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Les délocalisations, avant, c’était pire !
Publie le lundi 5 avril 2010 par Open-Publishing6 commentaires
Parfois, le service public nous offre des émissions aussi confidentielles qu’édifiantes. Samedi après-midi 4 avril, sous le titre passe-partout “ Magazines de votre région ”, France 3 proposait un documentaire consacré à la famille Magni, des travailleurs italiens installés dans le Gers, à quelques kilomètres d’Auch, comme paysans.
Il faut se souvenir que, dans l’entre-deux-guerres, la France, sous-peuplée, manquait cruellement d’ouvriers, dans le secteur agricole en particulier. Les départements du Sud-Ouest étaient en voie de désertification, avec des dizaines de milliers d’hectares de terre arable en jachère. De gros propriétaires terriens imaginèrent de faire appel à de la main-d’œuvre étrangère, qualifiée et a priori moins combative que les travailleurs français.
À Blanquefort, le marquis de Scoraille prit langue avec les autorités italiennes afin de remettre en valeur son immense domaine. En 1924, “ autorités italiennes ” signifiait une combinazione du fascisme et de l’Église. Le marquis licencia les quelques dizaines d’ouvriers agricoles français encore employés dans son domaine et fit venir une véritable colonie de familles italiennes (800 personnes). Cette colonie était escortée par un curé et plusieurs religieuses, eux aussi originaires d’Italie, pour qu’ils veillent sur les ouailles émigrées en leur fournissant messes, communions, baptêmes, et aussi enseignement. Comme dans certains romans de Simenon, le marquis avait confié à son régisseur la gestion de son personnel. Le régisseur recevait du bon maître une somme forfaitaire annuelle ; à charge pour lui, en se réservant une coquette somme d’argent, de distribuer aux travailleurs des salaires de misère. Il fallut plusieurs années aux familles italiennes pour court-circuiter le régisseur et traiter directement avec le marquis.
Les réalisateurs du film avaient pris soin d’interviewer des descendants du marquis qui justifièrent les méthodes de leur aïeul et expliquèrent que tout cela relevait d’un paternalisme à visage humain de bon aloi.
La famille Magni offrait dans ce documentaire un exemple remarquable d’intégration très réussie. Ils conservèrent leur langue et dialecte (le bergamasque), leurs traditions, leurs souvenirs, leurs valeurs, et ils surent, grâce à une parfaite maîtrise de la langue française, s’agréger à l’identité française. Le tournant survint lorsque l’un d’entre eux devint instituteur et enseigna donc aux petits Français la langue du pays qui les avait accueillis. Par la suite, d’autres membres de la famille devinrent des enseignants de haut niveau : agrégés, maîtres de conférences etc.
Le documentaire ne révélait rien sur la descendance du régisseur…
À lire : Une Histoire de promesse par Yolande Magni.
Messages
1. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 6 avril 2010, 08:46
Quel rapport entre l’immigration et les délocalisations ?????
1. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 6 avril 2010, 09:55
La famille Magni offrait dans ce documentaire un exemple remarquable d’intégration très réussie.je cite
ça montre quoi ? : que les esclaves étrangers d’antan étaient plus dociles que ceux d’aujourd’hui ou que les italiens s’intégraient que les maghrébinS ??????
2. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 6 avril 2010, 11:45, par Bernard Gensane
C’est les travailleurs italiens qui étaient délocalisés.
3. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 6 avril 2010, 11:52, par Bernard Gensane
Ça montre tout simplement que cette famille-là (mais on en connaît d’autres) offre un remarquable exemple d’intégration très réussie.
Je ne vais pas me lancer dans un historique et une sociologie de l’immigration italienne en France. Pour des raison personnelles et autres, je le pourrais, mais ce sera peut-être pour une autre fois.
2. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 6 avril 2010, 22:29, par gus
Information intéressante. Mais le titre de M Bernard Gensane est totalement à côté de la plaque, comme le montrent très bien les commentaires.
M. Gensane, pas la peine de faire de l’info alternative si c’est pour reproduire les pire défauts de la presse bourgeoise...
1. Les délocalisations, avant, c’était pire !, 7 avril 2010, 08:51, par Bernard Gensane
Monsieur Gus,
Je n’aime guère discuter avec des gens que je ne connais pas.
Ce n’est pas être révolutionnaire que de se cacher derrière un pseudo. Raison pour laquelle j’ai toujours signé mes interventions, partout.
Ayant enseigné quarante ans, je sais qu’il faut parfois répéter trois fois les mêmes choses pour se faire comprendre.
Aujourd’hui, certes, "délocalisation" signifie délocalisation d’entreprises (en tout ou en partie). Mais il fut un temps, dans l’entre-deux-guerres, puis durant les trente glorieuses, où c’est les travailleurs et leurs familles qu’on délocalisait. Les Italiens du Sud vers l’Italie du Nord, les Italiens du Nord vers la France ou la Belgique, les Polonais vers la France ou la Grande-Bretagne etc.
Ce que j’ai voulu dire, dans cette courte intervention, après le film et le livre mentionnés qui le disaient beaucoup mieux que moi, c’est que ces délocalisations d’êtres humains, ces transhumances n’ont jamais eu de caractère spontané. Elles étaient le résultat de décisions politiques, et aussi parfois, comme dans le cas de l’Italie, religieuses. Le sabre et le goupillon.
À chaque fois qu’on s’exprime, il faudrait écrire quatre ou cinq pages pour être clair, carré, complet. Ce n’est pas la loi du genre dans un site comme Bella Ciao.
Ne nous gargarisons pas avec l’opposition presse bourgeoise/presse alternative : une bonne partie des infos qui paraissent sur un site comme celui de Bella Ciao proviennent des canaux d’information bourgeois.
Une banalité pour finir : dans tous les cas, les travailleurs n’avaient d’autres choix que la peste et le choléra.