Accueil > Les oiseaux sont-ils des augures ?
Les oiseaux témoignent de l’impact, parfois complexe et inattendu, de l’homme sur la planète.
Ouest-France du 22/05/06 consacre un article à la régression de certaines populations d’oiseaux.
baisse de 15 % pour les moineaux parisiens depuis le début des années 1990
diminution estimée à 89 % ( !) des hirondelles de fenêtre entre 1989 et 2002, en France
régression des martinets, mésanges nonnettes, rossignols, et autres linottes mélodieuses
passereau quasiment disparu, en Grande-Bretagne, en une quinzaine d’années.
Ouest-France se fait écho des explications de Bruno Bargain, directeur scientifique de Bretagne vivante : « Pour le naturaliste, les oiseaux vont bien quand le vivre et le couvert sont assurés. Or, il y a crise du logement et de la nourriture, à la ville, comme à la campagne. L’agriculture intensive utilise des pesticides qui provoquent la disparition des moucherons dont se nourrissent bon nombre d’oiseaux. Il y a moins de basses-cours, et donc moins de graines. Les prairies humides sont abandonnées. En ville, l’accès aux déchets est rendu plus difficile avec les poubelles fermées. Quant aux nouvelles plantes exotiques, elles sont davantage fleuries, mais leurs graines ne conviennent pas à nos oiseaux. »
Certaines espèces sont épargnées, cependant. Merles, geais, pies ou encore corneilles noires semblent bien résister. « Ces espèces s’adaptent à des milieux appauvris et simplifiés. Elles tirent leur épingle du jeu grâce aux jardins, haies et fourrés, coulées vertes et autres petits vallons humides préservés, » explique Bruno Bargain.
Mais dans l’ensemble la situation ne semble pas bonne. Une impression confirmée par la lecture d’un article du Time intitulé "Bye bye birdies" qui mentionne une baisse de près de 50% au cours des 30 dernières années, constatée tant par les études radar des migrations annuelles que par les associations.
Cette régression, selon le Times, pourrait s’expliquer en partie par le changement climatique. Le journal cite, à l’appui de cette thèse, le cas du gobemouche noir, dont la population a diminué de 90% en 20 ans aux Pays-Bas.
Ces oiseaux agiles et acrobatiques passent l’hiver en Afrique de l’Ouest et retournent aux Pays-Bas au printemps pour y pondre leurs oeufs. Quand les poussins naissent, les parents les nourrissent principalement de chenilles. La périodicité de la migration des gobemouches noirs a évolué au fil des milliers d’années pour coïncider avec une période suivant d’à peu près trois semaines la floraison des plantes hollandaises, pendant laquelle les chenilles sont particulièrement abondantes.
Mais avec les températures moyennes plus élevées, les plantes de certaines régions des Pays-Bas fleurissent désormais 15 jours plus tôt. Les oiseaux d’Afrique de l’ouest ne le savent pas et ils continuent de migrer plus ou moins à la même date. Et bien que le printemps précoce qu’ils trouvent dans le nord les amènent à poser leurs oeufs un peu plus tôt, ils voient encore leurs petits naître environ une semaine après la pleine saison des chenilles. Pas assez de nourriture, des oiseaux qui meurent, une population qui diminue.
« Il nous semble que c’est la première fois qu’on démontre vraiment qu’une réaction insuffisante au changement climatique peut amener le déclin d’une population, » explique Christian Both de l’Institut d’Ecologie des Pays-Bas, l’un des auteurs de l’étude.
cf citron vert