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Les interrogations de la gauche antilibérale et la proposition du collectif Rueil Garches St Cloud

Publie le mercredi 3 janvier 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

Le rassemblement antilibéral n’a pu choisir son candidat pour les présidentielles. La situation est inextricable, nous sommes dans l’impasse. La règle du double consensus, adoptée par l’ensemble des collectifs unitaires sur proposition du collectif national, le 10 septembre 2006, n’a pas permis de trouver un(e) présidentiable.

Seule Marie-George Buffet à obtenu la majorité au sein des collectifs locaux. Mais face à la demande réitérée de retrait de sa candidature – qui pouvait arguer qu’elle avait fait consensus au sein des collectifs locaux – par le collectif national et par des membres des diverses composantes du rassemblement antilibéral, y compris des personnalités communistes, et face à l’affrontement qui en a découlé, le PCF a décidé de présenter Marie-George Buffet à la présidentielle.

Ce qui a amené, fin décembre 2006, certains collectifs locaux et une partie du collectif national à rechercher un candidat autre que PCF, en lançant divers appels en concertation avec les membres de la LCR unitaire (minoritaires), des membres du PCF qui désapprouvent la position de leur parti ; relayés vers les collectifs locaux qui veulent continuer dans cette démarche unitaire antilibérale. Précisons que dans les mails qui circulent sur le Net, on évoque toujours les mêmes candidatures : celles de Clémentine Autain, d’Yves Salesse, de Claude Debons et même le retour de José Bové !

Soyons clairs : le PCF et la LCR ont fait leur choix. Peuvent-ils revenir dessus ? Choisir un candidat à la présidentielle n’est pas une nécessité absolue. Et, les personnalités qui ont pris des positions pour ou contre, sont trop marquées et ne peuvent plus faire consensus : Clémentine Autain, Patrick Braouezec, et à un degré moindre Yves Salesse et Claude Debons. La candidature de José Bové ne se pose même pas : absent de la plupart des réunions et meetings nationaux, des luttes politiques (des délocalisés aux sans-abri), et premier diviseur commun…

Le collectif de Rueil-Malmaison Garches Saint-Cloud a fait une proposition originale pour trouver une solution. Il semble que celle-ci arrive malheureusement trop tard si on en juge par le peu d’écho qu’elle a reçu :
« PROPOSITION DU COLLECTIF DE RUEIL GARCHES SAINT CLOUD (Approuvée par 14 voix sur 19 participants, 4 abstentions et 1 voix contre)
PRINCIPE

Ne pas désigner un(e) candidat(e) à la présidentielle, mais un triumvirat, voire un quatuor (au plus) composé, très clairement, d’un présidentiable

 Marie-George Buffet -, d’un futur Premier ministre (Salesse ?), d’un ministre de l’économie (de l’économie durable ?) et, symbole fort, d’un ministre de la solidarité (Autain ?). Un « shadow cabinet », comme en compose l’opposition en Angleterre, un ticket sur plusieurs personnalités comme on en présentait souvent aux débuts de la Ve République, avant qu’elle ne prenne un tour monarchique.
AVANTAGES

– Un réel consensus pour sortir de l’impasse : La formule fait sauter ce qui semble être le principal obstacle à la candidature d’un communiste : cette impression (même si elle n’est pas fondée) que le mouvement est récupéré par le PC. Et ce en interne comme pour les gens qui sont extérieurs aux collectifs et qui auraient des réticences à voter communiste. Même les médias ne pourront pas taxer cette candidature de clairement apparentée à un parti, puisque les principaux responsables du gouvernement ne seront pas communistes ! Par ailleurs, au sein même de notre mouvement, les masques tomberaient : on verrait clairement qui serait prêt à partir sur cette formule, qui ne porte pas, pour le coup, une candidature issue uniquement du PCF.

– Sortir du piège posé par la présidentielle : Ce système permet en outre de sortir du piège qu’impose l’élection présidentielle, et dans laquelle notre mouvement est tombé en plein : désigner UN homme ou UNE femme. Un Messie, un sauveur. Notre démarche est unitaire, et elle part du constat que les choses ne peuvent plus durer ainsi. Et bien soit : refusons à la fois la société telle qu’on nous la propose, mais également le système politique qui nous cloisonne. La personnalisation de l’élection engendre les dérives auxquelles on assiste actuellement. Cassons ce schéma. Par ailleurs, les médias, si friands de nouveauté, saliveront devant un tel événement de campagne. Martelés et répétés encore et encore, les noms du futur Premier ministre ou du futur ministre de l’économie rendront crédibles aux yeux du public les personnes qui les incarnent.

