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Les manifestations contre la loi Fillon ont rassemblé, samedi, plus de 50 000 personnes

Publie le lundi 4 avril 2005 par Open-Publishing
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Le ministre Fillon continue d’exaspérer les lycéens

de Marie-Noëlle Bertrand

Les manifestations contre la loi Fillon ont rassemblé, samedi, plus de 50 000 personnes aussi motivées que lors de la dernière journée d’action.

Trois manches à balais, un calicot et un essaim de lycéens autour : les élèves du lycée Albert-Camus sortent du métro, place de la République, à Paris, et passent, indifférents, entre les gardes mobiles. Après eux, un garçon, la peau noire, une casquette, est stoppé, retourné et fouillé. Il laisse faire et sourit. Ainsi s’observe la mécanique du tout ou rien. Il y a trois semaines, les forces de l’ordre regardaient sans bouger des adolescents se faire tabasser. Cette fois, les CRS traquent les jeunes isolés dont le look rappelle un peu trop la banlieue.

De l’autre côté de la place, la manifestation file déjà vers Saint-Augustin. Ceux qui ferment la marche font encore du surplace. On voit, le long de l’avenue, les ballons jaunes et bleus de la FSU et de la FCPE, les drapeaux rouges de la FERC-CGT, les deux camionnettes, roulant l’une à côté de l’autre, de l’UNL et de la FIDL. Et pléthore de banderoles qui dessinent en lettres géantes l’état d’esprit des manifestants.

sur les banderoles « Fillon abrogation ! »

Pablo-Picasso, Fontenay-sous-Bois. L’étendard est fait de poches transparentes où sont glissées des feuilles portant, recto verso, chacune un caractère. « C’est la seule banderole faite en produits pédagogiques et qui peut se lire quand on avance et quand on recule », plaisante Thierry, prof de maths. Il l’a portée pour la première fois en 2003. Elle est ressortie cette année, quand, fin janvier, un collègue vacataire voyait son contrat de 200 heures toucher à sa fin. Les profs, mais aussi les élèves, se sont mobilisés pour demander son renouvellement. « Nous n’avons pas gagné, reconnaît Thierry. Mais, dans des établissements alentour, des contrats de vacations ont été reconduits après cette histoire. » Devant lui, la FSU de l’Yonne vend des verres de chablis. Sur le trottoir, la CNT distribue des appels à ne pas travailler le lundi de Pentecôte. La sono de l’UNEF crache à plein tube les ritournelles révolutionnaires.

« Pour un service public d’éducation »

JC, Île-de-France. Le cortège est compact, la musique est à fond, et il faut hurler pour faire entendre les slogans. L’organisation occupe une place particulière dans ce mouvement. Elle est suspectée, en tant que structure politique - communiste de surcroît -, de chercher à récupérer les actions, mais aussi appréciée pour l’aide qu’elle fournit. « Les lycéens nous acceptent bien, mais nous demandent aussi de ne pas nous afficher... » explique Caroll-Ann, adhérente et en première L au lycée Jean-Jaurès de Montreuil. Quant au lien entre la loi Fillon et la constitution européenne, il paraît évident à beaucoup. « Certains disent "non" en connaissance de cause, d’autres par principe, détaille Emmanuelle. Mais l’aversion vis-à-vis des politiques actuelles est sincère. »

« Révoltés !, nos enfants savent de quoi ils parlent »

Racine, Paris. Ils ont choisi l’orange. Parce que le jaune ne va pas avec la grève, que le rouge « c’est communiste » et le noir « anarchiste ». Les élèves portent la couleur en brassard, comme l’expression d’un refus sans concession de la réforme Fillon. Ils ont préféré cela à l’occupation. « Pas assez démocratique », explique Moez. « Tout le monde ne peut pas y participer, à commencer par les terminales. Nous bloquons juste le lycée une fois par semaine, nous faisons des pétitions, et portons ce brassard », poursuivent Floriane et Elvire. Tout près, Claire et Genevieve, brassard orange aussi, défilent, drapeau FCPE en main. « Si nous sommes fières de nos enfants ? Extrêmement. Ils sont sérieux et responsables. Ils ont lu, relu et annoté le texte de loi. Ils savent de quoi ils parlent. »

« En grève ! » contre une éducation au rabais

Montebello, Lille. Ils ont un peu triché, la banderole date d’il y a quelques jours. Sept postes étaient alors menacés par la carte scolaire. « Depuis, nous en avons sauvé un, celui d’EPS », expliquent Michel, Bob et Odile, enseignants tous les trois. Mais deux postes d’allemand, un de maths et trois d’économie-gestion seront supprimés à la rentrée prochaine. Le rapport avec la loi Fillon ? « C’est la même logique comptable qui cherche à nous vendre une éducation au rabais. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-04-04/2005-04-04-459630

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