Accueil > Les cartes de crédit : une bombe à retardement de $ 5 trillions
Les cartes de crédit : une bombe à retardement de $ 5 trillions
Publie le mardi 10 mars 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Sans être la panique, les principales banques émettrices de cartes de crédit aux Etats-Unis sont inquiètes : toute aggravation de la situation pourrait enclencher une explosion de ce marché. Ici encore, ce sont les banques elles-mêmes qui sont les auteurs de leur propre misère. Il faut dire qu’avec un maximum theorique de $ 5.000 milliards et avec un encours de $ 800 milliards, il y a de quoi s’inquieter.
Pour estimer le sérieux de la situation, il faut comprendre le rôle des cartes de crédit dans le financement des consommateurs américains. Là où en Europe, il existe une panoplie de crédits à la consommation, les banques américaines ont regroupé un ensemble de crédits sous forme de découverts sur les cartes de crédit. C’est infiniment plus lucratif. Il y a encore un an Chase menait une campagne agressive pour des nouvelles cartes de crédit pour les petites et moyennes entreprises. Pendant plusieurs mois, la seule forme de crédit que j’ai pu obtenir pour Galileo Global Advisors avait cette forme. Il y a environ 10 cartes de crédit par adulte aux Etats-Unis.
Mais maintenant, la situation tourne dans l’autre sens. American Express paie 300 $ pour toute renonciation à une carte de crédit. La semaine dernière, Citi envoyait à ses clients une annonce très peu explicite d’où il ressort que dorénavant, le taux débiteur sur cartes de crédits serait de 12 % au-dessus du « prime rate » (aujourd’hui a 3%)….avec un minimum de 19%. Ce taux était de 7% il y a un an. En cas de retard de paiement, un taux de 29%.
Je croyais qu’il y avait une législation interdisant les taux usuraires. La plupart des banques ont transféré en 1981 leurs activités de cartes de crédit au Dakota du Sud où les restrictions à l’usure sont les plus laxistes. La marge minimum est donc maintenant de 16%, soit 6 fois les couts en intérêt de la banque. L’effet boule de neige pour les clients surendettés est garanti.A cela s’ajoute la « ponction » sur le capital auprès des fournisseurs, qui atteint 3 à 5% « flat ».
La carte de crédit remplit deux fonctions principales dans notre système financier :
1. Une certitude pour le fournisseur d’être payé dans la mesure où il a électroniquement vérifié l’accord de la banque.
2. Un prêt aux particuliers et aux PME, au taux usuraire auquel je faisais allusion.
Pourquoi de telles marges ? Parce que les banques ont depuis trois ans littéralement jeté à la tête du client des cartes de crédit sans vrai examen de la capacité de remboursement. Cela rappelle quelque chose dans le domaine hypothécaire ? A cette époque, je recevais dans mon courrier plusieurs sollicitations …. par semaine.La carte de crédit représente dès lors un risque considérable pour les banques et elles tentent désespérément de faire payer par les « bons clients ».
Au début en Europe, la carte bancaire était avant tout une carte de débit. Tout achat était instantanément débité sur le compte courant du titulaire. Cela réalisait l’objectif de certitude de payement sans pousser au crédit. Il serait utile, du point de vue de la politique de crédit, de limiter la publicité agressive des cartes de crédit et de les forcer à pousser par tous les moyens possibles la carte de débit. Dans ce contexte, la récente décision de la FNAC de faire de sa carte de paiement une carte de crédit va dans le mauvais sens.
Mais une explosion des problèmes de cartes de crédit commence à affecter les moins favorisés qui ont utilisé cette carte, notamment pour compenser les taux hypothécaires en hausse, ou simplement pour consommer. Nombreux sont ceux qui sont au plafond de leur crédit, et s’ils ont eu un retard, ils atteignent un taux de 29%. C’est la spirale de la faillite personnelle que l’administration Bush a rendu plus difficile récemment. Si cette bulle explose, il sera important de voir comment le Président Obama réagira : la responsabilité des banques pour marketing agressif et biaisé est entière, et c’est une fois de plus les moins favorisés qui souffrent de ce système usuraire. Quand on sait que Citi est l’une des principales banques émettrices, cela promet des remous considérables.
Une vraie bombe a retardement. Ne devrait-on pas en parler au G 20 ?
Messages
1. Les cartes de crédit : une bombe à retardement de $ 5 trillions, 11 mars 2009, 10:30
Les étasuniens ont tellement poussé loin le bouchon avec leur ultra-libéralisme, que ça n’a plus de sens ! C’est sûr que c’est la classe défavorisée qui va morfler le plus. Manger à crédit pendant des mois et des mois, avec un taux à 29 %, soit un tiers du crédit, c’est s’assurer que cette classe qui ne pourra pas rembourser (avec quoi ?) est en situation d’esclave ! Dépendre d’un nanti, d’une banque... des pièges à cons, il y en a !