– Imposer le débat et ses modalités : Une multiplication des intervenants dans le camp des anti-libéraux ne pourra que provoquer une présence médiatique constante et régulière des futurs membres du gouvernement, tout simplement par l’importance des rôles auxquels ils aspirent. Si le futur ministre de l’économie lance un sujet, les médias, c’est leur façon de fonctionner, iront demander illico leurs réactions… aux autres candidats. Hormis le fait qu’il sera toujours appréciable de voir des candidats à la fonction suprême interpellés de fait par les porte-voix du collectif, on pourrait vite s’apercevoir que le mouvement imposera ainsi ses thèmes de campagne, poussant tous les candidats à s’engager sur ses propres thématiques. Il en va de même pour la constitution du futur gouvernement : les derniers mois de campagne sont souvent ceux où la question se pose : Qui comme Premier ministre ? Qui à l’économie ? Les candidats souvent refusent de répondre, alimentent les spéculations pour mieux garder toutes les cartes dans leur jeu, flatter les diverses tendances de leur camp. Là encore, le collectif aura un coup d’avance. Les antilibéraux, qui auront désigné à l’avance les principaux membres de leur gouvernement, apparaîtront comme ceux qui n’ont rien à cacher. Les autres candidats seront invités à faire de même. Un autre point qui demande vérification : les temps de parole, qui doivent être répartis équitablement entre les candidats, concernent-ils aussi leurs soutiens ? Dans le cas contraire, une fois encore, les médias auront davantage tendance à aller vers un futur Premier ministre que vers un simple porte-parole… »

Il faut pourtant que nous sortions de la crise, qui a commencé avec l’annonce de la candidature d’Olivier Besancenot, le départ de José Bové (qui a des velléités de retour), et s’est poursuivie avec les attaques contre Marie-George Buffet et le PCF, le double jeu de Francine Bavay « cooptée » par les Verts, le grand écart de Jean-Luc Mélenchon entre le PS et le rassemblement antilibéral, et, maintenant le retrait du PRS et d’Alter-Ekolo pour rejoindre qui ? L’image donnée par le rassemblement libéral est ternie par cette crise, tout comme celle de la gauche tout entière, où les grandes manœuvres ont commencé, avec un PS qui bat le rappel côté antilibéral, mais qui perd quelques éléments de poids (Bernard Kouchner et Bernard Tapie) qui ont proposé leurs services à la droite – cela s’appelle « aller à la soupe » – et à Nicolas Sarkozy !!!
Si nous continuons dans cette voie de la critique systématique et partisane, de la division dictée par des ambitions personnelles, c’est la dissolution du rassemblement qui se profile à l’horizon. Et, ne nous étonnons pas que nos concitoyens finissent par s’abstenir ou par voter nul ou blanc en considérant que tous les candidats et les partis sont : « tous pourris, et qu’il n’y en pas un pour rattraper l’autre… ».

Peu importe les raisons invoquées par les uns et les autres pour justifier leurs positions, et de savoir qui a raison et qui a tort. Nous pourrions en débattre pendant des semaines et des mois, comme cela se passe malheureusement dans les collectifs depuis septembre 2006. Nous avons perdu assez de temps en stratégies, règlements de compte et en tergiversations, alors que des millions d’hommes et de femmes attendent que nous nous entendions, car ils n’ont plus aucun espoir et ne croient plus ni en la droite, ni en la gauche socialiste, ni dans l’union de la gauche qui a fait une politique de droite lorsqu’elle était au gouvernement. Ils attendent une autre voie à gauche, une gauche de transformation sociale, une alternative au libéralisme qui a détruit le travail et a précarisé la moitié de l’humanité.

Si nous avions été au bout de nos idées, avec l’affirmation d’une VIème république sans chef d’Etat, nous ne serions pas là à polémiquer et à nous déchirer. Nous irions à l’essentiel : l’élection des représentants du peuple, qui aurait du être notre unique objectif et notre priorité. Nous n’avons pas perdu la guerre contre le libéralisme, juste une bataille.
Mais, à condition de répondre à ces deux questions : qu’allons-nous faire aujourd’hui pour ne pas briser cette dynamique antilibérale qui a suscité tant d’engouement et d’espoir au sein de la gauche antilibérale et parmi les couches populaires, les exclus et tous ceux qui souffrent ? Comment allons-nous nous y prendre, par exemple, pour loger ces centaines de milliers de sans-logis qui vivent le long du Canal Saint-Martin, sur la place Bellecour à Lyon, sous les ponts, dans des taudis et des squats, partout en France ?

Faisons l’impasse sur les présidentielles si nous n’arrivons pas à nous entendre, plutôt que de nous écharper et de détruire l’ESPOIR… Les communistes (et des sympathisants) voteront pour la candidate du PCF, respectons leur choix. Les majoritaires de la LCR voteront pour Olivier Besancenot. Arlette Laguiller rassemblera sa clientèle habituelle. Chaque membre des collectifs antilibéraux sera libre de se déterminer en son âme et conscience, et nous ferons les comptes après.

