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Les Etats-Unis forcés de reconnaître l’étendue de la crise
Publie le vendredi 9 novembre 2007 par Open-PublishingLes Etats-Unis forcés de reconnaître l’étendue de la crise
Le patron de la Réserve fédérale a concédé que la croissance allait « ralentir ».
De notre correspondant à Washington PHILIPPE GRANGEREAU
QUOTIDIEN : vendredi 9 novembre 2007
Les récents revers de l’économie américaine peuvent-ils déboucher sur un récession ? Telle était la question à laquelle devait répondre, hier, l président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke. Convoqué devant l Congrès, il a reconnu que la croissance économique américaine allai « ralentir ». Des analystes prédisent une croissance de 2 % ce semestre, qui deviendra anémique début 2008. Bernanke s’est voulu rassurant. Il a admis que la crise commençait à toucher la consommation, qu’il y avait un « risque d’inflation », mais a répété que l’économie demeurait « solide ». Au risque de contredire de nombreux experts, il s’est dit plus ou moins convaincu que la crise du crédit immobilier allait être résolue « début 2008 ».
Une conjonction d’éléments semble pointer un scénario moins rose. Le prix du baril de pétrole est à un niveau record ; le dollar est au plus bas ; l’or, valeur refuge, grimpe ; l’indice Dow Jones chute ; l’immobilier s’effondre et la consommation pique du nez. Hier, les valeurs technologiques ont dégringolé à Wall Street, plombées par les annonces de Cisco qui a vu un net ralentissement de ses commandes, signe d’une possible extension de la crise au secteur technologique… Après Merrill Lynch et Citigroup, deux autres grandes banques d’investissement ont annoncé mercredi des pertes inattendues : 3,7 milliards de dollars pour Morgan Stanley et 2,6 milliards de dollars pour AIG (2,52 et 1,77 milliards d’euros). L’inquiétude grandit : ces banques ne parviennent toujours pas à évaluer l’ampleur de leurs pertes. Elles ont acquis ces dernières années d’énormes quantités d’« obligations adossées à des actifs » (CDO). Ces titres sont censés refléter la valeur de biens immobiliers acquis via des subprimes. Mais à mesure que les propriétaires s’avèrent incapables de rembourser leurs traites, ces biens sont saisis et remis sur un marché immobilier en phase d’effondrement. D’où l’impossibilité d’évaluer ces actifs en dévaluation constante. Les analystes des banques dont les portefeuilles sont contaminés par les CDO, ont revu leurs prévisions. Les pertes globales, jusqu’alors estimées à 20 milliards de dollars, pourraient atteindre le triple.
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