943 : bon nombre des armes étaient celles de la 1ère guerre mondiale, de vieux fusils modèle ’91, de vieux pistolets ; s’y ajoutèrent les cocktails Molotov et surtout les armes prises à l’ennemi. La tactique était celle de la construction de barricades, des guets-apens à tous les coins des rues, du lancement de bombes contre les patrouilles ennemies.

La ville se transforma en une immense souricière pour les troupes allemandes, désorientées par les foyers qui s’allumaient soudain de partout, du Vomero à Ponticelli, de l’Arenella à Capodimonte et leur commandant, le colonel Scholl, dut négocier pour les sauver d’un ennemi invisible, mais dont la présence était dramatiquement palpable.

Des militaires de l’armée italienne et les antifascistes survécus à vingt terribles années de lutte mirent leur expérience et leurs compétences au service de la rébellion du généreux peuple napolitain.

L’action du peuple napolitain servit, entre autre, à sauver une partie du patrimoine de la ville, que les nazis voulaient réduire à l’état de « cendre et boue » minant, faisant sauter et mettant le feu à des édifices, des installations, aux Archive d’Etat et à limiter, autant que possible, les dommages, déjà très importants.

Les alliés n’eurent pas besoin de libérer Naples de l’occupation nazie : la ville s’était libérée toute seule grâce à ses plus de 2 000 combattants, dont 168 tombèrent au combat et 162 furent blessés. Il y eut en outre 140 victimes civiles, 19 morts non identifiés et 75 invalides permanents.

Après la fin de la guerre, la ville de Naples fut décorée d’une médaille d’or et quatre médailles d’or furent remises à la mémoire des quatre très jeunes morts (Gennaro Capuozzo, 12 ans, Filippo Illuminati, 13 ans, Pasquale Formisano, 17 ans e Mario Menechini, 18 ans), six médailles d’argent à la mémoire de Giuseppe Maenza e Giacomo Lettieri et au commandant partisan Antonino Tarsia, Stefano Fadda, Ezio Murolo et Giuseppe Sancès et enfin trois médailles de bronze à Maddalena Cerasuolo, Domenico Scognamiglio et Ciro Vasaturo.

Les quatre journées de Naples furent suivies par les dix-neuf mois de la Résistance italienne : 270 000 partisans dont 45 000 tombés au combat, 23 000 torturés et assassinés, 20 000 blessés, 19 000 civils passés par les armes, 8 000 prisonniers politiques jamais revenus des camps de concentration sans oublier les 30 000 prisonniers militaires italiens morts dans les camps d’internement en Allemagne.

Et pour ceux qui auraient oublié et ceux, si nombreux, qui l’ignorent, nous rappelons que les pertes des troupes alliées dans toute la campagne d’Italie pendant la deuxième guerre mondiale furent inférieures à celles de la Résistance italienne.

Messages

  • Article intéressant.

    Mais sur :
    Et pour ceux qui auraient oublié et ceux, si nombreux, qui l’ignorent, nous rappelons que les pertes des troupes alliées dans toute la campagne d’Italie pendant la deuxième guerre mondiale furent inférieures à celles de la Résistance italienne.

    En êtes-vous certains ? Dans wikipedia ("Italian Campaign - WWII") on cite 90 000 tués Alliés.

    • En additionnant aux 45 000 tombés au combat les 23 000 torturés et assassinés, les 19 000 civils passés par les armes, les 8 000 prisonniers politiques jamais revenus des camps de concentration, on trouve bien 95 000. De plus, le nombre des victimes fut sûrement bien plus important.
      Même les forces de la Résistance italienne, selon d’autres sources (Wikipedia Italie) étaient plus importantes (340 000 plutôt que 270 000 hommes et femmes) à la fin du conflit.
      Giustiniano Rossi