Sommes-nous encore capables de nous rassembler tous ensemble – sous l’étiquette du rassemblement unitaire et antilibéral uniquement – en faisant une place à chacun : partis, mouvements, organisations, sympathisants, non-encartés… sans exclusive, sans calcul et sans privilège, pour enfin commencer la campagne, celle des législatives, pour enchaîner ensuite avec les municipales, les cantonales et les européennes ? Sommes-nous assez matures et lucides pour nous rendre compte que la division c’est la perte de crédibilité du rassemblement, et sa disparition sur la scène politique et sociale pour plusieurs années ou décennies. C’est aussi le sacrifice de la planète sur l’autel du marché, et la mort de millions d’innocents, victimes d’une pandémie nommée libéralisme…

André Locussol
Collectif antilibéral Rueil Garches St Cloud

Messages

  • d’accord avec vous, sur l’essentiel et sur la nécessité de l’unité fraternelle

  • Je n’ai rien contre cette proposition mais ça me paraît compliqué et certains vont estimer que c’est de la politique fiction. Pour ma part, ça fait depuis plusieurs semaines (dès qu’on a su que Buffet serait candidate malgré l’absence de consensus) que j’imagine un scénario possible.

    Le problème de la LCR majoritaire était l’absence d’une phrase écrite disant clairement qu’il n’y aurait pas d’alliance avec le PS et donc pas de gauche plurielle 2. Et bien, écrivons le et proposons donc à Besancenot de revenir dans le mouvement de la gauche antilibérale en retirant sa candidature au profit d’une autre qui rassemblerait (Autain, Bové ou Salesse). Avec un tel geste, je pense que Bové serait prêt à revenir aussi dans le mouvement. Et si ça réussit, et que la campagne prend bien, on pourra toujours espérer que Buffet accepte de se retirer pour donner de l’ampleur et permettre de faire un bon score. Pour rester dans l’idée de l’article avec la désignation des postes à l’avance, j’avais déjà parlé de Buffet en Premier Ministre mais ça reste également de la politique fiction.

    Bon d’accord, ce n’est pas très facile à réaliser. Certains vont me dire que Buffet est la candidate et qu’il faut arrêter là-dessus. Certes, je serais ravi que nous puissions mener une campagne tous ensemble derrière Buffet mais il faut être honnête, et avec notamment la candidature maintenue de Besancenot, dans la situation actuelle nous n’avons aucune chance de peser lourd.

    Bonne année à tous,

    Henri.

    • Si effectivement une phrase nette et sans équivoque sur l’attitude vis à vis du refus de participer à un gouvernement ps avait été écrite des le début on aurait gagné du temps.
      Et le refus obstiné du pcf de l’ecrire eclaire sur ce qui s’est passé ensuite ;
      MAIS et il est gros ce "mais" les 125 propositions qui étaient déja un compromis bancal pour faire plaisir au pcf ,sont à refaire car par exemple le smic a 1500 euros bruts c’est à peine mieux que ce que propose le ps !
      C’est 1500 euros net et cela la lcr a parfaitement raison de le demander c’est réaliste et necessaire pour des millions de gens.
      l’ecart maximum des revenus aussi ,enfin plein de revendications qui sont assez sous estimées dans les 125 propositions ;
      Reprendre le programme et cett-e fois ci ,se placer du point de vue de l’urgence et pas en fonction de ce que le pcf pensait possible

  • tout a fait d’accord avec cette proposition permettant de préservé l’unitée du mouvement et donc d’avencé

    • TOUT à fait d’accord, mais, c’est la proposition que fait MG Buffet depuis plus d’une semaine, sauf qu’elle ne parle pas de poste (1er ministre, économie etc) ça fait peut être un peu ridicule non ? Effectivement c’est le seul moyen de sortir par le haut, c’est à dire sans remettre en cause le choix des collectifs locaux, qui se sont prononcés en faveur de MG Buffet. Pour la question d’un éventuel remake de la gauche plurielle, c’est clair, les communistes ne veulent pas recommencer ce qui a échoué, c’est la raison pour laquelle ils sont dans les collectifs, la LCR fait la sourde oreille, ne soyons pas aussi sectaire. AG

  • je pense que dans l’etat actuel des choses cette proposition tien la route.Elle préserve l’unitée du mouvement et donc d’avancé.Je ne suis pas communiste mais MGB a fais la preuve ,contrairement a d’autres de son honnétetée intellectuelle et politique

  • C’est une excellente proposition qui pourrait préserver l’essentiel ( le programme ) et l’avenir du mouvement anti-libéral.

    Mais que pensent, de ce scénario, les principaux acteurs ?

    J-F B

  • Le problème, c’est que cette proposition n’est plus d’actualité puisque Marie-George Buffet a annoné sa candidature ( Tribune libre de "l’Humanité des débats" du 23 décembre 2006) et que la date de sa déclaration officielle est déjà fixée.

    De toutes façons, cette idée d’un "shadow cabinet" repose sur l’illusion que la gauche antilibérale aurait pu arriver au pouvoir en 2007, alors que passer les 10% au 1er tour de la présidentielle aurait été un succès remarquable et aurait fait du mouvement antilibéral une force avec laquelle le parti au pouvoir : PS ou UMP aurait été obligé de compter.

    La réalité actuelle, c’est que la campagne de Marie-George Buffet se fera, avec le soutien des collectifs locaux qui accepteront de s’y joindre. L’autre volet de la question étant de savoir ce que feront les collectifs locaux qui ne se joindront pas à cette campagne.