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Esbroufe
Les mesures nouvelles proposées par Nicolas   Sarkozy lors de sa 
conférence de presse ont   permis de voir les limites de sa méthode,   
tout entière fondée sur l’esbroufe.
Si le ridicule tuait, la carrière politique     de Sarkozy aurait dû 
s’achever sur le champ.     Il commence d’abord par vendre 
l’argenterie, à savoir     100 000 m2 de bureau et 500 à 600 tonnes     
d’or de la Banque de France : une goutte d’eau     dans l’océan. Il va 
autoriser, pendant un     an, aux parents et grands-parents de 
transmettre     en franchise d’impôt 20 000 euros à leur     
descendance ; mais les heureux bénéficiaires     vont-ils pour autant 
s’empresser de les dépenser     et de relancer la consommation ? Même 
question     pour la déduction d’impôts sur les     crédits à la 
consommation qui, de     surcroît, ne concerne pas la moitié non     
imposable des consommateurs, ceux justement qui     sont les plus 
dépendants du crédit à la     consommation. Cela fera un petit cadeau 
fiscal     aux acheteurs de grosses voitures, aux frais de     l’Etat, 
mais sans effet identifiable sur le volume     des achats. Les réserves 
de participation     vont être débloquées par anticipation,     et 
probablement recyclées immédiatement     par les plus hauts salaires en 
placements plus     rentables.
Bref, le ministre s’obstine dans l’erreur des baisses d’impôts.
Elles aussi étaient censées     relancer la consommation ; mais comme 
elles ont     favorisé les plus hauts revenus, elles se     sont 
traduites par un supplément d’épargne,     et donc par un moindre 
dynamisme de l’activité.     Il y aurait pourtant un moyen simple et 
garanti     de relancer la consommation, qui serait d’augmenter     les 
minima sociaux et les plus bas salaires, car     ceux-ci seraient 
immédiatement consommés.     Rien ne sert d’ouvrir les magasins le 
dimanche     si le pouvoir d’achat de ceux qui s’y rendent (au     
détriment des conditions de travail dans     le commerce) ont un 
pouvoir d’achat aussi faible     qu’avant.
Cette poudre aux yeux tient plus de la stratégie     médiatique que de 
la définition d’une     politique économique, qui se trouve ailleurs,   
   dans la réaffirmation des orientations néolibérales.     Sarkozy a 
ainsi confirmé le projet de privatisation     partielle d’Alstom et de 
deux nouvelles sociétés     autoroutières (Sanef et SAPRR) ; il ne 
remplacera     les départs de fonctionnaires à la     retraite qu’à 
concurrence d’un sur deux.     De manière tout aussi significative, 
Sarkozy     a réaffirmé son respect des contraintes     budgétaires 
européennes et relancé l’attaque     contre les 35 heures, qualifiées 
de "contresens économique".
Il fait enfin miroiter la perspective de nouveaux     cadeaux aux 
patrons, sous forme d’une franchise     fiscale censée favoriser la 
constitution     de "pôles de compétitivité" industriels.     Mais il 
est pour une fois dépassé dans     le cynisme et la démagogie par 
Raffarin     qui voudrait, ni plus ni moins, transformer l’Etat     en 
paradis fiscal. Une "amnistie" permettrait     aux capitaux sortis 
illégalement de se faire     blanchir, moyennant une modeste 
commission. Ces     propositions ne suffiront pas à regagner     la 
"confiance". Elles permettent au moins     de mesurer le désarroi de ce 
gouvernement,   et l’urgence de le faire déguerpir.
Michel Husson
Rouge




